Entre Riyad et Doha, Alger refuse de choisir son camp

Alger est prise en tenaille à cause de ce conflit qui déchire toute la région du Moyen-Orient. Au moment où d’importants contrats financiers allaient être conclus entre des opérateurs qataris et des partenaires Algériens, le Qatar est ciblé par un embargo sans précédent qui risque de le paralyser. Lequel embargo est mené essentiellement par Riyad qui veut punir le petit émirat pour son rapprochement avec l’Iran.

L’ouverture des hostilités entre Ryad et Doha tombe mal pour Alger. L’Algérie avait commencé en effet de restaurer de bonnes relations avec l’Arabie Saoudite. Les deux pays avaient de nombreux désaccords sur les dossiers yéménite et syrien.

Neutralité parfaite

Depuis ce lundi matin, alors qu’Alger accueille un mini-sommet consacré à la situation en Libye, la diplomatie algérienne se veut consensuelle sur la crise qui divise les pays du Golfe. Les dirigeants algériens n’ont pas manqué de s’activer pour mettre en place un plan d’urgence dédié à la gestion de la crise qui prévaut dans la région du Golfe.

Dans son communiqué officiel, l’Algérie observe une neutralité parfaite.  « L’Algérie suit avec une grande préoccupation la dégradation des relations entre certains pays du Golfe et de la région et leurs répercussions sur l’unité et la solidarité  du monde arabe. Tout en appelant l’ensemble des pays concernés à adopter le dialogue comme seul moyen de régler leurs différends et de transcender les divergences  qui peuvent naturellement surgir dans les relations entre Etats, l’Algérie appelle à la nécessité d’observer, en toutes circonstances, les principes de bon voisinage, de non ingérence dans les affaires internes des Etats et du respect de leur souveraineté nationale. »  Et d’en appeler à « la sagesse » et « la retenue » compte tenu notamment aux risques que le terrorisme fait courir à l’ensemble du monde arabe

Le texte est clair, limpide et percutant. Il signifie à la fois que l’Algérie ne sera jamais « suiviste », mais elle reste à l’écoute de ceux et celles qui sont en colère contre Doha. Dans les coulisses, Alger est prête à faire pression sur Riayd et ses alliés, car les intérêts entre alger Doha sont immenses. Les investissements communs se comptent en plusieurs milliards de dollars. « Nous avons plus à gagner avec Doha qu’avec Riyad qui préfère déverser ses dollars ailleurs que chez nous », ironise la-dessus une source diplomatique algérienne contactée par Mondafrique.

Sauvons l’OPEP !!!

D’un autre côté, c’est le marché  gazier et ses bouleversements qui préoccupent l’Algérie. Avec une production quotidienne de 618.000 barils par jour, le Qatar  représente environ 2% de la production de l’organisation des pays  exportateurs de pétrole. En revanche, ce petit Etat de la péninsule arabique joue un rôle vital sur  les marchés gaziers internationaux en tant que premier exportateur mondial  de gaz naturel liquéfié. En 2016, il a exporté 77,2 millions de tonnes de  GNL, soit l’équivalent d’un tiers de l’offre mondiale, selon l’Union  internationale du gaz.

 » Comme la plupart des contrats gaziers à long terme sont encore indexés  sur le pétrole, cela pourrait augmenter les prix du GNL contractés », craint un cadre du ministère algérien de l’Energie. Et Alger prépare d’ores et déjà un plan de crise pour intervenir au cas où le Qatar se retirerait de l’accord de réduction de l’offre, un accord chèrement négocié à Alger  en septembre 2016. L’Algérie craint surtout que d’autres  producteurs, déjà angoissés par la perte de leurs parts de marché, peuvent  suivre l’exemple du Qatar.

La seule vraie préoccupation d’Alger est d’empêcher que  la crise diplomatique au Golfe de produire des impacts négatifs sur l’entente au niveau de l’Opep.