La formidable popularité de l’héritière du régime Ben Ali

Un récent sondage de Sygma Conseil montre une véritable nostalgie dans l’opinion publique tunisienne du régime de l’ex président Ben Ali, qui devait quitter le pouvoir il y a dix ans

En guerre ouverte contre le courant religieux et son port parole Rached Ghannouchi, Abir Moussi, la présidente du Parti Destourien Libre (PDL) qui se présente comme l’héritière du régime Ben Ali, serait en tête des intentions de vote dans l’hypothèse où un scrutin législatif aurait lieu en Tunisie. Avec 43.6%, le PDL devance son “ennemi” préféré, Rached Ghannnouchi qui n’obtiendrait que 7% des voix. Premier parti en Tunisie lors des dernières élections législatives, Ennahdha semble avoir vu son poids politique s’éroder au fil des années.

L’usure du pouvoir? Sans doute pour un mouvement qui participe au pouvoir de façon quasi permanente  depuis le départ de Ben Ali en 2011. La crise économique et l’épidémie de Covid ont plongé en effet le pays dans un total désarroi dont les islamistes, médiocres gestionnaires mais piètres réformateurs, font les frais..

Il faut considérer ces résultats avec prudence. Les sondages sont une pratique récente en Tunisie. Le patron de Sygma Conseil qui est l’auteur de cette étude a montré par le passé des sympathies politiques pour les personnalits les plus hostiles au courant islamiste. 

Un pays conservateur

La chute de popularité des islamises se traduit aussi par ses intentions de vote en faveur de l’actuel président de la République Kaïs Saïed, qui s’élèvent à 53.3%, alors qu’il est en guerre ouverte contre la mouvance islamiste. De façon surprenante, Abir Moussi n’obtiendrait que 7,1%des suffrages lors d’un tel scrutin. Le résultat de l’héritière de Ben Ali, si différent du score qu’elle pourrait obtenu aux législatives, s’explique sans doute par la difficulté pour beaucoup de Tunisiens à voter pour une femme au poste suprême.

Le paradoxe, le voici: la société tunisienne est de plus en plus marquée par une culture musulmane conservatrice même si le pays ne fait plus confiance au mouvement porteur des valeurs religieuses

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)

2 Commentaires

  1. « … beaucoup de Tunisiens à voter pour une femme au poste suprême… » Cela reste valable même pour la plupart des occidentaux y compris le pays de l’oncle Sam. Hormis l’Angleterre, l’Ukraine, l’Allemagne et (?), aucune femme n’est arrivée à occuper le fauteuil. Donc, la mentalité reste la même quelle que soit la langue avec laquelle on conjugue. En ce sens même la langue Française est misogyne autrement dit : Tout ce qui est mauvais est féminisé et on peut citer, entre autres, la guerre, la maladie, la peste, la pauvreté, la malédiction, la merde, la crise, l’hypocrisie, etc. la liste est longue même très longue … Cependant un hic subsiste : Le vagin … Victor Hugo devrait renaître de ses cendres.

  2. Nicolas Beau toujours à coté de la plaque avec des analyse fausses, bâclées, simplistes et médiocre. non la société tunisienne n’est pas de plus en plus marquée par une culture musulmane conservatrice. Kais Saied reste extrêmement populaire voila tout. Les tunisiens on intégré dans leur logicielle le régime parlementaire. Kais Saied n’a pas de parti et il reste populaire par sa proximité avec le peuple, sa simplicité, sa rigueur, son intégrité et son honnêteté. Pour l’instant Kais Saied reste plus rassurant alors que Abir Moussi est encore trop clivante avec une posture d’opposante agressive. A mesure que le temps va passer, Kais Saied voir sa popularité de moins en moins insolente et Abir Moussi va prendre de plus en plus prendre une posture de présidentiable.

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