L’incroyable acharnement judiciaire contre Alexandre Djouhri

La justice français ne détient aucun élément à charge contre Alexandre Djouhri dans le fameux dossier d’un éventuel financement libyen de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007. Les magistrats lui interdisent pourtant de rencontrer des personnalités, comme l’ancien ambassadeur Maurice Gourdault Montagne, qui ne sont en rien impliqués dans ces enquêtes. Cerise sur le gâteau judiciaire, le Parquet financier n’a posé aucun acte nouveau dans l’instruction de ce dossier et tarde à prendre ses réquisitions depuis huit mois. De peur sans doute de ne pas sortir vraiment grandi de cette instruction ultra médiatisée, mais totalement bâclée.  

La justice française risque de ne pas sortir vraiment grandie de cette instruction ultra médiatisée, mais totalement bâclée contre Alexandre Djouhri.  

Toute rencontre entre l’homme d’affaires Alexandre Djouhri et le diplomate Maurice Gourdault-Montagne, un proche collaborateur de Dominique de Villepin devenu l’ambassadeur de France à Tokyo et à Londres, reste proscrite par la justice française. Ainsi vient d’en décider la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris dans un arrêt rendu le 16 février 2023.

Les années Chirac

Depuis sa mise en examen, trois ans auparavant dans le cadre de la procédure contre un possible financement libyen de Nicolas Sarkozy, Alexandre Djouhri a l’interdiction d’entrer en contact avec les autres protagonistes du dossier: Nicolas Sarkozy, naturellement, mais aussi l’ancien ministre Claude Guéant, ou encore  Souheil Rached, relais constant des services secrets français devenu un témoin clé dans ces relations franco libyennes. Ce dernier -on peut s’en étonner- n’a jamais été entendu par la justice française (voir le papier ci dessous)

C’est dans le cadre de ce contrôle judiciaire, qu’Alex, comme le surnomment ses amis, doit s’abstenir de toute relation avec son vieil ami, Maurice Gourdault-Montagne qu’il connait depuis les années Chirac. Les deux hommes étaient en effet fort proches de l’ancien Président.

« Les besoins de l’enquête » sont invoqués par la justice pour justifier une telle interdiction. Seul souci, Alexandre Djouhri n’a jamais été mis en examen dans le volet libyen de l’instruction. Quant à l’ex-secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Maurice Gourdault Montagne, il  a été interrogé comme simple témoin dans cette affaire. On ne voit pas très bien d’ailleurs comment ce diplomate, chiraquien pur jus, aurait pu participer à un financement libyen illégal en faveur de Nicolas Sarkozy.

Amitiés libyennes

Alexandre Djouhri n’a jamais caché ses amitiés libyennes, notamment avec Bechir Saleh, le « Monsieur Afrique » de Khadafi. Au total, la justice française manque totalement de munitions pour le mettre en cause en raison de cette seule proximité. L’amitié n’estpas encore un délit !

D’après les nombreuses fuites dans la presse qui ont rythmé l’instruction, les seules accusations précises contre Djhouri concernent une possible surfacturation dans la vente aux autorités libyennes, via une cascade de sociétés, d’une villa située dans le sud de la France. Une certitude, les sommes en jeu sont relativement faibles et aucun transfert de fonds n’apparait entre Djhouri et l’entourage de Sarkozy. C’est peu, judiciairement parlant, pour faire de cet homme d’affaires le coeur d’un scandale d’état.

La justice reproche également à Alexandre Djouhri d’avoir offert une modeste montre à Claude Guéant, collaborateur de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur. On le met en cause enfin pour avoir reçu une commission de deux millions d’euros de la part groupe EADS dans la vente d’Airbus. Ces fonds ont été versés sur un compte que Djouhri possède, en son nom propre, à la banque UBS. Et cela de façon totalement transparente.

Dossier Djouhri, les petits arrangements du juge Serge Tournaire

Chemin de croix judiciaire 

Le parcours de ce fils d’immigrés, depuis les cités maudites de la République jusqu’aux Palais nationaux, aura été exceptionnel, sans la moindre condamnation pénale et au contact de personnalités prestigieuses, aussi bien dans le domaine politique qu’industriel. En janvier 2018, Alexandre Djouhri voit le ciel lui tomber sur la tête. Il est arrêté à Londres après qu’un mandat d’arrêt européen ait été émis par le juge d’instruction Serge Touraine, un magistrat qui s’était s’ forgé une réputation de chevalier blanc après avoir fait chanceler de nombreux hommes politiques français. 

Ces dernières années, Alexandre Djouhri a été présenté sans aucune preuve comme le personnage central du présumé financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

Ce qui lui a valu une perquisition en Suisse opérée par quelques dizaines de policiers venus de Paris, une extradition depuis le Royaume Uni, trois incarcérations à Londres et à Paris, une grave dégradation de son état de santé et un déluge d’articles à charge dans une presse largement alimentée par les enquêteurs du Pole financier. Et toute cette agitation judiciaire pourquoi? Pour ne pas être mis en examen finalement dans le fameux volet libyen du dossier et pour être autorisé, voici un an, à rejoindre, muni de son passeport, la ville de Genève où il réside habituellement. À peu près aucun article -à l’exception de « Libération », d' »Entreprendre » et de Mondafrique- n’a évoqué cette « happy end » judiciaire.

Si l’interdiction récente faite à Alexandre Djouhri d’entrer en contact avec un ex diplomate, qui s’est reconverti dans des projets avec les Saoudiens, n’est pas une persécution, cela y ressemble fort !

Souheil Rached, témoin clé des largesses de Khadafi