Trois jours à venir décisifs pour la survie du pouvoir iranien

Alors que le soulèvement en Iran marque son 80ᵉ jour de mobilisation, les habitants de tout le pays se préparent à une campagne de trois jours d’intenses protestations contre le régime à partir de ce lundi qui préparent la journée nationale des étudiants le 7 décembre. Le pouvoir en face lâche du lest notamment sur le port obligatoire du voile. 

Dimanche, les protestations ont commencé par des manifestations d’agriculteurs à Ispahan et de travailleurs hospitaliers à Chiraz, qui continuent de souffrir de la détérioration de leurs conditions de vie sous le régime des mollahs. Les étudiants de plusieurs campus des universités  ont également participé à des protestations. Les attaques contre les symboles du régime se sont poursuivies à un rythme soutenu dans tout l’Iran.

La dialectique des mollahs

Samedi 3 décembre, le procureur général d’Iran Mohammad Jafar Montazeri a annoncé que « le Parlement et le pouvoir judiciaire travaillaient » sur la question du port du voile obligatoire, sans préciser ce qui pourrait être modifié dans la loi. Ils n’ont pas précisé l’étendue des concessions qu’ils entendaient réaliser. Dimanche 4 décembre, le même a annoncé le démantèlement de la police des mœurs, un corps de surveillance du vêtement féminin, créé en 2005.Le président Raissi a déclaré lors d’un point de presse : « Notre Constitution a des valeurs et des principes solides et immuables […], mais il existe des méthodes de mise en œuvre de la Constitution qui peuvent être infléchies », a-t-il dit.

Plus tôt dans la semaine, ce haut magistrat avait déclaré que le Parlement et le Conseil suprême de la révolution culturelle, un autre organisme chargé de contrôler la vie et le comportement des gens, feraient connaître leur avis sur la question du hijab obligatoire dans deux semaines.
De nombreux gouvernements occidentaux, dont le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada, ont déjà inscrit la « police de la moralité », l’unité chargée de faire respecter la loi sur le hijab, sur leur liste d’entités sanctionnées.

Pour l’instant, aucune annonce officielle concernant la police des mœurs ou un allègement des règles concernant le port du voile n’a eu lieu. Seules les déclarations du procureur font foi.

Deux femmes sur trois sans le voile

Il sera intéressant de voir comment le principe du voile sera réaffirmé tout en étant assorti d’une multitude de dérogations. D’après les témoignages en provenance d’Iran, deux femmes sur trois déjà ne portent plus le voile dans la rue.

Depuis la mort de Mahsa Amini le 16 septembre, la mobilisation ne faiblit pas en Iran. La jeune femme de 22 ans était décédée trois jours après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique imposant notamment aux femmes de porter le voile en public. 

L’obligation pour les femmes de sortir voilées est le résultat d’une loi votée en 1983, soit quatre ans après l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeiny. La loi de 1983 a institué également la police des mœurs pour « répandre la culture de la décence et du port du voile ». En juillet 2022, le président Raïssi a fait voter une loi « sur le voile et la chasteté du pays » qui avait durci le code vestimentaire féminin : non seulement, le foulard était obligatoire, mais il devait couvrir aussi le cou et les épaules.

Toute la question est de savoir si cette annonce va avoir un impact sur les manifestants et faire retomber la tension. Ou pas.

 

Encadré, 80 jours de mobilisations

Les chirffres sur les mobilisations en Iran     
Manifestations : 280 villes
Nombre de morts : Plus de 680 morts estimés, 565 identifiés par l’OMPI
Détentions : 30,000+
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