Jean Yves le Drian, porte-parole du président Tebboune au Sénat

La présidente du groupe socialiste, écologiste et républicain, Laurence Rossignol, a interrogé le ministre des affaires étrangères Jean Yves Le Drian, sur le rôle de la France contre les violations des libertés fondamentales en Algérie contre les « citoyens, journalistes, avocats ». L’occasion pour ce dernier de botter en touche en rerenant l’argumentaire du président algérien !

Le Président Tebboune, vitrine légale du pouvoir militaire algérien

Le chef du Quai d’Orsay ne répond pas sur le fond de la question de la sénatrice Laurence Rossignol, mais évoque de façon surprenante la « volonté des autorités algériennes d’exprimer l’ambition de réformer le pays en profondeur dans un esprit de dialogue et d’ouverture qui correspondent aux attentes exprimées dans le Hirak de manière pacifique et avec dignité par les algériens ». Le ministre balaie d’une main en un gant de velours les exactions, les condamnations excessives par une justice aux ordres, le musellement de l’information.

Étrangement, c’est la doxa utilisée par le président Tebboune. Le 1 mars 2021 lors d’un entretien à la télévision algérienne, le président Algérien évoquait « les revendications du Hirak populaire authentique qi ont été satisfaites pour la plupart ». Y-at-il une différence entre les éléments de langage du président algérien et ceux du chef du Quai d’Orsay? Nullement. 

A la fin de sa plaidoirie, le ministre Français se dévoile encore un epu plus. « Je trouve le moment de votre question singulière » dixit Le Drian. La phrase est lâchée dans un silence de cathédrale juste à la fin de son intervention. Le patron du Quai d’Orsay laisse entendre que la situation algérienne se serait améliorée et que la sénatrice, malgré cela,  chercherait à jeter le trouble. Le ministre français, pourtant bien informé de la situation dans le pays, n’évoque pas les violations aux droits humains, ni la vague d’arrestations déployées à grande échelle.

Les non-dits de Le Drian

L’élimination du président tchadien et le récent coup d’Etat au Mali affaiblissent la position française dans la bande sahélo sahélienne. Le besoin du soutien militaire algérien devient de plus en plus solennel pour Paris. La coordination Russo Turque en Syrie, Libye et au Sahel inquiète Paris. Celle-ci voit son influence subir un recul significatif. La lutte antiterroriste au sein des forces du G5 est affectée par le retrait des 1200 soldats tchadiens. L’interprétation de la phrase du Ministre en réponse à la sénatrice Laurence Rossignol « Le moment de votre question est singulière » en dit long sur le besoin d’inclure les forces de l’armée algérienne à sa stratégie de maintenir son influence dans la région.

L’armée représentée par Chengriha est aux antipodes des positions de son prédécesseur Gaid Salah. L’ANP montre les prédispositions aux concessions tant qu’on lui apporte un soutien extérieur au sein de l’UE et sur d’autres scènes internationales.

La période post législative est porteuse d’un réchauffement diplomatique mais aussi économique pour la France avec l’Algérie. La relance du fameux comité interministériel de haut niveau est un signe de garantie d’une politique de coordination à tous les niveaux. La prochaine visite du premier ministre Jean Castex à Alger serait le point de départ d’une nouvelle phase de coopération où le seul gagnant serait les multinationales françaises en net recul devant les turcs, italiens, allemands.

 

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