La fille du « guide » de Poutine tuée par l’explosion de sa voiture

Daria Douguine revenait d’un festival quand sa voiture a explosé dans la banlieue de Moscou. Alexandre Douguine devait se trouver dans le véhicule avec sa fille avant de changer d’avis au dernier moment.

La journaliste et politologue Daria Douguine, fille d’un idéologue ultranationaliste proche de Vladimir Poutine, Alexandre Douguine, a été tuée samedi dans la banlieue de Moscou dans l’explosion de son véhicule, rapporte l’agence de presse officielle russe TASS ce dimanche.

« Selon les enquêteurs, le 20 août vers 21h00 (heure locale) dans le district Odintsovo près du village de Bolshiye Vyazemy, un engin explosif, vraisemblablement installé sur une Toyota Land Cruiser, a explosé sur la voie publique et la voiture a pris feu. La conductrice est morte sur place. Nous avons établi l’identité de la défunte: il s’agit de la journaliste et politologue Daria Douguine », indique le service de presse du Comité d’enquête russe de la région de Moscou sur Telegram.

Selon les premiers éléments communiqués par l’agence TASS, Alexandre Douguine devait se trouver dans le véhicule, qui lui appartenait, avec sa fille, mais a changé d’avis au dernier moment.

 

La jeune femme, née en 1992, revenait du festival « Traditsiya », organisé à Zakharovo, quand sa voiture a explosé à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de la capitale russe.

La fille d’un ultranationaliste favorable à l’annexion de l’Ukraine

Selon des proches de la famille, cités par les agences de presse russes, c’est Alexandre Douguine qui était visé par l’explosion, Daria ayant emprunté la voiture de son père.

Promoteur de la doctrine « eurasiste », une sorte d’alliance entre l’Europe et l’Asie sous direction russe, Alexandre Douguine, qui influence une partie de l’extrême droite française, est visé depuis 2014 par les sanctions de l’Union européenne prises dans la foulée de l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie.

Ces dernières années, l’Ukraine a interdit plusieurs de ses ouvrages, notamment « Ukraine. Ma guerre. Journal géopolitique » et « Revanche eurasiatique de la Russie ».

« Ce n’est pas la fille d’Alexandre Douguine qui était visée en tant que tel, mais le penseur d’un projet géopolitique dans son ensemble », estime sur notre antenne David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’IRIS.

Daria Douguine, elle aussi favorable à l’annexion de l’Ukraine à la Russie, avait défendu des thèses proches de celles de son père sur les chaînes officielles russes, après le début de l’invasion russe.

Plusieurs pistes

Pour Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences-Po et à l’INALCO, les premiers éléments semblent indiquer qu’il s’agit d’un « attentat », estime-t-il sur BFMTV.

En plein conflit entre Moscou et Kiev, « certains soupçonnent les Ukrainiens, mais c’est encore trop tôt pour le dire », met en garde l’enseignant.

Il évoque également la possibilité d’une attaque menée par des « opposants internes au régime » russe, hostiles à la guerre en Ukraine. « C’est une hypothèse qu’il ne faut pas négliger », estime-t-il.

Le dirigeant de la République populaire de Donetsk (DNR), autoproclamée par les séparatistes prorusses dans l’Est de l’Ukraine, Denis Pouchiline a accusé ce dimanche les forces ukrainiennes d’être derrière l’assassinat de Daria Douguina.

Une enquête ouverte pour meurtre

L’attaque pourrait avoir des répercussions en Russie, selon l’expert qui rappelle que l’invasion de l’Ukraine est de plus en plus remise en cause au sein de la population russe.