Le Sahara marocain s’inscrit dans le sens de l’Histoire

Le 21 avril, le Conseil de Sécurité s’est à nouveau réuni, mais sans le moindre résultat concret, pour examiner la situation du Sahara occidental dont l’avenir se dessine ailleurs que dans l’enceinte de l’ONU

Ces dernières années, la stratégie marocaine adoptée pour marginaliser le Front Posisario, bras armé de l’hypothétique République, a marqué des points. Autant d’avancées que les palabres à l’ONU sur un impossible référendum d’autodétermination, n’ont pas toujours reflété. 

Revenue en force au sein de l’Union Africaine,  la diplomatie marocaine a trouvé de nombreux alliés au sein du mode arabe et africain. Entre Laâyoune et Dakhla, le Royaume marocain a favorisé l’ouverture de quinze consulats généraux de pays africains. La décision de l’ex Président Trump, qui ne sera vraisemblablement pas contestée par le camp démocrate, de reconnaitre la marocanité du Sahara, renforce une incontestable dynamique internationale..

Les équilibres régionaux penchent également en faveur de Rabat. L’élection en Mauritanie d’un Président, Mohamed Ghazouani, dont les liens avec le Maroc sont traditionnellement excellents, marque un réel tournant. Une vraie dynamique régionale qui pourrait s’étendre jusqu’au Sénégal et à l’Afrique de l’Ouest est désormais possible si la situation au Sahara se stabilise.

Quant aux généraux algériens qui, par détestation du Maroc,  avaient fait de la question sahraouie un marqueur absolu, ils n’ont plus les moyens financiers ni la légitimité politique  pour porter à bout de bras des combattants du Polisario. Une grande majorité du peuple algérien est désormais  indifférente à ce nationalisme de façade.

Il est temps que les dirigeants algériens, en butte aux revendications lancinantes de leur minorité kabyle, fassent enfin  un solide examen de conscience.

Deux logiques antagonistes

Lorsque les Espagnols ont décidé d’abandonner le Sahara à son sort, deux logiques se sont affrontées violemment. On vit Hassann II,  affaibli par deux tentatives avortées de coups d’Etat contre la monarchie, rassembler avec succès le peuple marocain dans une « marche verte » dont l’objet était l’annexion de l’ancienne colonie espagnole. Mais au nom du droit des peuples à disposer d’eux mêmes, quelques milliers de  sahraouis s’opposèrent à ce dessin nationaliste et affirmèrent, non sans panache à l’époque, leur volonté d’être maitres de leur destin

Au départ, la cause de la minorité sahraouie n’était évidemment pas indigne. Il reste que la gestion des frontières héritées de la colonisation s’est faite généralement au profit des États Nations en formation et contre les droits des minorités. Si le soutien des généraux algériens n’avais pas permis au Polisario de survivre dans des camps improbables depuis quarante cinq ans, les revendications des sahraouis auraient été balayées par le vent de l’Histoire. Ils n’auraient pas été les seuls dans ce cas. Sous d’autres latitudes, les Corses et les Basques ont eu aussi quelques raisons de penser qu’ils avaient été  les oubliés de l’Histoire. 

Un avenir commun

Une certitude, une République sahraouie ne serait pas viable aujourd’hui. Un territoire de 250000 kilomètres carrés, peuplé par quelques centaines de milliers d’habitants, pourrait être, dans cette région instable,  la proie des groupes armés djihadistes. Un tel État serait, en tout cas, un formidable banc d’essai pour les trafics en tous genres, y compris les cargaisons de drogues venues des Amériques via l’océan Atlantique.  

Le sort de ce territoire stratégique, coincé entre la Mauritanie, l’Algérie et le Maroc, a empoisonné les relations régionales. Tout aurait du réunir ces pays dans une commune dynamique de partenariat et de développement. Après tout, les Marocains et les Algériens n’avaient aucun différent territorial. Ces frères ennemis avaient même trouvé un  accord  en 1989 sur les contentieux nés, vingt six ans plus tôt lors de la guerre dite des sables de 1963. Hélas, les  vaines querelles sur le dossier du Sahara ont entretenu un affrontement permanent qui a nourri dans les deux pays une propagande médiocre aux relents xénophobes

L’Algérie et le Maroc doivent tourner la page du Sahara et construire un avenir commun. 

Sahara : un briefing du Conseil de sécurité pour rien

 

 

 

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)

5 Commentaires

  1. Je me disais bien que MondeAfrique avait un parti pris flagrant. Il n’y a pas que sur cet article ,sur tous les articles vis-à-vis de l’Algérie c’est toujours pour enfoncer . Par contre aucun article critique sur le Maroc . C’est le meilleur des pays . Quelle malhonnêteté chez Monsieur Beau quand même. Et la volonté du peuple sahraoui vous en faites quoi. monde Afrique est un journal à charge sur l’Algérie. Et vous devez passer des très belles vacances à Marrakech comme la plupart des journalistes français nous savons très bien comment vous fonctionner. et vous devez passer des très belles vacances à Marrakech comme la plupart des journalistes français nous savons très bien comment vous fonctionner.Je suis moi-même critique vis-à-vis du gouvernement algérien mais à un moment c’est trop. Vous allez jusqu’à prendre parti contre un écrivain mondialement reconnu en disant qu’il n’a aucun talent. Tout ça parce que c’est un ancien militaire et qu’il y a un conflit avec Tahar Ben Jelloun.

  2. @ abel, les installations du phosphate ne se trouvent pas dans la partie sud qui revenait à la Mauritanie, ils sont plutôt du côté Nord, du Sahara Marocain. En tout cas, historiquement le Sahara est Marocain et le restera malgré l’hystérie des militaires Algériens et les médias aux ordres de ce régime, jaloux et haineux vis-à-vis du Maroc.

  3. « il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir »
    La clairvoyance de certains responsables algériens:
    # M. Ahmed Ben Bella affirme être «toujours contre la position d’Alger quant à ce conflit» et que «la solution politique au problème du Sahara est sous la souveraineté marocaine».
    # Feu Mohamed Boudiaf: «ce conflit n’a aucune raison d’exister. Le polisario anti maghrébin ne doit plus compter sur l’aide et l’appui algériens».
    # L’ex-Premier ministre Abdelhamid Ibrahimi tout comme le général Khaled Nezar, à la retraite, avaient aussi déclaré, chacun de son côté, que la solution du conflit sera trouvée dans une autonomie interne au sein de l’unité marocaine.

  4. La ✋ main tendue par le représentant suprême en la personne du monarque lui même Mohamed six, à maintes occasions n’ont malheureusement pas trouvé écho chez les dirigeants algériens par manque de maturité politique.
    Les peuples algériens et marocains en sont victimes ;des liens sont rompus depuis plus de quarante ans maintenant.
    les pouvoirs successifs en Algérie suivaient la même politique de refus de normalisation des relations pour le bien être de tous…
    Créer un état fantôme n’est à l’ordre du jour, et les séquestrés de Tindouf n’attendent que l’occasion pour regagner la mère patrie.

  5. Sans la l’Algérie, une partie du Sahara occidentale serait sous emprise Mauritanienne après les accords tripartite Espagno-Mauritano-Marocain de 1975. Les attaques incessantes du Polisarion contre les installations du phosphate de la Mauritanie ont eu raison sur Mokhtar Ould Dada.

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