L’Afrique francophone boude Emmanuel Macron

 

Alors qu’ils étaient 17 présents en mai dernier à Paris pour le Sommet sur le financement des économies africaines, les chefs d’Etat d’Afrique francophone n’ont fait pas le déplacement de la capitale française cette fois-ci pour le Forum « Génération Egalité »qui se tient ce mardi. 

L’Ivoirien Alassane Ouattara, le Sénégalais Macky Sall, le Burkinabé Roch Marc Christian Kaboré ou le Nigérien Mohamed Bazoum n’ont participé, mardi dans la capitale française, au Forum Génération Egalité, co-organisé par la France, le Mexique et ONU-Femmes.  

Anglophones à l’honneur 

Si l’agenda du Forum ne prévoit aucune prise de parole d’un chef d’Etat d’Afrique francophone, il prévoit en revanche l’intervention en présentiel du président kenyan Uhuru Kenyatta qui s’exprimait lors d’un Panel dédié à la lutte contre les violences faites aux femmes. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa devrait, pour sa part, intervenir par visioconférence sur l’urgence de reconstruire une économie plus solidaire et plus juste.

L’absence des chefs d’Etat francophones au Forum de Paris en présentiel comme par visioconférence intrigue. Elle est d’autant plus surprenante qu’habituellement certains chefs d’Etats africains ne manquent jamais la moindre occasion de venir à Paris, surtout lorsqu’ils sont invités par l’Elysée qui compte sur eux pour faire du chiffre. En plus de la participation au Forum, Emmanuel Macron a convié le mardi midi à déjeuner les principales personnalités présentes au Forum dont, le président du Conseil européen Charles Michel, le Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres.   

Boycott de l’Union africaine 

Outre les chefs d’Etat et de gouvernement, l’absence de l’Union africaine au Forum n’aura pas échappé aux observateurs. Ni le président en exercice de l’Union africaine le Congolais Félix Tshisékédi, ni le président de la Commission Moussa Faki Mahamat ne sont présents à  cette rencontre présentée par ses organisateurs comme la réplique de la Conférence mondiale sur les droits des femmes organisée en 1995 à Pékin. Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’absence de participation de l’organisation panafricaine à ce Forum qui se réunit dans un contexte d’augmentation des inégalités, accentuées par la pandémie, et de recul des droits des femmes. L’Union africaine n’a donc pas d’excuse d’être absence de la rencontre de Paris censée par ailleurs redonner une impulsion décisive à l’agenda de l’égalité entre les femmes et les hommes. 

Agendas nationaux compliqués 

A la décharge de certains chefs d’Afrique francophone manquants au Forum Génération Egalité, il faut, toutefois, tenir compte de leurs agendas nationaux compliqués. L’Ivoirien Ouattara n’a pas encore fini de gérer les implications du retour au pays de l’ancien président Laurent Gbagbo. Le Sénégalais Macky Sall, à peine remis de sa tournée économique dans les régions,  surveille comme le lait sur le feu le retour probable à la confrontation avec son principal opposant Ousmane Sonko. Ses pairs sahéliens sont, quant à eux, encore trop préoccupés par le climat sécuritaire dans leurs pays pour s’offrir une villégiature à Paris. Les chefs d’Etat francophones d’Afrique centrale (Paul Biya, Ali Bongo Ondimba, Denis Sassou Nguesso) ne sont pas, de leur côté, au mieux de leurs relations avec leur homologue français Macron.