La guerre mémorielle franco-algérienne plus vive que jamais

Malgré les efforts d’Emmanuel Macron qui reconnait la mort sous la torture en 1957 de l’avocat algérien du FLN Ali Boumendjel, l’Algérie n’est guère convaincue par les efforts des autorités françaises pour assumer le passé colonial

https://www.france24.com/fr/afrique/20210302-guerre-d-alg%C3%A9rie-ali-boumendjel-a-%C3%A9t%C3%A9-tortur%C3%A9-et-assassin%C3%A9-par-l-arm%C3%A9e-fran%C3%A7aise-admet-l-%C3%A9lys%C3%A9e

Dans la foulée du rapport de Benjamin Stora, Emmanuel Macron a reconnu, mardi 2 mars, « au nom de la France », que l’avocat nationaliste algérien Ali Boumendjel a bien été « torturé puis assassiné » le 23 mars 1957, au plus fort de la bataille d’Alger, après avoir été « arrêté par l’armée française » et « placé au secret ».

Le chef de l’Etat a reçu à l’Elysée quatre petits-enfants d’Ali Boumendjel pour leur délivrer ce message que « Malika Boumendjel [la veuve d’Ali, décédée en 2020] aurait voulu entendre », selon les termes du communiqué de la présidence de la République.

A quand des excuses?

Dans leur très grande majorité, les Algériens ne sont pas convaincus par les petits pas de la France sur la voie de la reconnaissance des crimes commis pendant la guerre de libération. Beaucoup à Alger réclament que la France présente ses excuses pour la répression sanglante que fut la sienne pendant la guerre d’Algérie, ce que le rapport Stora a refusé d’envisager. La mort sous la torture d’un avocat du FLN est, toujours selon l’opinion publiuqe algérienne, l’arbre qui cache la forêt: les éxactions de l’OAS, les fusillades de Sétif, les victimes des essais nucléaires et jusqu’à la résidence surveillée à Amboise de l’Émir Abdelkader, héros de la guerre de résistance au colonialisme.

Une proposition plus audacieuse serait la création d’une commission mixte qui se chargerait d’établir la liste des crimes commis par le colonisateur français; Encre faudrait-il que cette instance ait un accès aux archives militaires, ce que les autorités française ne sont pas apparemment prêtes à admettre.

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)

4 Commentaires

  1. La France a commis tellement de crimes odieus depuis 1830,à spolié l’Algérie depuis le vol du trésor du De y d’Alger,des matières premières aux effets nocifs des essais nucléaires Et aujourd’hui elle reconnaît un crime de qui se moque-t-on ?

  2. Indirectement, « … les petits pas de la France … » sont des petits coup de pousse au système militaire algérien qui l’a aidé à faire ses essais nucléaires dans le désert algérien.

  3. Ils n’ont qu’à rembourser les dettes du blé impayées depuis 1830 et les intérêts qui y vont avec. Le Trésor de la Casbah volé, le canon Baba Mezouk confisqué, les tonnes de divers minerais jamais payés … Nettoyer le Sahara de toute radioactivité etc. Qu’on ne nous parle des bienfaits de la colonisation.

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