Les Émirats grands gagnants du « coup d’État » en Tunisie

031030-D-2987S-007 Deputy Prime Minister and Minister of State for Foreign Affairs Sheikh Hamdan bin Zayed, of the United Arab Emirates, meets with Deputy Secretary of Defense Paul Wolfowitz in the Pentagon on Oct. 30, 2003. Accompanying the Deputy Prime Minister is Ambassador of the United Arab Emirates Al Asri Al Dahri. DoD photo by Helene C. Stikkel. (Released)

 Après les échecs en Libye du maréchal Haftar qui est leur allié, les Émirats arabes unis  de Mohammed Ben Zayed, dit MBZ; voient leur influence renforcée en Tunisie aves la fermeture brutale des bureaux de la chaine qatarie Al Jazeera.

Les bureaux de la chaine qatarie Al Jazeera à Tunis

L’ordre donné par le président tunisien de fermer le bureau d’Al Jazeera est une belle victoire pour MBZ, le prince héritier émirati. Cette fermeture est à ses yeux une revanche sur le Qatar, son ennemi de toujours et le propriétaire de cette chane de télévision qui depuis leprintemps arabe, est devenue la vitrine des Frères Musulmans.

Ce lundi, 26 juillet 2021, la police tunisienne a fait irruption dans les locaux du bureau d’Al Jazeera à Tunis. Elle a délogé par la force tous les journalistes présents sur place. Cette descente musclée, par des policiers en civil et en tenue, ne repose sur aucune décision judiciaire. Les policiers interrogés par les journalistes ne disposaient d’aucun document de justice à fournir, « nous appliquons les instructions » répondaient-ils.

Les journalistes présents sur les lieux ont contesté le caractère répressif de l’opération. « C’est la liberté de la presse qu’on veut mettre au pas comme à l’époque de Ben Ali » a fustigé l’un d’eux. Leurs craintes se confirment une fois à l’extérieur. Les abords du Bâtiment sont sous le contrôle de la police qui ne veut aucun témoin oculaire.

« Al Jazeera » relaie le soutien du Qatar au parti Ennahdha qui a toujours été proche du mouvement des frères musulmans. Pour MBZ Al Jazeera a toujours été  l’arme médiatique, du Qatar dans les mouvements de contestation du monde Arabe. La fermeture du bureau de cette télévision à Tunis est pour lui une très bonne nouvelle

La Tunisie, base arrière de la Libye

Ce qui i inquiète les Émirats, c’est que les frontières tuniso-libyennes sont désormais contrôlées par le GUN (gouvernement d’union nationale), avec le concours des experts turcs. Un grand nombre de Tunisiens du sud sympathisent avec les forces libyennes par aversion du maître de Benghazi., le maréchal Haftar. Cette situation n’est pas pour plaire aux Émirats. C’est pour cette raison que le pissant Émirat cherche depuis le départ de Ben Ali en 2011 à renforcer ses positions en Tunisie où se joue en partie l’avenir de la Libye.

À la fin du rêgne de Beji Vaid Zssebsi, les qataris avaient soutenu les tentatives du ministre de l’Intérieur d’alors, Lotfi Brahem, de s’emparer du pouvoir. Cette tentative avait échoué. Mais les ambitions pour la Tunisie de MBZ, le prince héritier émirati,  commencent à prendre forme depuis le quasi coup d’État de Kais Saied. Lequel n’agit pas sur ordre des monarchies pétrolières comme ce fut le cas de Lotfi Brahem mais avec leur évident soutien.

Il sera intéressant dans les jours qui viennent de voir sir Lotfi Brahem dont on avait parlé cet hiver pour prendre la tète de la garde présidentielle fait un retour en force sur la scène politique tunisienne.

Tunisie, les ambitions déçues de Lotfi Brahem

 

Tunisie, « Orient 21 » revient sur l’éviction de Lotfi Brahem