Cisjordanie, la violence voit l’Autorité Palestinienne affaiblie au profit des islamistes

Les mouvements islamistes du Hamas et du Jihad Islamique, au pouvoir à Gaza, noyautent la Cisjordanie, un territoire contrôlé théoriquement par une Autorité Palestinienne affaiblie, et affrontent les forces israéliennes qui ont lancé l’opération « Breaking the Wave » (« Brise la vague »)

Un article d’Yves Mamou

Voici désormais le Hamas et le Jihad islamique assez puissants pour inciter la population à s’en prendre ouvertement et violemment aux forces de sécurité de l’Autorité Palestinienne. Parallèlement, les services de sécurité israéliens s’efforcent, nuit après nuit, de casser l’infiltration de la Cisjordanie par les forces islamistes. Reste à Mahmoud Abbas, le chef de l’autorité palestinienne, de se rendre à l’Assemblée générale de l’ONU à New York pour réclamer la création d’un Etat Palestinien dont il serait le président. Mardi 20 septembre, les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne ont affronté des groupes armés palestiniens et des gangs de jeunes Palestiniens armés de pierres à Naplouse (170 000 habitants).

A Naplouse, des dizaines de vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des groupes d’individus en train de jeter des pierres sur les jeeps des services de sécurité de l’Autorité palestinienne. Dans d’autres vidéos, on entend des coups de feu résonner sur les collines de Naplouse.

La violence a éclaté après l’arrestation par l’Autorité palestinienne de deux militants du Hamas, dont un responsable de la direction du groupe à Naplouse. Le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, n’est plus combattu seulement en Cisjordanie par Israël, mais aussi par l’Autorité palestinienne, contestée de facto par une partie de la population.

Les services israéliens en alerte

Dans des dizaines de villes de Cisjordanie sous contrôle (de principe) de l’Autorité Palestinienne, les militaires israéliens ont pour but de démanteler les cellules combattantes que le mouvement islamiste Hamas et le Jihad Islamique Palestinien, tous deux au pouvoir à Gaza, ont réussi à monter sur l’ensemble du territoire sous l’autorité théorique de l’Autorité Palestinienne par les Accords d’Oslo.

Pas une semaine ne s’achève sans que des commandos israéliens n’aient lancé un raid nocturne sur Jenine et Naplouse, deux villes de Cisjordanie essentiellement peuplées de Palestiniens. Des localités plus petites comme Dora, Samua, Hebron… sont aussi destinataires de ces visites musclées. Le 14 septembre, sept Palestiniens ont été arrêtés et des armes confisquées à Azaria, Einbus, Elkhader… Le 8 septembre, 11 personnes ont été arrêtées à Bidou, Kalandiya et Ramallah. Le 24 aout, 14 arrestations ont eu lieu à Beit Sahour, Al-Mazra’a al-Qibliya, Silwad, Jayus, et Hebron…

Ces opérations nocturnes font partie d’une campagne que le Shin Bet, le service de sécurité intérieur israélien, a baptisé du nom de « Breaking the Wave » (« Brise la vague »). Comme son nom l’indique, il s’agit d’endiguer et si possible de casser la présence militaire du Hamas dans les territoires sous contrôle de l’Autorité Palestinienne.

 « Breaking The Wave » a démarré après une série d’attaques palestiniennes qui ont tué 19 personnes en Israël entre mars et mai 2022. Nombre de terroristes tués à cette occasion étaient originaires de Jenine ou le Jihad Islamique Palestinien semble être solidement implanté.

Les miliciens qui ont mené ces attaques sont généralement armés et financés par le Jihad Islamique ou le Hamas. Mais ils se présentent souvent comme des mouvements autonomes et portent des noms comme les « Brigades de Jénine », ou les « Brigades de Naplouse », ou la « Brigade Tubas ».

Les chefs militaires du Jihad abattus

La guerre qui a eu lieu en août dernier, trois jours durant, à Gaza, entre Israël et le Jihad Islamique, a été menée dans le cadre de Breaking The Wave. Au cours de ce conflit, les deux principaux chefs militaires du Jihad Islamique, Tayssir Al-Jabari et Khaled Mansour ont été tués.

Les militants du « Fatah » lorgnent vers le Jihad

Le problème central de l’Autorité Palestinienne est qu’elle voit ses propres miliciens du Fatah, le mouvement contrôlé (en principe) par Mahmoud Abbas, rejoindre l’action du Hamas ou du Jihad Islamique.

Le Palestinien que la police israélienne a arrêté le 8 septembre dernier, à Jaffa, dans la banlieue de Tel Aviv, juste avant qu’il commette un attentat, était affilié au mouvement « la Fosse aux Lions » (Lion’s den), une émanation du Fatah. Un autre Palestinien, Abu Jildeh, 24 ans, tué à l’issue d’une altercation armée avec les force de défense israélienne, était en réalité un responsable des Martyrs d’al Aqsa, la milice du Fatah. A ses  funérailles, des responsables du Fatah ont appelé à plus d’attaques encore contre Israël. Bas du formulaire

 Ibrahim al-Nabulsi, 19 ans, tué le 9 août, après un accrochage avec des soldats israéliens, était lui aussi un combattant des Brigades des martyrs d’al-Aqsa.

L’Autorité palestinienne impuissante

Cette participation des miliciens du Fatah ou des Brigades des Martyrs d’al Aqsa, à des attaques contre Israël, ne parait pas être voulue ni coordonnée par l’Autorité Palestinienne. Il s’agit semble-t-il d’actes de sécession sur lesquels la direction de l’Autorité Palestinienne observe un silence embarrassé.

 Mahmoud Abbas, président de l’Autorité Palestinienne, va prochainement monter à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU pour réclamer que la Palestine devienne un Etat membre à part entière de l’ONU – elle est actuellement un « Etat observateur » -, mais non seulement, l’institution qu’il représente est en faillite financière et gangrenée par la corruption, mais ses forces armées lui font progressivement défaut au profit d’autres mouvements plus radicaux comme le Jihad Islamique ou le Hamas.