Le Turquie voudrait se débarrasser de centaines de djihadistes algériens

L’Algérie craint de voir revenir de Turquie quelque 2000 jeunes djihadistes ou soupçonnés tels qui rentrent de Syrie à la faveur du Coronavirus. 

Les relations entre la Turquie d’Erdogan et l’Algérie des Généraux sont officiellement au beau fixe. Mais au niveau de la gestion des Algériens bloqués en Turquie, rien ne va plus.

Alors qu’Ankara voudrait se débarrasser au plus vite des centaines de jeunes algériens bloqués à Istanbul, la plupart stationnés à l’aéroport même en attente d’un hypothétique rapatriement, les autorités d’Alger craignent d’assister au retour des djihadistes partis combattre avec l’EI. Des terroristes qui  profiteraient de cette aubaine pour rentrer chez eux. Les autorités algériennes ne veulent pas recevoir les algériens sans papiers bloqués en Turquie, dont le nombre exact n’est pas connu.

Ces « sans papiers » peuvent être des jeunes harragas- « clandestins » ayant fui le pays pour un avenir économique meilleur, mais ils peuvent compter parmi eux aussi des « combattants » partis grossir ces deux dernières années les rangs de l’E.I. Comment distinguer un vrai terroriste d’un simple touriste qui a perdu ses papiers dans la précipitation ? Qu’est-ce qui distingue  un vrai combattant d’un simple sans-papier ? Casse-tête que la Turquie voudrait refiler à l’Algérie.

Un rapatriement difficilement négoc


Abdelmadjid Tebboune et son homologue Turc, Recep Tayyip Erdogan ont convenu, dans un entretien téléphonique de coopérer pour le rapatriement, à partir de ce vendredi 4 avril des Algériens bloqués en Turquie vers l’Algérie et des Turcs bloqués en Algérie vers la Turquie. « Graduellement suivant la libération des structures réservées à la mise en quarantaine », avait tenu à préciser le Président de la République sur la télévision publique. 

L’Algérie avait déjà organisé, les 20 et 21 mars le rapatriement de citoyens à partir de la Turquie.  Cependant, ces rapatriements ont été suivis de la revendication par d’autres Algériens de leur « droit » au rapatriement de Turquie, et dont le nombre est passé graduellement à presque 2000, a fait savoir le président de la République. Au risque de froisser les autorités turques qui ont de plus en plus de mal à gérer la pagaille provoquée par les Algériens dans l’aéroport d’Istanbul?

Le président Tebboune a annoncé que  rien ne doit se faire dans la précipitation :  « certains de ces Algériens bloqués en Turquie ont des billets invalides et d’autres n’ont ni billet ni même de passeport ».  Avant d’assurer que « l’Etat n’abandonnera aucun Algérien, néanmoins nous agirons d’une manière organisée pour ne permettre aucune infiltration ».

Un premier groupe en quarantaine


Un premier groupe des Algériens qui étaient bloqués en Turquie, est arrivé tôt samedi à Alger à bord d’un avion de la compagnie nationale Air Algérie. Les 269 personnes de ce premier groupe ont été placées en quarantaine au niveau de l’hôtel Mazafran affirme l’APS. L’Agence de presse officielle oublie de préciser que désormais cet hôtel est quadrillé par l’Armée et que chacun des rapatriés sera soumis à l’issue de sa quarantaine à un interrogatoire sur les motifs de son voyage en Turquie. 

Par ailleurs la gendarmerie vient d’arrêter une jeune femme âgée de 30 ans qui avait diffusé une vidéo sur une page Facebook « l’Algérie en direct », affirmant que des personnes mises en quarantaine au complexe des Andalouses à Oran, ont pu quitter les lieux avant la fin de la période d’isolement (15 jours) et ce, « en usant de leurs relations ».

Selon le site TSA qui a rendu publique cette information la femme en question s’est rétractée en soutenant dans une autre vidéo que l’information était infondée. Cela n’a pas empêché la Gendarmerie de la mettre sous les verrous pour « diffusion de fausses informations de nature à porter atteinte à l’intérêt national et outrage à fonctionnaires ». 


Par ailleurs, l’Algérie a franchi hier vendredi la barre des 1000 cas confirmés et celle des 100 morts du coronavirus Covid-19. Selon le bilan officiel publié vendredi 3 avril vers 18h00, le nombre de décès a bondi de 22 en une journée pour atteindre 105, alors que le nombre de contaminations a enregistré une hausse de 185, sa plus forte hausse journalière depuis l’apparition de la pandémie en Algérie.

Le Dr Lyes Merabet, président du Snpsp (Syndicat national des praticiens de la santé publique) notait la forte progression de la pandémie en Algérie. « Je rappelle que le 19 mars, on parlait de 90 cas confirmés de et de 9 décès du coronavirus Covid-19. Aujourd’hui, soit semaines après, on parle de 1171 cas confirmés, et malheureusement de 105 décès. Il y a deux semaines, on parlait de 17 wilayas touchées, aujourd’hui il y a 40 wilayas où sont recensés des cas de Covid-19 », a-t-il souligné dans une vidéo postée sur les réseaux dans la soirée du vendredi 3 avril, en pointant du doigt le « non-respect du confinement sanitaire. »