Macron, ou la diplomatie du tout business

Fondateurs du site Relafrica2017.fr, Nicolas Keraudren, journaliste et José De Oliveira, communiquant présentent, deux fois par mois à travers une newsletter, le programme Afrique des candidats français aux présidentielles de 2017. Encore vague, celui d’Emmanuel Macron, favori des sondages, est tourné vers le monde de l’entreprise.

Dans le programme d’Emmanuel Macron, il est difficile de trouver des mesures claires et engageantes. D’autant plus concernant la politique étrangère de la France en Afrique s’il était amené à devenir le prochain Président. Le candidat du mouvement En Marche ! est pourtant l’un des premiers à s’être rendu sur le continent lors d’une visite remarquée en Algérie. Il est en réalité le candidat des entreprises. En Marche ! Vers le tout business. Analyse.

« Je ne suis pas venu pour faire des promesses mais pour des engagements réciproques » martèle sans cesse Emmanuel Macron. Dans un questionnaire que lui a adressé le Collectif de solidarité avec les luttes sociales et politiques en Afrique, difficile de trouver des mesures claires et engageantes de la part du candidat à l’élection présidentielle. Son équipe de campagne est d’ailleurs incapable de nous fournir les coordonnées de son conseiller sur les questions africaines, voire internationales.

Emmanuel Macron semble pourtant intéressé par l’Afrique. Dans les mémoires de l’ancien ambassadeur de France au Nigeria, Jean-Marc Simon révèle avoir pris sous son aile dans les années 2000 celui que l’on décrit comme le « petit prodige de la politique » alors étudiant à l’ENA. Selon lui, Emmanuel Macron « avait choisi volontairement d’y venir en stage ». Jean-Marc Simon est aujourd’hui le président d’Eurafrique Stratégies, une société de conseil spécialisée dans l’investissement d’entreprises en Afrique. Comme un signe précurseur.

Le candidat du mouvement En Marche ! est aussi le premier à s’être rendu sur le continent pendant la campagne présidentielle. En février 2017, il a notamment rencontré lors de sa visite en Algérie, le président des Chefs d’Entreprises (FCE), Ali Haddad. L’équivalent du Medef algérien. Une visite au terme de laquelle, l’ancien Ministre de l’Économie a déclaré vouloir intensifier la relation entre l’Algérie et la France notamment « par un partenariat économique ».

Economie

Une économie au profit des entreprises. Lors de cette même visite, Emmanuel Macron a précisé : «Je pense que la vocation de la France et de ses entreprises, c’est de contribuer à la diversification de l’économie algérienne (…) et de pouvoir travailler avec la vitalité de son tissu d’entrepreneurs ».

Cette volonté avait déjà été exprimée en juin 2016 par l’ex-Ministre de l’Économie. Alors invité de l’Institut Choiseul pour la remise d’un prix « Choiseul 100 Africa 2016 », Emmanuel Macron déclarait vouloir « plus de dialogues d’entreprises à entreprises » dans les relations franco-africaines.

Un point de vue aussi confirmé dans le questionnaire le Collectif de solidarité avec les luttes sociales et politiques en Afrique auquel son équipe de campagne a répondu. Le candidat souhaite poursuivre « le partenariat conclu dans le cadre des Accords de Cotonou, qui expirent en 2020 ». Cet accord signé en 2000 entre l’Union Européenne et 78 pays situés en Afrique, dans les Caraïbes et dans le Pacifique (ACP) fait de l’axe commercial, l’un de ses piliers.

Dans ce même questionnaire, le candidat poursuit : « les entreprises peuvent être de véritables actrices d’un développement durable et inclusif ». Ces différentes déclarations révèle l’intention du candidat de vouloir mettre les entreprises au cœur de sa stratégie.

Ecologie

L’écologie deviendrait elle-même un business lucratif. En Algérie, aux côtés du président du Medef algérien, Emmanuel Macron « a insisté sur un partenariat franco-algérien dans le domaine de l’énergie et en particulier le solaire », comme le rapporte l’agence TSA. Pour lui, « l’Algérie a la vocation et la possibilité d’être le premier marché d’énergie solaire au monde ». Le candidat semble faire du « développement énergétique » l’une de ses priorités.

Quid de l’exploitation du gaz de schiste en Algérie, malgré son intention « de ne plus donner des permis d’exploitation d’hydrocarbures, ou de recherche de gaz de schiste dans l’hexagone ».

Interventionnisme militaire

Pis, Emmanuel Macron a récemment obtenu le soutien de l’actuel ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, un fervent défenseur du complexe militaro-industriel. En 2016 sous la houlette du breton, la France a enregistré près de 20 milliards de prises de commande. Plus de 80 milliards d’euros sur l’ensemble du quinquennat de François Hollande. D’après nos informations, Jean-Yves Le Drian aurait rédigé des notes sur les questions de défense pour Emmanuel Macron.

Démocratie

Lors d’un meeting organisé le 9 mars 2017 à Talence, Emmanuel Macron déclarait : « Si nous n’avons pas une vraie politique avec l’Afrique, nous la laisserons tomber dans des déséquilibres. Nous devons tout faire pour que l’Afrique réussisse ». Sans préciser davantage sa pensée.

Pour le Collectif de solidarité avec les luttes sociales et politiques en Afrique, l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron écrivait : « l’Afrique compte encore des régimes peu démocratiques sans alternance politique ». C’est le moins que l’on puisse dire. Autant ne pas se froisser avec de potentiels clients…

Pour en savoir plus sur le programme Afrique des candidats à la présidentielle, voir le site : www.relafrica2017.fr / twitter.com/relafrica2017

Relafrica c’est quoi ?