Pour Le Drian, ce sera l’Afrique plutôt que le Canada

Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, part en Afrique et non au Canada où se rend Emmanuel Macron du 6 au 8 juin. En effet la situation dramatique en Centrafrique appelle une solution urgente.

Le président français, Emmanuel Macron, se rend au Canada du mercredi 6 juin 2018 au samedi 9 juin 2018. Ce voyage n’est pas anecdotique, loin de là. Avec Justin Trudeau, le premier ministre canadien, Emmanuel Macron évoquera la guerre commerciale engagée par Trump et l’avenir de la francophonie. Une rencontre aura lieu également avec le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard et enfin, la réunion du G7 avec les États Unis d’Amérique brassera quelques sujets cruciaux: l’avenir de l’OMC, la Syrie, l’Iran, les taxes américaines, la Corée du Nord, le terrorisme et les relations entre l’Europe et les Etats-Unis d’Amérique.

Or le président français effectue son voyage officiel sans son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, remplacé par le secrétaire d’État Jean-Baptiste Lemoyne. Jean-Yves Le Drian préfère partir au Congo, au Tchad et en Éthiopie.

Le Drian, le retour en Afrique

Quelle est donc l’urgence qui pousse le chef de la diplomatie française à gagner ainsi l’Afrique centrale, où il ne s’était pas encore rendu comme ministre des Affaires Etrangères? Sans doute la situation périlleuse de la Centrafrique qui n’est pas pour rien dans ce périple.

Les visites successives à Denis Sassou Nguesso, médiateur de la crise en Libye et en Centrafrique, puis à Idriss Deby Itno, interlocuteur essentiel pour la crise centrafricaine et enfin à Addis Abeba, siège de l’Union africaine, qui conduit des processus de sortie de crise notamment en RDC et surtout en Centrafrique, sont considérées comme prioritaires par rapport à un voyage au Canada.
Les autorités centrafricaines inquiètent non seulement les États voisins mais aussi leurs plus anciens et essentiels soutiens. Les capillarités de la crise centrafricaine au Cameroun, en RDC, au Tchad et en Guinée Équatoriale, avec les soupçons du président Obiang sur la tentative de coup d’État, ont conduit à un isolement de plus en plus marqué du président Touadera. Sur ordre d’Idriss Deby Itno, le siège de la Cemac a été transféré de Bangui à Malabo. Le Cameroun et le Tchad militarisent leur frontière avec la Centrafrique. Membre non-permanent du Conseil de sécurité, la Guinée Équatoriale ne fera aucun cadeau au président Touadera. Un cordon sanitaire se met en place envers la Centrafrique et ses actuels responsables.
Lignes rouges
La voie empruntée par le Président Touadera inquiète le G5 de Bangui, composé de l’Union africaine, l’Union européenne, l’ONU, les États-Unis d’Amérique et la France. Après l’accord secret centrafricano-russe, signé par le président Touadera, à Sotchi en octobre 2017,  on constate une arrivée massive de militaires et mercenaires russes dans de nombreux domaines. A Bangui, le G5 s’interroge sur la volonté du Président Touadera de maintenir le flou sur son engagement envers la Russie. Très curieusement, le G5 n’a pas été associé à la cérémonie de fin d’instruction militaire d’un contingent des FACA, des journalistes français sont stigmatisés, RFI et des médias nationaux font l’objet d’accusations motivant des avertissements, de graves accusations de déstabilisation du régime sont portées contre des ressortissants français en mal d’exotisme et au delà contre la France, mais également contre des personnalités politiques nationales de premier plan.
S’agit-il de leur prochaine inculpation pour atteinte à la sûreté nationale? Des députés, appartenant à la mouvance présidentielle, ont engagé une procédure de destitution contre le président de l’Assemblée nationale qui se soigne en France. Le mouvement les « Patriotes », qui ressemble de plus en plus à celui jadis de Blé Goudé en Côte d’Ivoire, se fait remarquer par ses propos haineux et par des actions de propagande d’une autre époque. L’Église catholique paie le prix fort de cette dérive. Même le très respecté cardinal Nzapalinga n’est pas épargné. Une paranoïa aiguë s’est emparée d’un Palais de la Renaissance bunkerisé.
Les signaux d’alerte commencent à interpeller les plus fidèles soutiens du président Touadera. La mission de Jean-Yves Le Drian à Brazzaville, Ndjamena et à Addis Abeba marque probablement cette inquiétude bien tardive. Est-ce le début de la fin de la politique de l’autruche ?

2 Commentaires

  1. La France a toujours pensé que la RCA serait son champ gardé. Faux
    Aujourd’hui, quelque soit la personne que la France va imposer, elle ne pourra plus être ce béni oui-oui à la solde de la France, car le peuple Centrafricain s’est réveillé de son profond sommeil. Nous ne pouvons plus continuer à se laisser bernés par la France au nom de l’amitié, les vrais amis sont ceux qui viennent à notre chevet pendant nos temps de détresse. or la France nous déstabilise et nous fragilisent pourvu l’on disparaisse de la carte, comme ça elle vient prendre nos ressources naturelles gratuitement.
    A voir le retard pris dans le développement par rapport à nos voisins et même ceux plus lointains. On n’en veut plus
    On ne veut plus entendre parler d’une coopération avec la France, cette France coloniale et colonialiste. Notre pays n’est pas non pas une zone ou la France pense pouvoir dominer, ni influencer par quoi que ce soit et pour une raison quelconque !
    Tous nos chef d’état ont laissé des témoignages de leur passage aux affaires, le retard de la RCA est en premier dû à la déstabilisation, assassinats et autres pressions exercées sur nos autorités, on n’est pas dupe
    Assez, la France coloniale !!!

  2. Je pense que cette fois-ci, la politique francaise de diabolisation de toute inititiave africaine d’emancipation du joug de la France ne vas aboutir. La plupart des Centrafricains sont avec le PR Touadera dans sa politique d’ouverture aux Russes. Nous avons vecu plus de 100 ans sous la gouverne deguisée des Francais et le pays ressemble aujourd’hui à un village: pas de routes, hopitaux, ecoles. La France se contente d’installer des dirigeants beni-oui pour piller nos richesses.
    L’arrogance de la France en refusant de reconnaitre sa responsabilité dans la descente de la RCA aux enfers va lui faire perdre le pays. La France a successivement installe au pouvoir : Dacko, Bokassa, Dacko a nouveau, Kolingba, Bozize, Dotodja, Samba-Panza, mais tous ces gens, apres se sont detournés vers d’autres pays comme la Chine ou l’URSS. Pourquoi ? Parce que la France veut tout prendre en RCA gratuitement. Les Presidents, a un momemnt donné, sous la pression du peuple sont obligés de se tourner vers d’autres partenaires pour mettre en valeur les ressources naturelles. La France qui veut garder les ressources du sous-sol de la RCA pour une utilisation ulterieure au moment où la France va decider, fait un coup d’etat et remplace le president par un autre. Mais comme la France ne fait iren pour aider au developpement de la RCA, il est a prevoir que tout President installe par la France va tot ou tard se detourner vers d’autres partenaires.
    Par consequent meme si nous (la RCA) sommes isolés par les autres pays à cause de notre relation avec la Russie, je préfère cela si ça doit ramener la sécurité au pays. Pauvre France en voie de perdition en Afrique. Internet a tout change et les media francais ne peuvent plus manipuler les peuples africains. On veut vivre dans un pays prospere et non dans un pays assujeti a la France mais miserable.
    Nima Benoit

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