Ali Bongo, le nomadisme médical

Réputé proche de la présidence gabonaise pour laquelle il est censé faire de la communication d’influence, l’hebdomadaire Jeune Afrique a confirmé, ce 15 Avril, qu’Ali Bongo serait en exil sanitaire à Londres. Un article de David Makoumba Dissumba

Ali et Sylvia Bongo, à l’arrivée du président de la République à Libreville, le 23 mars 2019. © facebook/PresidenceGabon

On le sait malade malgré le novlangue de son entourage, notamment le Premier ministre qui le disait, le 8 avril dernier face à la presse, «bien portant. Très bien portant» depuis son retour de Rabat, le 23 mars 2019. Officiellement présent à Libreville ainsi que l’ont prouvé quelques audiences filmées puis scrutées et néanmoins mis en doute par une frange de l’opinion, Ali Bongo aurait été, une nouvelle fois, sanitairement évacué en Europe, selon une rumeur persistante. Celle-ci l’a d’abord annoncé à Malaga en Espagne, puis à Londres en Angleterre. Régulier des sources du palais du bord de mer, Jeune Afrique vient confirmer la dernière hypothèse.

Sablière, Franceville, Londres, Malaga, etc.

 «Libreville, le 4 avril à 13h04. Un avion décolle de laéroport Léon-Mba. Destination: Stansted, près de Londres, où il atterrit à 20h32. Selon nos sources, cet appareil, immatriculé P4 BBJ, est bien celui de la flotte présidentielle, attribué à Sylvia Bongo Ondimba, la première dame», écrit Jeune Afrique sans affirmer si l’aéronef comptait également Ali Bongo comme passager. S’il n’y a rien d’étonnant à ce que Sylvia Bongo, réputée résidente de Londres, y atterrisse, le journal, que l’on sait proche du palais du bord de mer, affirme par ailleurs qu’Ali Bongo «avait d’abord prévu de faire un court séjour dans le Haut-Ogooué, pour y recevoir des soins rituels. Il devait s’y rendre depuis Libreville le 5 avril. Une délégation avait été constituée à cet effet. Une partie d’entre elle avait même pris la direction de Franceville afin de préparer l’arrivée du chef de l’État. Mais le voyage, qu’organisait Cyriaque Andjoua, le Conseiller spécial chargé de la sécurité du président, a été annulé».

En tout cas, l’absence du chef de l’Etat à Libreville est confirmée par la levée du dispositif sécuritaire de la Garde républicaine (GR) sur son trajet quotidien, Sablière-Palais Rénovation-Sablière. De même, visibles uniquement quand le président est en voyage, les rondes pédestre et véhiculées de la GR dans les artères voisines du palais présidentiel ont repris.

Rabat, Ryad, Amsterdam

Il reste que les rumeurs et hypothèses concernant une évacuation en Espagne ou en Angleterre sont contestées par ceux qui pensent que les cachottiers de l’état de santé d’Ali Bongo ne peuvent se risquer dans des pays garantissant, à une presse libre, l’accès à l’information, au risque de voir jeté sur la place publique l’état réel de santé d’Ali Bongo. C’est à cet effet que nombreux pensent qu’Ali Bongo pourrait être reparti, en catimini, au Maroc et pourquoi pas en Arabie saoudite où se sont déclenchés ses déboires sanitaires. Ce qui ne serait qu’un retour au pays de sa première prise en soins au King Faysal Hospital de Riyad, de bonne réputation mondiale. Dans le même sens, une autre rumeur enfle actuellement. Apparue la semaine dernière et notamment entendue lors des causeries organisées par les membres de l’«Appel à agir», elle indique plutôt qu’Ali Bongo a été évacué à Amsterdam en Hollande. Les tenants de cette piste, forts de la ritournelle sur les sources sûres qu’on ne saurait dévoiler, indiquent que les Pays-Bas sont plus discrets que tous les autres pays cités en Europe. Ali Bongo peut y passer incognito. La Hollande n’a pas de communauté gabonaise pouvant causer des perturbations telles que celles notées ailleurs en Europe et Amérique avec les «Résistants» et autres «Panthères du Gabon».

S’il ne s’agit, dans tout ce qui précède, que d’une panoplie de rumeurs, même venant de Jeune Afrique, soupçonné d’une mission de désorientation de l’opinion gabonaise, il reste que «la rumeur est le marché noir de l’information». Or, dans le marché noir, on ne trouve pas que du toc. Il y a quelque part, parmi toutes ces destinations, ne fut-ce qu’une once de vérité. Pourquoi donc la communication autour du président est-elle aussi verrouillée et opaque ? «Il n’y a pas de fumée sans feu», dit l’adage.

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