Le Liban privé d’électricité et de médicaments

Il existe deux taux de change au Liban 1 507 Livres Libanaises (LL) pour un dollar est le taux officiel, pratiquement en vigueur depuis les années 90. C’est à ce prix que les gens paient le plein de leur voiture et leur électricité jusqu’à maintenant. Tandis que le dollar s’échange sur le marché parallèle- qui détermine la valeur réelle de la devise – à 19 600 Livres Libanaises. C’est l’Etat qui subventionne pour le moment la différence, mais comme il est à court d’argent, il limite les achats de produits de première nécessité bien en-dessous des besoins minimaux du pays.
Et la situation empire rapidement. Il n’y a pratiquement plus d’électricité fournie par EDL, Electricité du Liban, les coupures, selon les régions, durent en moyenne huit heures par jour, dix dans le Sud.  Les gens achètent le courant à des propriétaires de générateurs privés, qui bénéficient eux aussi des mêmes subsides publics pour se procurer du mazout. On peut choisir de s’ « abonner » chez ces fournisseurs à un approvisionnement allant de 5 ampères à 15 ampères dans la plupart des cas. 0 dix ampères, il est impossible de faire fonctionner simultanément la climatisation et la machine à laver le linge.
Les propriétaires de générateurs privés du Sud (Sidon) et du Nord (Tripoli) ont annoncé hier que leurs cuves étaient vides, et que dans quelques heures ils ne pourraient plus fournir d’électricité.  Et encore s’agiy-il  d’électricité payée 1 507 Livres Libanaises  le dollar, un taux qui ne représente strictement rien. Lorsque les caisses de l’Etat seront totalement vides, et ce sera dans quelques jours, les Libanais devront la payer à raison de 19 600 LL pour un dollar. A ce prix, seuls deux pour cent des libanais disposeront encore de courant.
C’est terriblement préoccupant, mais le plus grave est assurément que les hôpitaux ne seront plus fournis. « Ce qui est un scénario de fin du monde », prévient le président du syndicat des propriétaires d’hôpitaux privés, Sleimane Haroun lors d’un entretien qu’il a accordé à la chaîne de télévision al-Hourra [ara.: la libre]. « Si l’électricité s’arrête, qu’adviendra-t-il des patients en soins intensifs ? », a demandé Haroun, « de ceux sous respirateurs artificiels ? de ceux qui font des dialyses, des salles d’opération ? ».
IPlusieurs patients étant déjà décédés du fait des coupures de courant dans les hôpitaux, notamment des enfants, ou de la pénurie de médicaments.  Car les pharmacies sont désespérément vides, et les produits qui leur restent sont vendu à un prix que les Libanais n’ont plus la capacité de payer. Hier, des manifestants on pris d’assaut et pillé une pharmacie du quartier de Tarik Jdidé, en plein centre de Beyrouth.  C’est le résultat d’une réduction drastique des subsides de l’Etat sur les médicaments. Les pharmaciens ne sont plus livrés, et les Libanais qui le peuvent doivent se procurer des médicaments à leur valeur réelle, sur la base de 19 600 Livres Libanaises pour un dollar

80 dollars mensuels pour un professeur d’université

Il manque un élément clé pour saisir l’ampleur de la détresse des citoyens libanais : le salaire minimum. Il s’élève à 675 000 LL par mois, soit moins de 40 dollars. Un professeur d’université, avec sa femme et ses deux enfants, vit sur son salaire de 80 dollars mensuels et sur le salaire minimum de son épouse, soit environ 120 dollars au total. Laquelle, une infirmière diplômée, cheffe de service dans l’un des plus grands hôpitaux beyrouthins, fait les poubelles.
Je parle ici de bourgeois éduqués, relativement « chanceux », qui habitent l’un des quartiers d’immeubles les plus huppés de la capitale. Cela ne reflète pas la situation moyenne de nos concitoyens, dont cinquante pour cent sont au chômage.