Emmanuel Macron dépourvu de toute stratégie alternative au Sahel

Le mercredi 9 novembre, depuis la rade de Toulon et devant une assemblée de galonnés, Emmanuel Macron a prononcé un discours à la fois grandiloquent et sans réelles perspectives.

 Emmanuel Macron aime endosser le costume de chef des Armées et adore brosser le panégyrique de son action. Ainsi, lors de ce discours assommant, il a une nouvelle fois vanté ses initiatives en faveur de la défense européenne, et s’assume désormais comme « un allié exemplaire de l’OTAN » après avoir constaté en 2019 que l’Alliance était en « état de mort cérébrale ». 

Tout va très bien, madame la marquise…

En revanche, lorsqu’il s’agit de ses échecs, le locataire de l’Elysée a le don de les cacher sous le tapis. A Toulon, il a donné, sans surprise, le clap de fin de l’opération Barkhane, mais sans acter pour autant l’échec de la stratégie française dans le Sahel. Le président franaçis a mentionné Takuba, la force européenne au Mali, mais une seule fois, au détour d’une phrase.

Cette opération initiative aura été pourtant la grande affaire du dernier quinquennat. Pensez donc, toute l’Europe unie et solidaire venait aux côtés de la France combattre le terrorisme. Au final, Takuba a couté « un pognon de dingue » et n’a jamais eu le temps d’être opérationnelle. Un feu de paille…

Demain est un autre jour…

Ceux qui attendaient ce discours consacré à la nouvelle revue stratégique pour connaître la prochaine doctrine militaire de la France en Afrique restent sur leur faim. Sur le sujet Emmanuel Macron s’est adonné à un empilement de phrases creuses. Il s’agit « de bâtir avec les intéressés, une organisation avec des instruments communs et partagés de soutien aux armées de la région. » ; de construire « une logique de coopération et d’appui » avec « un dispositif plus léger et plus intégré ». Pour rappel cela fait 62 ans que la France apporte sa « coopération » et « son appui » aux armées africaines avec le succès que l’on connait. P

Emmanuel Macron a annoncé que cette stratégie sera finalisée dans six mois « après les concertations étroites et intimes que nous souhaitons conduire » « Intimes », dites-vous? Le Président français, emporté par une certaine créativité sémantique, a lancé le nouveau concept, inconnu de tous jusqu’alors, celui d’« intimité stratégique » ! Qu’est-ce donc cette intimité stratégique? Une représentation freudienne appliquée aux armées ? Par ces temps de vents violents pour la France en Afrique, il n’est pas certain que ces improvisions conceptuelles soient très appréciées.

La France, « pourvoyeuse de sécurité »

Mais le chef de l’Etat ne se contente pas d’inventer de nouveau concept, il pique aussi ceux des autres. Ainsi il souhaite que la France soit un « pourvoyeur de sécurité » copié-collé de l’expression américaine « security provider ». Et il a une grande ambition pour le pays. Être aux côtés des partenaires étrangers de « l’Afrique subsaharienne au Golfe arabo-persique, en passant par la Corne de l’Afrique » Sans oublier « l’Indo-Pacifique (…) les Emirats, Djibouti, jusqu’à l’Inde, l’Asie du Sud et l’Océanie. » Il a oublié l’Arctique !

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