Algérie, l’irrésistible ascension du général Mohamed Kaidi

Le général Mohamed Kaidi a été nommé, par décret présidentiel du 26 mars, chef du « département emploi-préparation », socle opérationnel du renseignement au niveau du ministère de la Défense. Sur fond de subtils jeux d’alliances au sein du sérail militaire.

Le poste prestigieux à la tète du département « de préparation et d’emploi » rattaché au ministère de la Défense, était créé par Gaid Salah en novembre 2019 alors qu’il était encore le patron tout puissant du pays. Ces fonctions stratégiques coiffent aussi bien les services de l’ex DRS (contre espionnage, direction sécurité extérieure) que la sécurité de l’armée (DCSA), réunissant ainsi les deux branches du renseignement civile et militaire. La mission consiste en la supervision, la coordination et la préparation des actions de toutes les forces ariennes et navales, ainsi qu’une représentation de l’Algérie dans les importantes réunions internationales.Le titulaire est sous la tutelle directe du chef d’état-major général de l’Armée, au coeur du pouvoir réel .

Le réel pouvoir en Algérie est dans les mains des généraux majors et non du Président Tebboune, élu avec un taux d’abstention record et soutenu par Gaïd Salah, alors chef d’état major mais aujourd’hui décédé

La nomination de ce coordonnateur a été officiellement obtenue par un décret du président Tebboune, de pure forme. La décision est actée en fait par la seule volonté du conclave de hauts gradés qui dirigent collectivement l’Algérie.

Un long parcours d’obstacles

Trop isolé, le général Mohamed Bechar, nommé à ce poste exposé en novembre 2019 par le président intérimaire Abdelkader Bensalah, alors que Gaîd Salah, aujourd’hui décédé, était seul maitre à bord, a demandé de se retirer après la disparition de son mentor. Un décret présidentiel vient de le remplacer par le général Kaidi qui devient ainsi un homme clé au sein des forces armées.

Sans être un perdreau de l’année, le général Kaidi est nettementplus jeune que la plupart de ses pairs au sein du ministère de la Défense algérien

Voici un an, le général Kaidi s’était vu confier par Gaïd Salah la mission de coordonner l’ensemble des services de sécurité ( à l’exception du renseignement militaire), en remplacement du général Athmane Tartag, l’exécutant fidèle du clan Bouteflika aujourd’hui en prison.

Passant pour un proche du très actif patron du contre espionnage, le général Bouazza, et du responsable des transmissions au sein du ministère de la Défense, le général Lachkham, le nouveau promu n’a guère une image consensuelle.. S’il s’est vu attribuer un tel poste au au niveau du ministère de la Défense, c’est au terme de longues négociations au sein de l’armée. Il aura fallu l’accord formel de l’actuel chef d’état major par « intérim », Saïd Bengriha, encore en sursis et qui n’a pas hérité, contrairement à son prédécesseur, Gaïd Salah, des fonctions de vice ministre de la Défense.

« L’intérim », plus pour longtemps

La nomination du général Kaidi est-elle un signe fort d’un consensus renforcé au sein de l’armée? Et le prélude à la confirmation prochaine dans ses fonctions de l’actuel Chef d’état Major, Saïd Chengriha, qui pourrait ne plus être un simple « intérimaire »? Ou alors à l’inverse, la promotion de Kaidi, un jeune général sans états d’âme, annonce-t-elle l’éviction de Chengriha?

Une question essentielle reste en suspens. On ne sait pas si le nouveau promu cumulera ses nouvelles fonctions avec ses anciennes prérogatives de coordinateur des services. Si tel est le cas, la nomination du général Kaidi annonce une véritable restructuration à la tète des forces sécuritaires où l’ensemble des services algériens sont désormais sous la férule de l’Etat-Major.

L’ascension d’un Kaidi au sein du monde du renseignement d’où il n’est pas originaire, ne fera pas que des heureux chez ses anciens amis, notamment le très ambitieux général Lachkham, le patron des transmission du ministère de la Défense qui devient ainsi son subalterne.

Une certitude, la redistribution des cartes s’accélère au sein d’une institution militaire, gage de la pérennité de l’Etat, qui n’apprécie guère d’être dirigée par un simple « intérimaire »