Angola - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/angola/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Mon, 08 Jul 2024 08:15:08 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg Angola - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/angola/ 32 32 Guerre froide en Afrique (4/5), la CIA en Angola en 1975 https://mondafrique.com/a-la-une/guerre-froide-en-afrique-6-6-nos-revelations-sur-la-cia-en-angola/ https://mondafrique.com/a-la-une/guerre-froide-en-afrique-6-6-nos-revelations-sur-la-cia-en-angola/#comments Mon, 08 Jul 2024 04:44:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=54056 Sans jamais intervenir directement militairement en Angola, les Etats-Unis, sous l’impulsion du « faucon » Henry Kissinger, ont mené à partir de 1975 une guerre souterraine aux Soviétiques et aux Cubains en nombre sur les champs de bataille angolais. Livraisons d’armes, financement de mercenaires, opérations de déstabilisation : l’engagement de la CIA explique la durée […]

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Sans jamais intervenir directement militairement en Angola, les Etats-Unis, sous l’impulsion du « faucon » Henry Kissinger, ont mené à partir de 1975 une guerre souterraine aux Soviétiques et aux Cubains en nombre sur les champs de bataille angolais. Livraisons d’armes, financement de mercenaires, opérations de déstabilisation : l’engagement de la CIA explique la durée d’un conflit qui aura duré plus de quinze ans

Une enquête d’Olivier Toscer

Jonas Savimbi, leader de l’UNITA, un des trois mouvements qui se disputent le pouvoir en Angola lors de l’indépendance du pays

Le 27 juin 1975, la Maison-Blanche réunit un conseil national de sécurité. Autour du président Gérald Ford et du Secrétaire d’Etat Henry Kissinger, siègent notamment le Secrétaire à la Défense James Schlesinger et le patron de la CIA, Bill Colby. Un seul sujet à l’ordre du jour : la situation en Angola. Elle est désastreuse du point de vue américain.

Depuis plus d’un an, après l’annonce de son retrait par le Portugal, la puissance coloniale, le pays est à feu et à sang. Trois mouvements rivaux se disputent le futur pouvoir, les armes à la main : d’un côté, les communistes du MPLA d’Agostinho Neto ; de l’autre, deux mouvements pro-occidentaux, le FNLA de Roberto Holden et l’UNITA de Jonas Savimbi.

Massivement soutenu par l’Union soviétique et le bloc de l’Est, ainsi que par des forces cubaines, encore peu nombreuses[1], le MPLA est aux portes de Luanda la capitale. Un situation qui inquiète Henry Kissinger au plus haut point : « L’histoire de l’Afrique a montré que le point essentiel est le contrôle de la capitale, professe-t-il ce jour-là. Par exemple dans la guerre civile au Congo, la raison pour laquelle nous avons pu sortir par le haut a été que nous n’avons jamais perdu le contrôle de la capitale Léopoldville. En Angola, si Neto (le leader de la rébellion pro-communiste, ndlr) gagne Luanda, il aura une base de pouvoir et petit à petit gagnera les faveurs des Africains »[2].

Et le Secrétaire d’Etat, faucon anticommuniste par excellence, de peindre devant le Président Ford, le tableau angolais en noir : « Les cargaisons d’armes soviétiques ont renversé la situation. (…) Le Portugal vacille face à Neto et les Soviétiques ont confiés des équipements importants, comme des transports de troupe, entre les mains de Neto », s’alarme-t-il.

Le président américains, Ronald reagan, en compagnie du leader de l’UNITA, Jonas Savimbi

Plusieurs options  sur la table.

La première est la neutralité, « laisser la nature suivre son cours », comme il dit. Et de lister les avantages d’une telle position attentiste : « Echapper à une implication militaire coûteuse, nous protéger contre les critiques de la communauté internationale et nous éviter d’être dans une confrontation plus dure avec le MPLA ». Mais Kissinger tient aussi à mettre le président Ford devant les inconvénients d’un tel détachement américain. « Le résultat probable sera que Neto sera en position de force, l’Angola prendra une direction progressiste. Et le cerveau de la politique étrangère américaine de pointer également le risque de s’aliéner son allié, voisin de l’Angola, Le Zaïre. Mobutu aura la tentation de s’allier avec Savimbi (le leader de l’UNITA, groupe de rebelles pro-occidentaux, ndlr) et le Zaïre pourrait également conclure que nous nous désintéressons du sort de cette partie du monde et devenir devienne anti-américain ». Une hypothèse, en réalité peu réaliste, vu le soutien financier sans faille de la CIA dont Mobutu a bénéficié depuis le début de son règne il y a quinze ans…

Lors de cette réunion cruciale du Conseil de Sécurité, Kissinger écarte également d’un revers de main, la voie diplomatique. « Mon ministère y est favorable mais je ne le suis personnellement pas. Si nous appelons les Soviétiques à la modération, cela sera vu comme un signe de faiblesse et on arrivera à rien », explique-t-il.

En réalité, deux mois seulement après la chute de Saigon et le retrait des troupes américaines du Vietnam, Henry Kissinger est chaud partisan de repartir sur le sentier de la guerre, du côté de Luanda. Il penche clairement pour la livraison d’armes

« Le comité ad-hoc pour l’Angola a d’abord envisagé d’envoyer des fonds puis a étudié l’envoi d’armement. Je recommande qu’un groupe de travail étudie cette dernière option en détail », annonce-t-il au président. « En tous les cas, ne rien faire est inacceptable », répond ce dernier.

Dans ce document partiellement déclassifié, la CIA liste ses opérations secrètes menées en Angola pendant l’année 1975l

Engagement américain en Afrique Australe.

Les archives de la CIA récemment déclassifiées montrent en effet que le conflit angolais ne se résume pas à l’engagement historique de près de 20 000 soldats cubains sur le terrain et de l’implication massive des conseillers militaires soviétiques. L’action secrète des Américains, une gigantesque offensive basée sur les opérations clandestines, permet d’expliquer, la durée record du conflit angolais qui va durer vingt-sept longues années.

Au départ, les Etats-Unis avaient étudié la faisabilité d’un opérations aéronavale sur Luanda pour anéantir les forces pro-communistes. Mais ils y avaient finalement renoncé pour éviter un conflit armé direct et incertain avec le bloc de l’Est. « Le rapport de force est favorable au mouvement pro-soviétique du MPLA grâce à un afflux massif d’armes soviétiques »[3] avaient rapidement constaté les experts

La croisade angolaise est donc confiée à la CIA. Il s’agit de fournir les deux autres mouvements de libération non-communistes en armes et en moyens financiers, mais sans que cela ne s’ébruite.

Dès le 29 juillet 1975 un avion de transport C141 arrive de Kinshasa avec un premier chargement d’armes pour la rébellion anti-communiste. D’autres suivront. Mais selon les règles de l’action clandestine, ces armes ne doivent pas pouvoir être attribuées aux Etats-Unis. Ce sont donc essentiellement des armes de la Seconde guerre mondiale qui sont acheminés, ainsi que des missiles anti-aériens SA7 fourni par Israël. La CIA a convaincu l’Etat hébreu d’effectuer cette livraison en échange d’équipements américains modernes livrés à Tel Aviv.

Le 13 septembre 1975, les Américains accentuent encore leur aide « pour distribuer plus d’armes américaines modernes en Angola, entraîner des miliciens angolais hors du territoire angolais et recruter des conseillers militaires non-américains »[4]. Mais tout est fait pour garder cet engagement militaire américains le plus secret possible. Même son principal allié dans la région, le Zaïre, ne doit pas intervenir directement pour éviter d’alerter les Soviétiques. « Il faut éviter d’encourager Mobutu a envoyer ses propres troupes au Cabinda mais coopérer avec lui pour armer et entraîner des forces cabindaises », préconisent les experts de la CIA. Même si Bill Colby, le patron de l’Agence reconnaît que « si le renseignement montre que la situation en Angola se détériore, on ne pourra pas calmer Mobutu »[5]

Les combattants de l’UNITA, soutenus par les Américains

Détour par l’Afrique du Sud

La CIA préfère jouer la carte de l’Afrique du Sud, un partenaire réputé plus fiable et moins soupçonnable d’agir sur ordre américain. Les troupes sud-africaines entrent ainsi en Angola le 14 octobre 1975 mais sans parvenir à empêcher la chute de la capitale Luanda aux mains des procommunistes. A partir de cette date, ce qui était une guerre civile africaine devient un conflit mondialisé, même en l’absence visible de l’US Army sur le terrain.

Pendant les 27 années que va durer le conflit angolais, l’armée américaine n’interviendra qu’une seule fois sous son pavillon, entre aout et octobre 1992, et de manière plutôt pacifique puisqu’il s’agissait de ramener par avion Hercules C-130 des rebelles pro-occidentaux chez eux, à la fin de la guerre. Mais pendant toutes la durée du conflit, des avions F27 affrétés par la CIA se chargeront de plusieurs opérations de transport. L’un d’eux sera même abattu par des MIG de l’armée de l’air cubaine en 1976.

La CIA n’est pas en reste non plus pour financer le recrutement de mercenaires à 300 dollars la semaine pour épauler les forces du FNLA de Roberto Holden. Budget total : 1,5 million de dollars. Plusieurs d’entre eux, tous arrivés via le Zaïre voisins, seront ainsi capturés par les hommes du MPLA et jugés publiquement. Certains seront condamnés à mort et exécutés.

Reagan élu, la CIA triomphe

En 1980, avec l’arrivée de Ronald Reagan à la Maison Blanche, les offensives clandestines de la CIA repartent de plus belle.

La CIA est chargé d’approvisionner la guérilla de Jonas Savimbi en armes et d’impliquer l’armée zaïroise, jusque là plutôt tenue à l’écart, dans le conflit. L’engagement américain devient de plus en plus massif. En 1987, Reagan donne même le feu vert pour livrer des missiles anti-aérien Stinger, le nec plus ultra de l’époque, à la guérilla anticommuniste. Il y en a pour 15 millions de dollars. Mais l’effort reste néanmoins dérisoire face aux milliards de dollars d’équipement fournis à ses alliés par l’Union Soviétique. L’équilibre des forces qui reste à l’avantage du bloc de l’Est, même si Washington ne cesse de mettre à contribution ses alliés dans le soutien à Savimbi. L’Arabie Saoudite par exemple paie la formation des rebelles de l’UNITA au Maroc pour cinquante millions de dollars. Même le Brésil est sommé d’envoyer des conseillers militaires sur le terrain.

La CIA attendra 1991 et le début du processus de paix pour mettre un point final à son opération secrète en Angola. Le bilan est maigre. Le MPLA, même si son vernis marxiste a disparu, est toujours au pouvoir à Luanda.

Le bilan humain du conflit est, lui, évalué à 500 000 morts.

[1] Selon un mémorandum titré « L’implication des Cubains en Angola », rédigé par la CIA le 22 juin 1977, ils ne sont que quelques centaines sur le terrain avant un engagement militaire beaucoup plus massif à partir de septembre 1975

[2] Minutes du Conseil de Sécurité Nationale du 27 juin 1975

[3] Extrait du récapitulatif des plans d’actions secrètes en Angola de janvier à octobre 1975, rédigé par la CIA, le 22 octobre 1975

[4] Ibid

[5] Ibid

Guerre froide (2/4), le Mali au mieux avec Moscou et Washington

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Angola, quinze manifestants tués depuis janvier 2023 https://mondafrique.com/confidentiels/angola-quinze-manifestants-tues-depuis-janvier-2023/ Sat, 12 Aug 2023 08:20:12 +0000 https://mondafrique.com/?p=94594 Les manifestations se succèdent à Luanda depuis plusieurs semaines. En cause la hausse du prix de l’essence, un taux de chômage chez les jeunes particulièrement élevé et qui ne baisse pas, les détournements de fond dans l’entourage du Président et la corruption généralisée. Un des journalistes les plus connus du pays vient de porter plainte […]

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Les manifestations se succèdent à Luanda depuis plusieurs semaines. En cause la hausse du prix de l’essence, un taux de chômage chez les jeunes particulièrement élevé et qui ne baisse pas, les détournements de fond dans l’entourage du Président et la corruption généralisée.

Un des journalistes les plus connus du pays vient de porter plainte auprès de l’Attorney Général après la nomination à la cour suprême, par le Président de la République lui-même, d’un juge qui était poursuivi pour détournement de fonds publics. Les dernières élections avaient démontré la chute libre de la popularité du chef de l’Etat puisque l’opposition s’était imposée dans la capitale. Inédit dans un pays ou la règle a été pendant longtemps le parti unique et la dictature.

Le Président Lourenço dont l’élection a été contestée a repris les mêmes méthodes que son prédécesseur José Eduardo dos Santos : la répression brutale et à large échelle. s Selon des témoignages balles réelles et gaz lacrymogène ont été utilisé sans discernement aucun. Le bilan de ces violences policières est difficilement quantifiable même si les organisations internationales Human Right Watch et Amnesty International parlent de 15 morts documentés. On note par ailleurs que de très nombreux militants ont été arrêtés ainsi que des journalistes. Selon Human Right Watch, “la police angolaise s’en prend à ceux qui critiquent les politiques du gouvernement !”. Le gouvernement quant à lui accuse l’UNITA, leader d’une opposition tripartite d’être à la source de l’agitation qui ne cesse de s’aggraver depuis les élections. Plusieurs de ses militants ont été incarcérés. Mais la police s’en est prise également à des artistes, des intellectuels. Deux rappeurs ont été incarcérés plusieurs jours sans autre raison que leur popularité. Human Right Watch raconte comment 8 hommes jeunes –entre 23 et 32 ans- ont été arrêtés par la police avant que leurs proches les retrouvent tous à la morgue. Elle documente également la manifestation des chauffeurs de taxis contre la hausse des prix de l’essence : 5 personnes ont été délibérément abattues, 3 sont mortes sou les balles.

L’opposition, quant à elle, indique que le chiffre réel des victimes dues à la politique de Lourenço depuis son arrivée au pouvoir en 2017 serait de 130 morts.

L’opposition politique n’est pas la seule à être frappée, le mouvement social et les organisations de défense des droits de l’homme sont également victimes de cette répression particulièrement violente : “la répression policière brutale des manifestations et des activités politiques pacifiques prive tous les angolais de leur droit de participer au débat politique et à l’avenir de l’Angola”.

Des milliers de personnes se sont rassemblées il y a quelques jours à l’appel de l’opposition pour demander le départ du Président Lourenco. Demain l’UNITA va inciter l’Assemblée Nationale a faire de même. Cette démarche a fort peu de chance d’aboutir mais elle peut déboucher sur un renforcement de la répression.

 

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Angola, un pouvoir fragilisé après des élections fraudées https://mondafrique.com/libre-opinion/angola-un-pouvoir-fragilise-apres-des-elections-fraudees/ Fri, 09 Sep 2022 08:09:11 +0000 https://mondafrique.com/?p=74739 Les plaintes déposées par l’opposition angolaise après des résultats d’élections très contestables n’ont pas été jugées recevables Une chronique d’Yves Loizeau  Le MPLA continue à marteler qu’il a gagné mais son insistance finit par faire douter ses propres partisans : les manifestations de soutien au « nouveau » Président n’ont pas rassemblé grand monde y compris bien sur […]

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Les plaintes déposées par l’opposition angolaise après des résultats d’élections très contestables n’ont pas été jugées recevables

Une chronique d’Yves Loizeau 

Le MPLA continue à marteler qu’il a gagné mais son insistance finit par faire douter ses propres partisans : les manifestations de soutien au « nouveau » Président n’ont pas rassemblé grand monde y compris bien sur à Luanda dont on sait qu’elle a voté très majoritairement pour le changement.

Les décomptes de la société civile et du Mouvement Civique Mundei ainsi que ceux de l’UNITA ne sont toujours pas terminés. En résumé, aucun des deux partis ne dépasse la barre des 50 % mais il y a tout de même des chances, sans certitude pour l’instant, que, s’il opte pour le respect de la démocratie, le MPLA devance son adversaire à l’Assemblée Nationale : c’est encore une hypothèse !

Il faut noter qu’il n’y a pas eu de contestation violente des résultats ce qui prouve, tout de même, une parfaite maitrise des partis d’opposition et surtout des jeunes qui croient encore aux dispositifs légaux. Le MPLA a tout de même fait sortir la police dans les rues pour des démonstrations de force et une mobilisation générale de l’armée aurait été elle aussi prononcée.

Un des phénomènes de cette situation c’est l’interrogation que se font aujourd’hui les opérateurs économiques… Jusqu’à présent, ils raisonnaient sur l’idée que quoiqu’il arrive le MPLA conservait le pouvoir ! Aujourd’hui ils semblent commencer à douter et à se poser la question de ce que le changement risque de représenter pour eux… 

Les grandes compagnies pétrolières, Total Energies et Exxon notamment, qui ont choisi leur camp depuis des lustres en faisant vivre une minorité d’oligarques angolais doivent elles aussi s’interroger. Total Energies exploite des plate formes en mer mais Exxon peut se faire des cheveux : la compagnie américaine exploite les seuls champs pétroliers angolais sur terre, au Cabinda. Deux faits caractérisent aujourd’hui cette enclave où la guérilla a repris : l’UNITA y est largement majoritaire et la compagnie américaine a financé le corps expéditionnaire cubain -donc le MPLA- pendant la guerre civile alors que le gouvernement américain finançait l’UNITA

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L’ancien chef d’état angolais Eduardo dos Santos entre la vie et la mort https://mondafrique.com/decryptage/lancien-chef-detat-angolais-dos-santos-entre-la-vie-et-la-mort/ Thu, 30 Jun 2022 03:16:29 +0000 https://mondafrique.com/?p=70313 L’ancien dictateur angolais, Eduardo dos Santos, est au plus mal dans une clinique de Barcelone. L’état de santé de l’ancien président est considéré comme « préoccupant », a confirmé mercredi l’actuel chef de l’Etat, Joao Lourenço, en marge d’un déplacement au Portugal. Un article d’Yves Loizeau Eduardo dos Santos est malade depuis de longues années. Il s’est […]

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L’ancien dictateur angolais, Eduardo dos Santos, est au plus mal dans une clinique de Barcelone. L’état de santé de l’ancien président est considéré comme « préoccupant », a confirmé mercredi l’actuel chef de l’Etat, Joao Lourenço, en marge d’un déplacement au Portugal.

Un article d’Yves Loizeau

Eduardo dos Santos est malade depuis de longues années. Il s’est d’abord fait soigner au Brésil puis à Dubaï avant de choisir l’Espagne pour continuer son traitement. Son premier départ pour Barcelone avait intrigué puisque l’ancien Président angolais -plus de 45 ans au pouvoir- avait refusé de prendre un avion officiel, préférant utiliser un vol normal d’une compagnie non angolaise.

L’ancien dictateur passe ensuite plusieurs années en Espagne pour se scanceroigner avant de revenir en septembre 2021 en Angola pour un séjour assez bref qui s’est semble-t-il prolongé sans le consentement d’une partie de sa famille. Personne ne peut rien contre lui puisque, ancien Président, il bénéficie de l’immunité.

Isabel Dos Santos écartée

Dans l’intervalle, son successeur à la tête de l’État, le Président Joao Lourenço réussit, au nom de la lutte anticorruption, à écarter la milliardaire Isabel dos Santos, fille de son prédécesseur, de tous les postes qu’elle trustait dans un certain nombre des plus importantes sociétés angolaises et notamment dans le secteur pétrolier. Le fils de l’ancien Président, José Filomeno dos Santos, dit « Zenu », qui était à la tête du Fonds d’investissement souverain de l’Angola est accusé de détournement, de blanchiment, etc et mis en prison.

Ce sont quand même des milliards de dollars qui sont en jeu et, outre le fait d’avoir sur la conscience des dizaines de milliers de morts, Eduardo dos Santos montre ainsi que, lui et sa famille, ont largement profité du système qu’ils avaient mis en place.

Donc, l’ex-maitre de l’Angola et ex-chef du parti marxiste MPLA -toujours au pouvoir- retourne à Barcelone le 7 mars dernier pour regagner la clinique Teknon. Une clinique luxueuse qu’on appelle également le « Petit Versailles ». Excusez du peu : 13 suites royales pouvant accueillir les patients et leurs familles dans des conditions de sécurité mises en avant par la clinique elle-même. Cet hôpital de luxe est l’implantation européenne d’une clinique de New York connue comme étant le top du top en matière de cancer, suivant le quotidien El Pais…

Depuis 48 heures, les publications indépendantes de Luanda annoncent que l’ancien Président est en soin intensif à un stade irréversible après 3 infarctus et une période de plusieurs minutes sans oxygène. Les séquelles au cerveau seraient irréversibles, lisait-on hier. Rien sur le site de l’agence officielle Angop.

De l’agitation du côté du pouvoir.

Selon certaines informations, une partie de la famille s’opposeraient à ce que les obsèques d’Eduardo dos Santos aient lieu à Luanda… Une situation impossible pour le nouveau pouvoir angolais en pleine période électorale… Comment Joao Lourenco pourrait-il expliquer à la population que celui qui a dirigé l’Etat et le MPLA pendant près de 50 ans ne bénéficierait pas d’obsèques nationales en Angola. Il a d’ailleurs envoyé son ministre des Affaires Étrangères à Barcelone pour « organiser les funérailles ». L’une des filles d’Eduardo dos Santos, Tchize dos Santos, néanmoins députée MPLA mais en dissidence, sur place à Barcelone, dément la gravité de la situation du malade, mais elle indique aussitôt : « je n’autoriserai jamais qu’ils éteignent les machines d’un père vivant dont le cœur fonctionne normalement ». Une confirmation que l’ancien Président serait bien dans le coma et btanché sur des machines qui entretiennent la vie de façon artificielle.

Tchize dos Santos qui n’est pas avare de déclaration va jusqu’à indiquer que Edouardo dos Santos souhaiterait la victoire de l’opposition aux élections qui viennent tout en démentant avoir financé l’UNITA et son leader, candidat contre son propre parti aux prochaines élections…

Une situation ubuesque où se joue la survie d’un « régime » totalitaire …

Quand le président angolais Joao Lourenco réécrit l’Histoire

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Les avions angolais au secours des Américains à Kaboul https://mondafrique.com/international/les-avions-angolais-au-secours-des-americains-a-kaboul/ Tue, 24 Aug 2021 16:37:09 +0000 https://mondafrique.com/?p=54786 La compagnie aérienne angolaise TAAG fourni quatre avions long courrier civils pour participer au gigantesque pont aérien qui permet aux américains d’évacuer leurs troupes et leurs alliés. Un article d’Yves Loiseau    Luanda s’affiche -discrètement- comme le meilleur allié des USA en Afrique au moment de la déculottée historique de Biden en Afghanistan. Les avions […]

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La compagnie aérienne angolaise TAAG fourni quatre avions long courrier civils pour participer au gigantesque pont aérien qui permet aux américains d’évacuer leurs troupes et leurs alliés.

Un article d’Yves Loiseau 

 
Luanda s’affiche -discrètement- comme le meilleur allié des USA en Afrique au moment de la déculottée historique de Biden en Afghanistan. Les avions angolais n’iront pas jusqu’à Kaboul, aéroport interdit à tous les vols civils, mais atterriront à Amman (Jordanie) qui sert de base intermédiaire.
 
Les avions militaires américains font en effet la navette entre Kaboul et plusieurs aéroports de la région dont un aéroport jordanien -non visible sur les cartes-. Les passagers de ces vols sont ensuite conduits au Queen Alia International Airport d’Amman où les Boeings 777 de la TAAG (DT7680, DT680, DT580, DT556, DT7556) vont les conduire jusqu’à la base américaine de Ramstein, près de Francfort, en Allemagne. Ces avions qui étaient affichés comme devant décoller hier soir à 23 heures locales de Luanda pour atterrir ce matin à 7h45 locales à Amman ont subitement disparus des radars. Même si ils restent affichés sur le tableau de bord des arrivées de cet aéroport avec un statut <inconnu>.
 
La même procédure a lieu à Ramstein en Allemagne où les avions continuent à figurer à la fois sur le tableau des arrivées en provenance d’Amman. Les pilotes ont reçu des instructions de discrétion et les radars interdits d’utilisation pendant les vols…..

Joâo Lourenço à la manoeuvre

On imagine mal une décision stratégique comme celle la laissée à la seule initiative du Président directeur général de la compagnie d’aviationla décision a été prise directement par Joâo Lourenco, le Président de la République angolaise: on voit comment il pourrait en être autrement! Personne en Angola ne semble informé de cette décision au sein de l’opposition: « ils n’arrivent déjà pas à transporter les passagers à l’intérieur de l’Angola, on se demande comment ils pourront participer à un tel pont aérien ? », explique  un député à Mondafrique
.
Cette utilisation d’avions de la République d’Angola -et le rôle d’allié des États Unis qu’affiche ainsi Luanda- interroge sur la stratégie de Joe Biden. Visiblement le Président américain n’a pas l’air très regardant sur la démocratie réelle de ses alliés. Ce coup de main de l’Angola est donné au moment où Joâo Lourenco durcit le ton vis à vis de ses principaux opposants. Me Parlement -où son parti le MPLA est largement majoritaire- vient de se doter des moyens de reculer la date des prochaines élections.
 
Par ailleurs une virulente campagne est menée contre le leader de l’UNITA auquel la majorité reproche d’être « métis » et d’avoir la double nationalité angolaise et portugaise -ce qui est faux.
 
 

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Quand le président angolais Joao Lourenco réécrit l’Histoire https://mondafrique.com/decryptage/quand-le-president-angolais-joao-lourenco-reecrit-lhistoire/ Mon, 07 Jun 2021 08:13:22 +0000 https://mondafrique.com/?p=51513 Le 26 mai dernier, le Président angolais s’adresse à la nation par télévision interposée afin de proposer la réconciliation nationale en mémoire des « victimes des conflits politiques en Angola entre le 11 novembre 1975 et le 4 avril 2002 ». Ce jour là, Joao Lourenco se livre à d’énormes mensonges … par omission Un […]

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Le 26 mai dernier, le Président angolais s’adresse à la nation par télévision interposée afin de proposer la réconciliation nationale en mémoire des « victimes des conflits politiques en Angola entre le 11 novembre 1975 et le 4 avril 2002 ». Ce jour là, Joao Lourenco se livre à d’énormes mensonges … par omission

Un article d’Yves Loiseau

 

Le 27 mai est effectivement un terrible anniversaire pour les Angolais dont la seule évocation reflète la véritable terreur qui a régenté la vie politique pendant près de cinquante ans….

Le 27 mai 1977, le MPLA, déjà au pouvoir à cette époque, a tué environ 25 000 personnes, 30000 même Amnesty Internationale. Certains, comme l’agence de presse cubaine EFE, vont jusqu’à avancer le chiffre de 90 000 morts. Une différence de chiffre hallucinante qui montre la profondeur du silence  qui s’est abattu sur ce devenu pays totalitaire. Ce carnage a disparu de l’histoire officielle, mais pas de l’inconscient collectif: c’est ce qu’on appelle l’utilisation politique de la terreur. Au point de départ de cette boucherie, un différend politique, interne au parti unique puisque les autres mouvements signataires des accords d’indépendance avec le Portugal ont été éjectés très tôt par la force.

À l’intérieur du MPLA donc, la polémique est animée par un haut dignitaire du régime, le ministre de l’intérieur, Nito Alves. Des témoins ont raconté cet épisode terrifiant, notamment au Portugal pour les Angolais qui ont réussi à fuir ou aux Etats Unis pour les conseillers ou médecins cubains qui s’y sont réfugiés. Il suffit de lire sur ce sujet  « In the Name of the People: Angola’s Forgotten Massacre » -non traduit- écrit par Lara Pawson, la correspondante de la BBC en Afrique -dont deux ans en Angola- où qui elle a eu accès aux récits de témoins qu’elle n’avait pas sollicité.

Des inégalités entre Blancs, Métis et Noirs

Ministre de l’intérieur lorsqu’il représente l’Angola au 25eme Congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique et très populaire auprès des « masses », Nito Alves était un militant très important du MPLA dont il animait la ligne la plus à gauche. Lui et ses proches veulent l’alignement de la politique du MPLA sur l’URSS et réclament l’installation de bases soviétiques en Angola alors que les Cubains sont déjà présents. Du haut des responsabilités qu’il exerce, et de sa place dans la hiérarchie du pays, il peut se permettre de formuler de telles revendications.  

Ces revendications géopolitiques ne sont pas les seules critiques que Nito Alves émet sur le fonctionnement de son propre parti: il accuse Agostinho Neto de s’entourer de métis et de blancs et de leur donner trop de place dans les rouages du pouvoir alors que lui et ses partisans souhaiteraient un état dominé par les noirs avec une ligne plus radicale et plus nationaliste. La critique n’est pas sans fondement puisque c’est le Parti communiste portugais qui a porté le MPLA au pouvoir et que les Cubains sont connus pour favoriser dans leur propre pays l’émergence des teints clairs au détriment des noirs. 

Nito Alves est alors accusé de fractionnisme et est expulsé du MPLA. Ses partisans attaquent une prison de Luanda pour tenter d’en libérer des prisonniers et la répression, tout à la fois cubaine et angolaise s’abat: «  Nous appliquerons la dictature démocratique et révolutionnaire pour en finir définitivement avec les saboteurs, les parasites et les opportunistes. » indique le bureau politique qui rassemble les fidèles d’Agostino Neto.

Le président Neto, le 1er Président de l’Angola indépendante, est pleinement responsable de ce crime monstrueux que tous les admirateurs, y compris étrangers, de ce régime communiste ont caché pour des raisons idéologiques. Avec cette question lancinante pour les Angolais: Neto, l’assassin en chef du 27 mai est-il toujours, aujourd’hui, le héros national que le MPLA continue à fêter tous les ans le jour de sa naissance après avoir érigé à Luanda un monument spectaculaire à sa gloire ? La réponse ne peut plus être positive évidemment puisqu’après ces pseudos révélations présidentielles, c’est toute l’histoire du pays qui s’en trouve revisitée…..

Mais ce règlement de compte sanglant ne s’est pas joué entre les seuls angolais: les troupes cubaines qui étaient présentes sur place ont été largement impliquées dans ce sordide épisode que Joao Lourenco vient de reconnaître -sans citer les Cubains-. Et pourtant, ce sont notamment les blindés cubains qui ont repris la radio nationale qui était tombée aux mains des « Nittistes ».

Selon les loyalistes, la révolte de « l’extrême gauche » du MPLA était un « coup d’Etat » qu’il fallait étouffer dans l’oeuf et la répression s’est abattue sur les partisans de Nito Alves et sur des milliers de personnes qui n’avaient sans doute rien à voir avec « les fractionnistes nittistes » Nito Alves a été torturé et finalement exécuté. Ainsi que ceux qui ont été cités par l’actuel Président angolais, tous membres du MPLA. Est-ce que le terme de coup d’Etat lui même est bien celui qui convient…. Ce 1er gouvernement angolais ne rassemblait aucun élu du peuple…. Il n’y a jamais eu d’élections pour installer le MPLA au pouvoir deux ans plus tôt…. En terme de propagande le terme de « coup d’état » est sans doute le plus payant mais en terme juridique il semble inadapté…. et donc mensonger !

La déclaration d’excuse télévisée de Joao Lourenco aurait pu être un geste historique dans un pays qui a connu une guerre civile. Elle ne l’ pas été !

500000 mprts durant la guerre civile

Malgré toutes ces imperfections, on voit bien que la déclaration d’excuse télévisée de Joao Lourenco aurait pu être un geste historique dans un pays qui a connu une guerre civile de plusieurs dizaines d’années et qui aurait fait 500000 morts. Il est encore temps qu’elle soit le début de ce qui devrait être une enquête en profondeur pour nettoyer le passé de ces scories honteuses qui fondent l’histoire du parti au pouvoir. Le comité de Réconciliation mis sur pied il y a quelques mois n’est qu’une parodie scandaleuse de ce qu’il devrait être. Pour ce qui concerne la période de trois ans environ qui a suivi le 27 mai 19977, le Président angolais ne peut plus s’en tirer avec l’aveu des seuls morts qu’il a cité, et qui étaient des dignitaires de l’histoire officielle du MPLA tous « loyalistes de haut rang » ou « rebelles de haut rang » mais tous membres du MPLA. Il y a aussi les autres membres du parti, les militants sans grade qui ont été fusillés dans de petites villes de province devant des fosses communes préparées à l’avance.

Cuba doit aussi des explications. Les troupes cubaines ont été largement utilisées pour récupérer le pouvoir: elles étaient la pour ça. C’était la mission du général Rafael Moracen Limonta qui en avait reçu l’ordre de Raul Castro alors ministre de la défense cubain. L’unité spéciale de troupes d’élite cubaines qu’il commandait devait assurer la sécurité du président, Agostinho Neto. Rien d’autre. Le MPLA était tellement sur de l’assise populaire de son pouvoir sur les Angolais que les instructions de Castro étaient claires « être en état d’alerte permanente parce qu’à tout moment, il pouvait y avoir une tentative de coup d’État » comme Rafael Moracen Limonta l’a expliqué au quotidien cubain Gramma et à la télévision cubaine en 2016. Gramma raconte en détail les événements tels qu’ils se sont produits et le journal n’a pas été avare de détails sur le rôle central des troupes cubaines.

Raoul Castron ministre cubain de la Défense,  à Luanda

Fin mai 1977, une semaine après la boucherie à laquelle ont donc largement participé ses troupes, Raul Castro est à Luanda. Dans le rapport qu’il fait à Fidel à son retour à la Havane -et qui est sur internet- les autorités angolaises lui disent que suite aux déclarations de Nito Alves, elles ont du expliquer plusieurs fois aux soviétiques que le MPLA n’était pas contre la politique de Moscou mais dit-il « notre mission militaire a appris que des interprètes militaires russes avaient exprimé leur soutien à Nito et à Bakalov -un des principaux « comploteurs »-… J’ai donné des instructions pour enquêter…. et comme l’indique un autre rapport, l’évaluation commune étaient que Nito, Bakalov et les autres étaient des amis de l’Union soviétique. Certains Soviétiques sont activement partisans, d’autres disent qu’ils sont neutres. Il y a aussi le cas du colonel Grishin… qui a caché un des rebelles dans sa voiture et l’a aidé à s’échapper. Connaissant les Soviétiques, et surtout leurs militaires, il est clair que des comportements et des attitudes de ce genre, même s’ils sont spontanés et reflètent les opinions personnelles d’un individu, doivent s’expliquer, en dernière analyse, par le fait que ces individus savent que leurs opinions sont conformes à celles de leurs supérieurs. » En 2021, aucun officiel cubain n’a réagi au discours de Joao Lourenco. Aucun officiel russe non plus…..

Avec ce paragraphe du rapport de Raul Castro à son frère, c’est donc également le rôle de l’URSS, dans l’origine et le suivi de ce massacre de masse, qui est posé. Est-ce que Nito Alves et ses partisans agissait avec le soutien du Kremlin comme peut le laisser supposer le rapport cubain ? Est ce qu’ils avaient donne le feu vert aux comploteurs angolais pour limiter l’influence éventuelle des troupes de Castro et de Che Guevarra sur le continent africain et obtenir in fine la création de bases permanentes qui manquaient à sa stratégie ?

De hauts représentants américains se trouvaient également à Luanda au moment de ce massacre: comment se fait-il que les Etats-Unis n’aient pas fait état de ce massacre barbare alors que la guerre froide battait son plein et que Washington soutenait Jonas Savimbi et l’UNITA ? Etait-ce à ce moment la, précisément, qu’a été négocié la poursuite de l’exploitation pétrolière américaine à Cabinda sous protection cubaine en échange du silence de Washington sur l’ampleur du massacre de communistes angolais par des communistes angolais et cubains ? Est-ce que les intérêts de la « Chevron » étaient plus important que le respect des Droits de l’homme dont se paraient volontiers les Américains dans leurs interventions en Afrique lorsqu’ils soutenaient les « combattants de la liberté » ?

Que de questions posées par le discours de Joao Lourenco toujours sans réponse à la plus importante d’entre elles: combien de morts ? ou les dépouilles ont elles été enterrées ? on parle de fosses communes en bas de falaises en bord de mer d’où les corps auraient été jetés ? On parle également de corps jetés du haut d’hélicoptères à la fin d’interrogatoires musclés ? 

Des témoins ou des victimes de ce massacre sans nom et qui ont réussi à s’échapper sont encore présents en Angola: va t on leur donner la parole pour qu’ils expliquent ce qui s’est passé ? Rien n’est moins sur dans un pays qui n’est pas particulièrement reconnu pour la liberté laissée à ses journalistes ! Le témoignage de l’un des plus célèbres d’entre eux pourrait pourtant beaucoup apporter au débat national et la recherche de la vérité, c’est celui de William Tonet, le directeur de « Folha 8 » qui a été emprisonné à l’époque pour avoir été un des Nittistes…..

Une mise en scène à visée électorale

On voit mal les Angolais se satisfaire de ce qui pourrait apparaitre comme une mise en scène de circonstance à un an d’élections présidentielles où le MPLA risque de perdre un pouvoir qu’il conserve par des coups de force successifs depuis plus de 40 ans. Par le geste qu’il a fait, Joao Lourenco a donné vie à un passé refoulé… Qu’on le veuille ou non, ce massacre est aujourd’hui officiel et est partie intégrante de l’histoire de ce pays. Même si, à ma connaissance, aucun organe de presse extérieur ne s’est intéressé à ce discours présidentiel angolais, c’est tout de même la porte de la grande Histoire de l’Afrique et de la décolonisation qui a été ouverte par cette reconnaissance officielle de Luanda.

Et l’agence gouvernementale Angop, suivant aveuglement l’exemple donné en haut lieu, et sans doute en totale complicité avec lui, a effectué le même tour de passe-passe dans son compte rendu…. un peu comme le faisait la Pravda pour les affaires de l’Union Soviétique.

L’objectif du discours du Président de la République d’Angola -qui est aussi le chef du MPLA- est que le silence et le secret persiste et il y a des chances que le mensonge par omission puisse une nouvelle fois s’imposer à la place de la vérité. Je le disais: pas une ligne dans la grande presse internationale pour évoquer cette révélation et tenter d’éclairer ce qu’elle révèle.

« La réalité » de la réconciliation

L’analyse du discours de Joao Lourenco tel qu’il a été prononcé. https://www.angop.ao/noticias/discursos-do-presidente/comunicacao-do-pr-no-ambito-da-reconciliacao-nacional-em-memoria-das-vitimas-dos-conflitos/ livre des tas d’enseignement sur la réalité de la « réconciliation » que propose le Président angolais. Rappelons qu’en Angola le chef du parti politique arrivé en tête aux élections législatives devient automatiquement le Président de la République.

Joao Lourenco raconte: « personne n’imaginait que des divisions internes des mouvements de libération…. auraient des conséquences aussi tragiques qui laisseraient des blessures aussi profondes » Quels mouvements de libération, Monsieur le Président ? Dans le cas que vous évoquez, il s’agit seulement du votre….. le MPLA !

Concernant la révolte de Nito Alves et la répression qui a suivi: « Dans le but de rétablir l’ordre, la réaction des autorités de l’époque a été disproportionnée et extreme, et des exécutions sommaires ont été pratiquées sur un nombre indéterminé de citoyens angolais dont beaucoup étaient innocents. » dites vous. C’est un aveu certes. Celui de la violence aveugle. Mais ou se trouve la responsabilité du parti de celui qui prononce le discours dans cette boucherie qui aurait peut être fait plus de 20000 morts ? 20000 morts ce ne peut pas être « un nombre indéterminé de citoyens » ! Qui d’autres que ceux qui ont exécuté le massacre peuvent donner toutes les informations qui ont été cachées jusque la.

Ou se trouve la responsabilité des Cubains dans ce carnage perpétré dans l’ensemble du pays ? Certains Cubains, qui ont témoigné à l’extérieur, ont évoqué les fusillades collectives devant des fosses communes déjà creusées ? Vous ne pouvez pas l’ignorer….. D’autres ont évoqué le soutien des Soviétiques à Nito Alves et à tous ceux qui étaient également fractionnistes et qui étaient tous membres du MPLA: « Immortal Monster », « Balakof », « Sita Valles », « Zé Van Dunem », « Urbano de Castro », « David Ze », « Artur Nunes », « Sianuk » selon leurs surnoms de « guerre », etc: qu’en est-il vraiment de cette boucherie entre frères d’armes ? La réconciliation passe t elle par la reconnaissance que ces morts sont bien les propres camarades de haut rang de celui qui a prononcé le discours ? 

Est-ce que l’Angola était le terrain d’une lutte fratricide et sanguinaire entre deux formes de communisme dont des milliers d’Angolais auraient fait les frais ? 

Est-ce que le Président angolais peut confirmer -ou démentir- que la boucherie dont nous parlons était la conséquence d’une lutte d’influence sur ce territoire d’Afrique centrale entre l’Union Soviétique et Cuba ? 

Les Angolais pris en otage

En évoquant cet anniversaire Joao Lourenco rappelle, sans l’avouer explicitement, un drame interne au MPLA: rien à voir donc avec la réconciliation nationale dont il est soi disant question. Est-ce que les camarades des militants massacrés et ceux de Joao Lourenco peuvent se réconcilier ? c’est le souhait formulé, mais  l’ensemble du peuple angolais n’a rien à voir avec cette boucherie. En fait le MPLA tente de prendre les Angolais en arbitre d’un drame dont ils ont été les témoins et les victimes mais sur lequel ils n’ont reçu aucune information officielle. C’est un tour de passe-passe qui est fait dans ce discours, pas une révélation. La réalité est que le MPLA cherche à éluder la responsabilité de l’armée dont l’actuel Président de la République a été un des plus hauts cadres pendant des dizaines d’années. On appelle ça: « passer l’éponge ! » ou « circulez, il n’y a rien à voir ! »

« Ce n’est pas le moment de pointer un doigt accusateur; chacun doit assumer sa part de responsabilité. » dit le Président Lourenco, mais c’est tout le contraire qui devrait être de rigueur: c’est le moment d’assumer ses responsabilités puisque vous venez de révéler officiellement, pour la première fois, deux drames sordides et sanglants qui ont été scrupuleusement cachés jusque la par vos prédécesseurs ! Pour le MPLA, le parti au pouvoir en Angola depuis le coup d’état qui a suivi l’indépendance en 1975, le mensonge -par omission- est toujours mieux que la vérité. Il s’agit tout de même de faire passer dans les oubliettes de l’histoire deux massacres terrifiants: environ 50.000 morts au minimum -suivant les estimations les plus crédibles- dont le parti au pouvoir depuis près de 50 ans, le MPLA, est le seul, et indiscutable, responsable. 

L’Histoire gommée

Les deux massacres évoqués -celui dit du « 27 mai 1977 » et celui dit de « la Toussaint sanglante » du 30 octobre au 1er novembre 1992- sont passés sous les radars des observateurs internationaux. Et le silence persiste, sauf pour Human Right Watch et  Amnesty International. Et, en 2021, alors que la guerre froide est terminée, les informations contradictoires manquent. Historiquement, il est maintenant de la responsabilité du gouvernement, comme l’on fait d’autres, ailleurs -Afrique du Sud, Chili, Uruguay, etc….- avant vous, de donner toutes ses chances à l’éclosion de la vérité. Ce n’est pas le cas de la pseudo commission que a été organisée jusque là et qui est une parodie de ce que investigations et justice exigent de paritarisme et d’indépendance: ce sont des juristes qui doivent être aux commandes et pas des militaires qui ne peuvent pas, à l’évidence être juges et parties.

Et alors, dans le déroulé de ce discours, quel numéro de voltige intellectuelle pour faire d’un Président de la République un formidable prestidigitateur politique. « Ni vu ni connu je cherche à embrouiller le peuple dont je suis le Président » vous accrochez au premier massacre commis par le MPLA un second massacre, « la Toussaint sanglante » commis par le même parti dans d’autres circonstances, des dizaines d’années plus tard, contre les 8 principaux partis d’opposition de votre pays -avec des incidences diverses suivant leur importance- et deux ethnies angolaises. A la boucherie commise par le MPLA contre ses propres militants, le Président Joao Lourenco accroche sans autre forme de procès, et toujours sans les nommer, ce que l’on a appelé aussi les « massacres d’Halloween ».

Dans les deux cas, il n’y a jusqu’à aujourd’hui aucun document officiel sur ces boucheries commises par le parti unique qui s’est installé au pouvoir, dès 1975, en violant, d’entrée de jeu, les accords de décolonisation passés avec le Portugal. 

Des cadavres couverts de crachats

En 1992, ces massacres qui ont duré trois jours et ont eu lieu dans tout le pays visaient en premier lieu les responsables de l’UNITA de Jonas Savimbi et ceux du FNLA de Roberto Holden, mais aussi par extension tous les Ovimbundus et les Bakongos que l’on pensait proche de ces deux partis. Huit Partis politiques avaient contesté les élections et le MPLA les a tous frappés. Dans ces trois jours sanguinaires, la responsabilité personnelle de Joao Lourenco est directement engagée parce qu’à l’époque il était ministre de l’Information, tous les soirs à la télévision pour commenter les événements. C’est lui qui a présenté aux téléspectateurs angolais les cadavres des dignitaires de l’UNITA, extraits de leur voiture avant d’être fusillés, avant que les corps ne soient frappés à coups de pieds par les policiers  et arrosés de crachats .

Jeremias Kalundula Chitunda, le vice président de l’UNITA présent à Luanda pour négocier avec le MPLA, est assassiné à la fin d’une séance de négociation. Les massacres ont commencé à midi le 31 octobre par des attaques des Brigades anti émeutes sur toutes les implantations de l’UNITA à Luanda. Cela faisait plusieurs semaines que des armes avaient été distribuées dans les quartiers à des militants de votre parti d’origine kimbundus pour la plupart, regroupés dans l’Organisation de la Défense Populaire et les Brigades de Vigilance Populaire. L’armée y a bien évidemment participé également. Les deux rapports de Human Right Watch et d’Amnesty International sont formels: la préparation de ce massacre a commencé à la mi octobre avec la distribution des armes qui aurait culminé le 28 et le 29. Ce massacre était donc parfaitement prémédité et organisé. Et il a eu lieur également dans d’autres villes: Huila, Lubango -Hotel Imperio-, Soyo, Benguela, Lobito et dans un camp de l’UNAVEM à Ndalatando

Suivant les églises, le nombre des morts seraient compris entre 25 000 et 40 000 personnes assassinées. Ces exactions sans nom sont racontées ainsi par Amnesty International « le droit à la vie bafoué ! Londres Aout 1993 » « Dimanche 1er novembre 1992: les rues de Luanda sont jonchées de cadavres. Certains se consument lentement après avoir été arrosés d’essence et incendiés. La plupart étaient des sympathisants présumés ou avérés de l’UNITA »Je passe les détails sur la description d’un certain nombre d’exécutions et de lieu de fosses communes: cimetières, prisons, poste de police qui devraient faciliter les recherches alors que le discours présidentiel affirme: « on s’attend à ce qu’il ne soit pas possible de localiser et d’identifier les restes de toutes les victimes ! » 

En représailles, l’UNITA aurait effectué, à son tour, dans les zones qu’elle contrôlait des massacres de militants du MPLA et de civils kimbundus. Cependant, dans les provinces, Amnesty note que les massacres qui auraient été pratiqués par l’UNITA ont été beaucoup moins documentés et que l’on ne sait pas très exactement combien d’Angolais ont péri dans ces épisodes qui auraient duré plusieurs mois après les élections. 

 

L’ex Président Dos Santos coule des jours paisibles en Espagne

 ÉDITO, L’INCROYABLE IMPUNITÉ DE L’EX PRÉSIDENT DOS SANTOS

Voila une bonne occasion de pratiquer la réconciliation prônée, aujourd’hui, par le Président angolais: dans un régime multi parti, ce qui est officiellement le cas de l’Angola. e Chef de l’Etat ne peut pas réagir comme le chef d’un seul parti même -et surtout- s’il est dominant, la réconciliation implique que toutes les parties concernées aient la possibilité d’enquêter et de se défendre si elles sont mises en cause. Est ce que les assertions rendues publiques par Joao Lourenco sont exactes ? Combien de morts ont fait ces massacres terrifiants ? Qui est responsable ? Qui est coupable ? et j’ose demander parce que pas une seule fois le discours n’en parle -pas une seule fois- comment la justice va t elle passer ? Ces cas sont ils encore du ressort de tribunaux internationaux ? Vont ils rester impunis ?

De 1975 à 2002, la propagande du MPLA a diabolisé ses adversaires au point qu’en 2021 on disait encore aux étudiants en journalisme d’une université de Montréal que « Savimbi était le Hitler de l’Afrique »… Je ne ferai pas de commentaires sur la façon dont les deux premiers Présidents angolais ont conduit leur peuple, selon moi, c’est aujourd’hui du ressort de la justice mais je note tout de même que pour associer l’UNITA et son ancien leader, Jonas Savimbi, le Président angolais, sans citer une seule fois le principal parti d’opposition ni son défunt chef, fait état de deux règlements de compte qui demandent effectivement de véritables enquêtes: le meurtre de Tito Chigungi et de Wilson dos Santos ainsi que ceux de leurs familles -membres de l’UNITA-, l’attentat contre le train Zenza-do-Itombe -condamné par le Conseil de Sécurité en son temps et qui a fait 150 morts civils et attribué à l’UNITA- la mort de « braves femmes brulées à Jamba » comme le dit Joao Lourenco « et des martyrs des villes de Cuito et de Huambo et d’autres qui ne sont pas mentionnés ici ! » et dont on subodore qu’ils sont également attribués à l’opposition puisque le Président de la République ne donne pas d’autres détails…..

Un régime « terroriste »

Et pourquoi s’arrêter en 2002 puisqu’en 2015, le 16 avril les « Niinjas », la police anti émeute du régime MPLA est accusée d’avoir commis un massacre de plus de 1000 personnes sur le Mont Sumi dans la province de Huambo. Un nouveau drame dont le MPLA est entièrement -et seul- responsable et qui prouve que la terreur est incluse dans la gouvernance de ce parti. Les deux premiers massacres de 1977 et de 1992, même s’ils doivent rester comme une tache indélébile pour le MPLA, peuvent être imputés au climat de « guerre civile » qui régnait dans le pays. Je n’y crois pas mais je l’écris. Mais ce massacre de 2015 sur une secte adventiste du 7eme jour en train de prier, alors que le pays est en paix depuis 13 ans, montre bien, sans discussion possible, la nature profonde de ce régime fondamentalement « terroriste ».

En lisant ce discours insensé, je me demande comme un chef d’état peut ainsi, en 2021, tenter de quelques traits de plume, et sans envisager une seule seconde que la justice des hommes puisse s’intéresser à ses massacres, effacer de la mémoire collective et de l’histoire de l’Afrique une centaine de milliers de personnes. Le Président dos Santos, dont la famille est déjà rendue responsable de détournements de fonds sans précédent, peut aujourd’hui être accusé d’avoir du sang sur les mains: il coule des jours paisibles en Espagne sans avoir, semble t il été incriminé dans aucune des actions que vient de révéler son successeur

                                                                                  Yves Loiseau

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Angola, l’homme d’affaires Vincent Miclet se défend! https://mondafrique.com/politique/angola-lhomme-daffaires-vincent-miclet-se-defend/ Tue, 28 Jul 2020 06:08:04 +0000 https://mondafrique.com/?p=39664 Entrepreneur ayant développé des activités en Afrique tout le long de sa carrière et figure de la Jet-Set notamment au Maroc, Vincent Miclet est un personnage à la fois emblématique et contesté sur le continent africain. Discret et tenace, ce dandy du business survit aux attaques. On dit qu’il a l’oreille de plusieurs chefs d’Etats […]

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Entrepreneur ayant développé des activités en Afrique tout le long de sa carrière et figure de la Jet-Set notamment au Maroc, Vincent Miclet est un personnage à la fois emblématique et contesté sur le continent africain. Discret et tenace, ce dandy du business survit aux attaques. On dit qu’il a l’oreille de plusieurs chefs d’Etats africains et a vécu au Tchad, au Gabon ou encore en Guinée Bissau.

L’Angola, terre de mission

Mais ses affaires les plus emblématiques sont en Angola, où il a développé son entreprise PetroPlus grâce à des liens privilégiés avec le pouvoir notamment sous le rêgne de l’ex président Dos Santos. Il a récemment été la victime d’accusations lourdes en Angola de la part d’une partie de la presse en France.

Pour Mondafrique, il sort de son silence et livre « sa » vérité sur les fameux « 400 millions de dollars », dévoile ses nouvelles ambitions angolaises et évoque sa relation avec l’actuel Président Joâo Lourenço.

Voici l’entretien en langue portugaise

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Angola, corruption et coronavirus fragilisent le président Lourenço https://mondafrique.com/politique/angola-corruption-et-coronavirus-fragilisent-le-president-lourenco/ Mon, 30 Mar 2020 14:31:41 +0000 https://mondafrique.com/?p=36633 A mi-mandat, João Lourenço saura-t-il conserver la confiance des Angolais d’ici les prochaines élections? La pandémie du Covid19 vient accentuer la crise économique angolaise et fragiliser la politique de lutte anti-corruption du président angolais essentiellement dirigée vers la famille de son prédécesseur Une enquête de Michael Pauron « Pour l’instant, tout va bien, sauf la crise, […]

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A mi-mandat, João Lourenço saura-t-il conserver la confiance des Angolais d’ici les prochaines élections? La pandémie du Covid19 vient accentuer la crise économique angolaise et fragiliser la politique de lutte anti-corruption du président angolais essentiellement dirigée vers la famille de son prédécesseur

Une enquête de Michael Pauron

« Pour l’instant, tout va bien, sauf la crise, qui s’accentue » : ces mots de Rafaël Savimbi, député angolais de l’Unita (opposition) résume à eux seuls la situation du pays qui a décrété, le 27 mars, l’état d’urgence afin de lutter contre le coronavirus. Cette pandémie, qui semble s’accentuer ces derniers jours dans ce pays d’Afrique australe comme sur l’ensemble du continent africain, vient fragiliser un peu plus une économie déja précaire.

Une croissance revue à la baisse

Le Fonds monétaire international (FMI) envisageait une légère reprise de la croissance en 2020, à 1,2 % après quatre années de récession. Mais le contre choc mondial du Covid19, qui a fait chuter durablement les prix du pétrole en dessous des 30$, est venu anéantir les espoirs du deuxième producteur africain de pétrole. Le budget 2020 a été révisé, alors que le cours du Brent a clôturé le 27 mars en dessous des 22$.

La situation entame la confiance des Angolais envers le président João Lourenço, qui a pris ses fonctions en septembre 2017, après les 38 années de règne de José Eduardo Dos Santos. Son accession au pouvoir s’était accompagné d’un vent d’espoir, même s’il demeure un pur produit du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), parti-État qui dirige l’ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1975.

La montée des insatisfactions

En annonçant une série de réformes, la tenue d’élections locales afin d’améliorer la représentativité territoriale, et, surtout, en lançant une opération mains propres au sein même du MPLA, les Angolais avait commencé à y croire. Mais, très rapidement, devant les pénuries et une inflation galopante, la rue a fini par se remplir de citoyens excédés.

Aujourd’hui, même sa guerre contre la corruption – priorité affichée de son premier mandat -devient inaudible, taxée de clientéliste, uniquement tournée vers le clan de son prédécesseur. A commencer par la fille de l’ancien président, la milliardaire Isabel Dos Santos, femme la plus riche d’Afrique.

A la tête de la Sonangol (l’entreprise publique chargée de l’exploitation et de la production de pétrole et de gaz naturel) de juin 2016 à novembre 2017, date à laquelle elle est limogée par le nouveau président, Isabel Dos Santos est très vite accusée de mauvaise gestion et de détournements de fonds. Ses avoirs sont finalement gelés en décembre 2019 en Angola, la justice estimant à 1,1 milliard de dollars les fonds de l’ex « princesse » de Luanda dissimulés à l’administration fiscale.

Des généraux épargnés

Lorsqu’éclate en février le scandale des Luanda leaks (près de 800000 documents piratés par le lanceur d’alerte portugais Rui Pinto), la justice du Portugal décide également le gel de ses avoirs dans ce pays où elle détenait de nombreuses participations.

La croisade de Lourenço est-elle sélective ? Interrogé le 20 février par le journal portugais Expresso, Fernando Pacheco, intellectuel et conseiller du président angolais, estime que c’est « une façon très étroite d’aborder le problème. La lutte devait commencer «par le haut», c’est-à-dire avec les acteurs les plus déterminants et les plus visibles ».

Mais la clémence du président envers le triumvirat composé des généraux Leopoldino Fragoso do Nascimento « Dino » et Manuel Hélder Vieira Dias Jr « Kopelipa », et l’ancien vice-président Manuel Vicente, pose question. Pour l’instant, aucun n’a été inquiété par la justice, même si tous, sous pression, se sont déjà séparés de certains de leurs avoirs – comme le port polyvalent de Luanda, détenu par des proches de Kopelipa, et qui sera bientôt vendu.

Petits arrangements

« Le président ne pouvait pas s’attaquer à tout le monde, il a aussi besoin d’eux, c’est probablement en ce sens que, pour l’instant, l’ancien vice-président Manuel Vicente a été épargné, un arrangement a dû être trouvé », explique Daniel Ribant, consultant et auteur de « l’Angola de A à Z » (L’Harmattan). En 2018, alors accusé de corruption au Portugal, Vicente avait bénéficié d’un soutien zélé de la part de Lourenço, et obtenu que son procès soit transféré à Luanda. Fernando Pacheco défend de son côté le recours à la grâce judiciaire pour les personnes impliquées dans des affaires de corruption mais collaborant avec l’État.

Ces petits arrangements sont cependant mal acceptés par l’opinion publique, d’autant que le montant effectivement récupéré reste flou, malgré les effets d’annonce et la coopération du FBI. On estime à plusieurs dizaines de milliards de dollars les fonds détournés sous l’ère dos Santos. Et, selon plusieurs sources, seuls 4 à 5 milliards de dollars pourraient être rentrés. Parmi eux, 1,5 milliard appartenaient au seul fonds souverain, récupérés in extremis auprès de son ancien gestionnaire, José Filoméno dos Santos, le fils de l’ancien chef de l’État (jugé pour ces faits à Luanda, il est en attente d’un verdict).

Des privatisations suspectes

De nombreux avoirs ne sont pas rendus sous forme de monnaie sonnante et trébuchante. La Sonangol a par exemple récupéré ceux de Kopelipa et de Manuel Vicente détenus au sein de la Banco Economico. Elle doit désormais essayer de les revendre, dans une période où les investisseurs se font rares.

Au manque de résultats concrets et aux accusations de clientélisme s’ajoute la contre-attaque annoncée par le clan dos Santos. Un contrat de 4,2 millions de dollars signé en juin 2019 entre la présidence angolaise et le cabinet de lobbying américain Squire Patton Boggs (SPB) a brusquement fait son apparition. Ce cabinet serait notamment chargé de trouver des investisseurs, potentiellement intéressés par les nombreuses privatisations en cours à Luanda.

Lourenço fragilisé

Dans ce deal, apparaît un sous-traitant basé à Maltes, Erme Capital. Dirigé par le portugais Pedro Nuno Gomes de Espiney Pinto Ferrera, Erme capital est directement lié à Dominio Capital, société du père de Pedro Nuno Gomes, Carlos. L’une de ses filiales, Dominio Castilho, est l’actionnaire majoritaire d’une autre entité basée à Gibraltar, Founton Limited. Cette dernière a été dirigée par Manuel Vicente, comme a pu le vérifier de son côté Mondafrique.

A mi-mandat, cette affaire, la crise économique accentuée par l’épidémie de coronavirus, et les promesses non tenues, fragilisent João Lourenço, et par ricochet le MPLA. Le programme de soutien financier aux familles les plus pauvres, qui débutera en mai et touchera plus d’1,6 million de personnes d’ici 2022, suffira-t-il à convaincre les Angolais ?

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Dos Santos, Zuma, Mugabe: plus dure est la chute ! https://mondafrique.com/international/eduardo-dos-santos-jacob-zuma-robert-mugabe-plus-dure-est-la-chute/ Tue, 09 Oct 2018 15:05:29 +0000 https://mondafrique.com/?p=23132 Trois grands leaders africains, jadis célébrés dans les grandes conférences africaines -Eduardo Dos Santos, Jacob Zuma, Robert Mugabe- ont quitté récemment le pouvoir en facilitant l’accession de leur dauphin. Ils pensaient gagner leur mansuétude. Ils se sont bien trompés… Les avanies des vieux despotes déchus sont bien connues. Ne parlons pas des chefs d’État qui […]

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Trois grands leaders africains, jadis célébrés dans les grandes conférences africaines -Eduardo Dos Santos, Jacob Zuma, Robert Mugabe- ont quitté récemment le pouvoir en facilitant l’accession de leur dauphin. Ils pensaient gagner leur mansuétude. Ils se sont bien trompés…
Les avanies des vieux despotes déchus sont bien connues. Ne parlons pas des chefs d’État qui périssent dans la révolte de leur peuple ou qui prennent précipitamment le chemin de l’exil. Leur bannissement n’est d’ailleurs pas toujours synonyme de retraite dorée. Attachons-nous plutôt à revenir sur trois personnalités africaines à la longévité politique exceptionnelle, héros de l’indépendance de leur pays, qui ont dû quitter le pouvoir, à quelques mois d’intervalle, en essayant de ménager leur sortie et de protéger leur famille et leur clan. Peine perdue.
Les dauphins ne sont guère magnanimes
Dans un lointain passé, en 1982, Ahmadou Ahidjo avait démissionné pour mettre le pied à l’étrier à son dauphin, Paul Biya. On connaît la suite funeste pour le premier président camerounais. Aujourd’hui, dans des contextes très différents, on peut s’interroger sur les relations désormais sans concession, en Angola, de Joao Lourenço avec José Eduardo dos Santos, en Afrique du Sud, de Cyril Ramaphosa avec Jacob Zuma et au Zimbabwe entre Emmerson Mnangagwa et Robert Mugabe. José Eduardo dos Santos, Jacob Zuma et Robert Mugabe n’avaient-ils pas mis leurs espoirs de succession paisible en ces trois compagnons de route, au-dessus de tous soupçons de trahison.
 
La disgrâce de José Eduardo dos Santos et de sa famille
A la tête de l’État pendant 38 années (1979-2017), José Éduardo dos Santos (76 ans) a d’abord abandonné la présidence de la République, le 26 septembre 2017, à son dauphin Joao Lourenço (64 ans), puis contraint de lui céder les rênes du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) qu’il présidait depuis plus de 40 ans.
Joao Lourenço n’a pas tardé à lancer des opérations judiciaires contre la corruption et le népotisme visant la famille du vieux leader déchu, notamment sa fille Isabel dos Santos, son gendre Sindika Dokolo et son fils José Filomeno dos Santos. Isabel a été évincée de la Sonangol, société nationale des hydrocarbures, et ses sociétés comme Atlantic Ventures, perdent les marchés publics obtenus sous le règne du « Camarade N°1 ». Le frère d’Isabel, José Filomeno est en détention préventive depuis le 24 septembre 2018, pour détournement de fonds de 500 millions de dollars, du Fonds souverain qu’il dirigeait. Les purges ne font que commencer dans le famille dos Santos.
Jacob Zuma en route vers la prison
La chute du Zoulou Jacob Zuma (76 ans).est fracassante. Outre les accusations récurrentes d’agressions sexuelles et une vie matrimoniale tumultueuse, l’ancien.leader de l’African National Congress (ANC) est compromis dans de graves affaires de corruption notamment en ayant participé étroitement à l’enrichissement de la famille Gupta, dont l’empire politico-industriel est tentaculaire, grâce à des marchés publics peu orthodoxes. Il est ainsi acculé à la démission, le 14 février 2018, tout en assurant la promotion de Cyril Ramaphosa (66 ans), qui lui avait déjà ravi la présidence de l’ANC, le 18 décembre 2017. Cyril Ramaphosa, compagnon de route de Nelson Mandela, ne fera aucun cadeau à Jacob Zuma dans sa lutte nationale contre la corruption. Le 20 août 2018, il a installé une commission anti-corruption et « anti captage de l’Etat » avec le redoutable magistrat Ray Zondo qui a déjà en ligne de mire la fratrie Gupta et Jacob Zuma. Un retour à la case prison n’est pas à exclure pour l’ancien détenu de Robben Island où il avait purgé une peine de 10 ans, à côté de Nelson Mandela.

 

                         Robert Mugabe trahi par les siens

Robert Mugabe

Président du Zimbabwe durant près de 30 ans, Robert Mugabe (94 ans) fut poussé vers la sortie le 21 novembre 2017 par ses compatriotes, excédés par sa mauvaise gouvernance et les frasques de son épouse, Grâce Mugabe, qui avait nourri des velléités de succession. Le vieux leader croyait compter sur son parti politique, la ZANU-PF, et surtout sur les vétérans de son armée qu’il avait tant choyés. L’ingratitude est le moteur de la disgrâce des despotes. Emmerson Mnangagwa (76 ans), son immuable vice-président donna un « coup de grâce » à son règne sans partage.

Si dans un premier temps, Robert Mugabe pensait bénéficier d’une paisible retraite de père de la Nation, il commence à déchanter. Son épouse est dans les mains de la justice. Ses détournements massifs de fonds publics sont sur la place publique. Les partisans de « Génération 40 » de Grâce Mugabe sont arrêtés ou en fuite.  Une commission est chargée d’enquêter notamment sur la disparition d’un impressionnant volume de diamants estimés à 15 milliards de dollars. Miné par la maladie et l’âge, Robert Mugabe est désormais un homme seul, encore autorisé à se rendre à Singapour ou à Dubai, mais son nouveau statut d’opposant à Emerson Mnangagwa pourrait bientôt l’en empêcher.

L’Angolais Joao Lourenço, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa et le Zimbabwéen Emmerson Mnangawa ont déjà remplacé le nom de leur illustre prédécesseur. Ils en sont maintenant à dégrader leur image. On peut se demander si les prochaines élections présidentielles en RDC, du 23 decembre 2018, ne pourraient pas offrir un nouveau scénario avec le dauphin désigné par Joseph Kabila, empêché de solliciter un troisième mandat. Emmanuel Ramazani Shadary (57 ans) sera-t-il le successeur putatif de la dynastie Kabila et ensuite le liquidateur ?

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Le fils de l’ancien président Dos Santos en détention https://mondafrique.com/confidentiels/le-fils-de-lancien-president-dos-santos-en-detention/ Tue, 25 Sep 2018 18:40:37 +0000 https://mondafrique.com/?p=22763 Inculpé pour corruption en mars dernier, Jose Filomeno dos Santos, ancien patron du Fonds souverain angolais a été placé ce début de semaine en détention Le dossier pour lequel le fils de l’ancien président Dos Santos est inquiété concerne un détournement de fonds portant sur 1,5 milliard de dollars. D’après le parquet général, il s’agit […]

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Inculpé pour corruption en mars dernier, Jose Filomeno dos Santos, ancien patron du Fonds souverain angolais a été placé ce début de semaine en détention

Le dossier pour lequel le fils de l’ancien président Dos Santos est inquiété concerne un détournement de fonds portant sur 1,5 milliard de dollars. D’après le parquet général, il s’agit d’une détention préventive.

«En raison de la complexité et de la gravité des faits et afin de garantir l’efficacité de l’enquête (…), le ministère public a décidé d’appliquer aux accusés une mesure de détention préventive», a déclaré le procureur général, Alvaro Da Silva Joao, dans un communiqué. «Les éléments de preuve rassemblés dans le dossier constituent des preuves suffisantes que les accusés se sont engagés dans des activités de corruption», a ajouté le procureur général.

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