La lutte contre la pauvreté extrême, une priorité pour Madagascar

Toliara, Madagascar - October 28, 2015: Business market scene in Toliara, Madagascar

Madagascar, la cinquième plus grande île au monde située entre le monde africain et le continent indien,  est confrontée avec presque 29 millions d’habitants aux mêmes problèmes structurels que ces deux espaces géographiques, dont l’extrême pauvreté.

Paul Chevalier, correspondant Madagascar.

Le combat pour la sécurité alimentaire est devenu une urgence absolue depuis des années, renforcé dans un contexte mondial instable : face aux catastrophes naturelles, aux conséquences de la pandémie, à la crise économique mondiale, à la guerre en Ukraine et l’inflation en découlant.

Disposant de ressources naturelles importantes, le pays affiche encore pourtant l’un des taux de pauvreté les plus importants au monde. Le Président Andry Rajoelina a dû prendre le problème à bras le corps et demander dès sa prise de fonction l’aide des Institutions Internationales pour mettre en place une politique active de soutien à la population. Ainsi, le « Plan Emergence Madagascar», mis en place par le Gouvernement sous l’impulsion du  Président Andry Rajoelina, cherche à accélérer le développement économique et social du pays, afin de répondre au plus vite aux besoins essentiels de la population. Actuellement, les populations les plus paupérisées se trouvent dans les villes, depuis qu’une partie de celles-ci ont quitté les campagnes dans l’espoir d’une vie meilleure. L’objectif clairement affiché est de hisser Madagascar au niveau des pays émergents et rattraper au plus vite le retard de développement accumulé depuis des décennies.

Près de 4% de croissance

Ce n’est pas un problème de croissance du pays qui est responsable de la situation : même juste après la pandémie, l’île affichait une croissance de près de 4% et elle est déjà estimée pour 2023 à 4,2%. Selon la Banque Mondiale, c’est la répétition des cyclones qui a aggravé la situation. Habitations précaires, situation économique fragile, personnes sans ressources : « Les cyclones répétés ont augmenté de 27 % le taux de pauvreté parmi les ménages touchés. »[1]. En février, un soutien massif était apporté par l’Etat à la région de Boeny, durement touchée par une tempête tropicale.

Le Président Andry Rajoelina

L’insécurité alimentaire

En décembre 2022 puis en février dernier, le Président Andry Rajoelina recevait des représentations de la Banque mondiale pour faire un point sur les projets en cours, en matière d’agriculture, d’industrialisation, et d’infrastructures. Une attention particulière a été portée à l’insécurité alimentaire en cours et à la malnutrition des enfants. C’était un des vœux du Président malgache soutenu par David Malpass Président de la Banque mondiale, venu ici en 2019, peu de temps après sa nomination.

Dans le sud du pays par exemple, et ce grâce au Fonds Monétaire International (FMI), 332 millions de dollars ont été alloués en 2021 et destinés à la mise en place d’infrastructures sociales et routières, au développement des énergies renouvelables, à l’accès à l’eau potable, à la lutte contre la malnutrition ainsi qu’aux actions de développement. Par ailleurs, la même année, le gouvernement a lancé officiellement le projet de « Titre Vert ». Dans de nombreuses régions du Sud toujours, des centaines d’hectares de terrain sont aménagés afin d’être exploités à l’aide de techniques agro-écologiques innovantes adaptées au contexte du Sud. L’Etat fournit à chaque fois aux bénéficiaires prévus, des semences, des animaux d’élevage ainsi qu’une formation sur l’agriculture et l’élevage.

Une priorité de la Banque Mondiale

D’après le site de la Banque mondiale et grâce à la bonne entente entre les deux Présidents, l’institution internationale a intégré Madagascar  dans ses priorités, à travers un Cadre de partenariat pays qui a été régulièrement réajusté en fonction de la situation sur place : « En mars 2023, le portefeuille de la Banque mondiale à Madagascar s’élève à 4,2 milliards de dollars et comprenait 26 projets nationaux.»[2] De nombreux projets gouvernementaux sont actuellement à l’œuvre en partenariat avec l’institution : projets de connectivité pour améliorer les infrastructures sur l’île, désenclaver les zones rurales les plus isolées, soutien aux services de santé post-pandémie, stimulation du secteur des petites et moyennes entreprises, soutien aux populations les plus déshéritées, soutien au service public en matières de prestations sociales de tous ordres, soutien des ménages agricoles aux marchés, financement de nouvelles infrastructures d’irrigation plus performantes et rationnelles.

Face aux catastrophes naturelles à répétition subies par l’île, l’Union européenne a également beaucoup contribué au développement du pays, dans le cadre d’un accord de coopération en cours de renouvellement. C’est en effet dans le cadre de l’accord de Cotonou que la coopération politique, économique et commerciale et de développement a été adoptée en 2000 pour 20 ans[3].

Il est impératif de signer un nouvel accord pour poursuivre dans ce sens et soutenir un gouvernement qui veut au plus vite éradiquer ce fléau de la pauvreté qui, sinon, peut provoquer à terme un risque d’instabilité politique, de radicalisation de couches de populations entières, d’influence du fondamentalisme, voire de chaos social s’il n’est pas endigué au plus vite.

Enfin, l’Union africaine n’est pas en reste et est très présente sur place : dernièrement, la Représentante Spéciale du Président de la commission de l’Union Africaine, Madame Hawa Ahmed Youssouf, a déclaré que depuis les quatre dernières années, une stabilité politique avait été établie à Madagascar et que l’île n’avait pas de raison de revenir en arrière.

[1] https://www.banquemondiale.org/fr/country/madagascar/overview

[2] Déja cité

[3] https://www.eeas.europa.eu/madagascar/lunion-europeenne-et-madagascar_fr?s=106