Angola, un pouvoir fragilisé après des élections fraudées

Les plaintes déposées par l’opposition angolaise après des résultats d’élections très contestables n’ont pas été jugées recevables

Une chronique d’Yves Loizeau 

Le MPLA continue à marteler qu’il a gagné mais son insistance finit par faire douter ses propres partisans : les manifestations de soutien au « nouveau » Président n’ont pas rassemblé grand monde y compris bien sur à Luanda dont on sait qu’elle a voté très majoritairement pour le changement.

Les décomptes de la société civile et du Mouvement Civique Mundei ainsi que ceux de l’UNITA ne sont toujours pas terminés. En résumé, aucun des deux partis ne dépasse la barre des 50 % mais il y a tout de même des chances, sans certitude pour l’instant, que, s’il opte pour le respect de la démocratie, le MPLA devance son adversaire à l’Assemblée Nationale : c’est encore une hypothèse !

Il faut noter qu’il n’y a pas eu de contestation violente des résultats ce qui prouve, tout de même, une parfaite maitrise des partis d’opposition et surtout des jeunes qui croient encore aux dispositifs légaux. Le MPLA a tout de même fait sortir la police dans les rues pour des démonstrations de force et une mobilisation générale de l’armée aurait été elle aussi prononcée.

Un des phénomènes de cette situation c’est l’interrogation que se font aujourd’hui les opérateurs économiques… Jusqu’à présent, ils raisonnaient sur l’idée que quoiqu’il arrive le MPLA conservait le pouvoir ! Aujourd’hui ils semblent commencer à douter et à se poser la question de ce que le changement risque de représenter pour eux… 

Les grandes compagnies pétrolières, Total Energies et Exxon notamment, qui ont choisi leur camp depuis des lustres en faisant vivre une minorité d’oligarques angolais doivent elles aussi s’interroger. Total Energies exploite des plate formes en mer mais Exxon peut se faire des cheveux : la compagnie américaine exploite les seuls champs pétroliers angolais sur terre, au Cabinda. Deux faits caractérisent aujourd’hui cette enclave où la guérilla a repris : l’UNITA y est largement majoritaire et la compagnie américaine a financé le corps expéditionnaire cubain -donc le MPLA- pendant la guerre civile alors que le gouvernement américain finançait l’UNITA