Algérie, une vaste campagne numérique anti Gaïd Salah

Une campagne numérique a été lancée sur Internet pour ternir l’image de l’actuel pouvoir militaire algérien, animée par quelques nostalgiques de l’Etat DRS, du nom des services secrets algériens du temps du général Medienne, dit Toufik

Les nostalgiques de l’Etat DRS, cette police politique qui a géré l’Algérie depuis l’Indépendance, jusqu’en 2015, date de l’éviction de Toufik, ont ouvert quelque 17000 comptes twitter pour propager des fausses nouvelles contre l’institution militaire et son chef, le général Gaïd Salah. C’est du moins l’estimation qui est donnée aujourd’hui par les services sécuritaires algériens.

Le défenseur des causes perdues

Said, Bensdira, le défenseur des causes perdues

Encore faut-il quelques mercenaires de la plume pour produire un peu de contenu. Parmi les propagandistes les plus actifs, il faut citer l’ami Said Bensdira, un ancien obligé de l’ex DRS qui est aujourd’hui réfugié à Londres. A « Mondafrique », nous le connaissons bien qui dénonça les agissements du directeur du site Nicolas Beau affublé, avec une imagination débordante, du surnom de « Nicolas Moche ». Ce qui est cocasse, c’est que voici trente ans, un certain Mohamed Mequemdem, un obligé du DRS aujourd’hui décédé, qui oeuvrait à la présidence sous Chadli, avait utilisé ce même type d’injure.

Joli parcours en tout cas que celui de Bendsira qui a fait ses classes auprès du général Smain, longtemps numéro deux du DRS et ‘homme fort de la répression durant la décennie noire, avant de décéder officiellement d’une crise cardiaque. Ce communicant qui possède aujourd’hui une chaine d’informations sur le net à Londres a fait un séjour aux Emirats et à Bahrein, où il aurait été recruté, dit-on, par les services britanniques. Depuis, Bendsira s’est mis au service du général Nezzar et de son fils Lotfi, qui viennent l’un et l’autre d’être condamnés à vingt ans de prison pour complot contre la sécurité de l’Etat. C’est Bendsira qui, ces temps ci, parle au nom du clan Nezzar.

Le général Nezzar et son « communicant », Saïd Bendsira, cet été à Barcelone

De la communication tous azimuts

Notre ami Bendsira, qui travaille de concert avec quelques sites opposés à l’institution militaire, orchestre des campagnes contre Gaïd Salah, le chef d’état major qui est aujourd’hui l’homme fort du pouvoir. Dans trois vidéos, on l’a vu récemment menacer de révéler les turpitudes de la famille du chef de l’armée, grâce aux révélations d’un riche homme d’affaires d’Annaba et député du FLN, Bahaa Eddine Tliba, qui vient de s’enfuir d’Algérie après avoir été très proche du fils de Gaïd Salah. Là encore, il se présente comme le porte parole et le communicant du milliardaire.

Ces jours ci, on a vu Said Bendsira, dans une forme étincelante, propager sur les réseaux sociaux l’information farfelue qui voudrait que Gaïd Salah soit convoqué en Suisse comme témoin dans le cadre du procès qui est fait à Nezzar pour crimes contre l’humanité pour son comportement durant la décennie noire algérienne. Or le principal plaignant dans ce dossier, Seddik Dadi, vient de démentir cette nouvelle de façon catégorique.

En voulant mettre en cause l’ensemble de l’armée dans les possibles exactions commises par le seul Nezzar et ses sbires, Said Bendsira aura probablement réussi à resserrer les rangs au sein d’une institution militaire effectivement divisée. C’est là une belle opération involontaire de communication.

ERRATUM Nous avions écrit par erreur et nous nous en excusons que Marc Owen Jones, diplômé en 2006 de l’université de Cardiff et docteur de l’université à Durham, avait conclu après avoir étudié quelque 5000 comptes, à l’origine de 20000 twitters, que les adversaires de l’armée avaient déclenché une vaste campagne de désinformation sur la toile. En fait les conclusions de ce chercheur étaient exactement à l’inverse de ce constat. D’après lui, c’est le pouvoir algérien actuel qui intervient massivement sur Internet pour mener des campagnes de désinformation.

Clairement les réseaux sociaux sont aujourd’hui en Algérie le réceptacle d’une masse de pseudo informations, tronquées et falsifiées, que publient aussi bien les partisans que les adversaires de l’institution militaire

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