Élection Assad, des violentes chicayas à Beyrouth entre Libanais et Syriens

L’opposition libanaise perçoit comme un acte de provocation les convois de partisans de Bachar el-Assad vivant à Beyrouth se rendant à l’ambassade de Syrie pour participer à l’élection présidentielle. D’où de violentes bagarres dans les rues de la capitale libanaise

Une vive tension était perceptible, jeudi 20 mai, dans certaines régions du Liban entre Libanais et Syriens du fait d’escarmouches survenues entre les deux parties dans le sillage de l’élection présidentielle organisée à l’ambassade de Syrie, dans la banlieue de Beyrouth, en vue de la réélection de Bachar el-Assad à la tête de l’Etat syrien.

Plusieurs milliers de Syriens travaillant ou ayant trouvé refuge au Liban à la suite de la guerre dans leur pays se sont ainsi dirigés dès le début de la matinée vers le siège de leur ambassade afin de participer au vote. Nombre d’entre eux, brandissant des drapeaux nationaux et des grands portraits de Bachar el-Assad, ont organisé des convois motorisés, diffusant des chants patriotiques et traversant des régions sensibles chrétiennes et sunnites. Les convois ont été aussitôt interceptés par une foule de jeunes qui ont saccagé les véhicules, déchirant les drapeaux et les portraits et arrachant les haut-parleurs diffusant la musique.

Des actes de provocation 

Des échauffourées ont éclaté, faisant une dizaine de blessés à la sortie nord chrétienne de Beyrouth. La tension s’est maintenue jusqu’en fin de journée, les escarmouches s’étant renouvelées dans la banlieue nord de Beyrouth ainsi qu’à la périphérie de Tripoli, bastion sunnite au nord du pays. 

Les convois syriens ont été perçus comme des actes de provocation par plusieurs formations et personnalités politiques, notamment les partis chrétiens (les Forces libanaises, les Kataëb et le Parti national libéral), les anciens députés Nadim Gemayel et Michel Moawad – dont les pères respectifs les présidents Béchir Gemayel et René Moawad ont été assassinés par le régime syrien – ainsi que les partisans de l’ancien Premier ministre sunnite Rafic Hariri dont l’assassinat en février 2005 est attribué également au régime syrien.

De vieilles haines 

Sur les réseaux sociaux, les partisans de ces formations et personnalités de l’opposition anti-Assad et anti-iranienne ont souligné que ceux qui ont exprimé, jeudi, leur soutien enthousiaste à Bachar el-Assad en allant voter ont perdu leur statut de réfugié politique ayant fui le régime syrien durant la guerre. Résultat: ils devraient, toujours selon ces citoyens libanais, retourner dans leur pays. 

Les incidents de ce jeudi 20 s’inscrivent dans le prolongement d’un lourd contentieux opposant le régime syrien aux composantes chrétienne, sunnite et druze du pays. Les partisans de la principale formation sunnite, le Courant du futur, accusent ainsi le régime Assad d’avoir commandité l’assassinat de Rafic Hariri, de même que les partisans du parti druze, le Parti socialiste progressiste, attribuent au pouvoir en place à Damas l’assassinat de leur leader Kamal Joumblatt, à la fin des années 70. Enfin, l’armée syrienne a livré bataille aux partis chrétiens à la fin des années 70 et au début des années 80 dans plusieurs régions du pays. L’ensemble de ces vieux contentieux explique le profond ressentiment à l’égard du régime syrien depuis les années 70 du siècle dernier.    

 

    

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