Alger, un sommet s’ouvre aujourd’hui mardi sur la Libye 

Les 5 et 6 juin prochain, les ministres des Affaires étrangères de  l'Algérie, de l'Egypte et de la Tunisie se réuniront tous à Alger les pour procéder à une "évaluation de la situation en Libye

Cette réunion intervient au moment où des tensions sécuritaires très dangereuses  déstabilisent la Libye. L’Egypte procède depuis plusieurs jours à des frappes militaires sur  des camps d’entraînement jihadistes dans la ville de Derna, dans l’est de la Libye. Une escalade qui inquiète Alger d’autant plus que le maréchal Al-Sissi semble avoir opté pour la force militaire sans aucun consensus avec les autres parties prenantes dans le conflit libyen. Et c’est exactement le scénario craint et redouté par Alger. Et même si les forces armées algériennes sont en état d’alerte maximale au niveau des frontières libyennes, l’Algérie n’a jamais souhaité une escalade militaire sur le territoire libyen.

France, le mauvais exemple
Après avoir expérimenté le cas Malien lors de l’intervention française à l’Azawad en janvier 2013, « l’Algérie mesure parfaitement les dégâts que peut occasionner un interventionnisme irréfléchi et impulsif », nous confie une source très proche du ministère des Affaires étrangères algérien.  « Alger croit à la table de négociation et aux ruses de la diplomatie. Une intervention armée servira un clan au détriment d’un autre. La situation ne sera plus contrôlable et les dangers seront plus compliqués à gérer à l’avenir », décrypte la même source.
Et aujourd’hui, entre le Caire et Alger, la tension est vive à cause de ses frappes égyptiennes décidées de manière unilatérale. Selon un haut cadre de la diplomatie algérienne, officieusement, l’Algérie a protesté contre les agissements d’Al-Sissi. « L’Algérie a réclamé officiellement dans un message diplomatique l’arrêt des frappes aériennes contre des cibles libyennes », explique notre source selon laquelle des parties libyennes avaient contacté, dés les premières frappes égyptiennes, Ahmed Ouyahia, le chef de cabinet du Palais d’El-Mouradia, pour réclamer l’assistance et la protection d’Alger.
« C’est le Gouvernement d’union nationale [GNA], via son Premier ministre Fayez al-Sarraj, qui a contacté directement Ahmed Ouyahia », certifie notre source. « Alger s’inquiète du soutien excessif accordé par les militaires égyptiens au maréchal Khalifa Haftar. Ce personnage n’inspire pas confiance et peut mettre le feu aux poudres dans toute la région », indique notre interlocuteur.
Pour Alger, la solution est toute simple : intégrer les islamistes honnies par Washington et le Caire à l’équation de paix libyenne. Mais pour ce faire, Alger et le Caire doivent être sur la même longueur d’ondes. Et pour le moment, la diplomatie algérienne compte convaincre ses homologues égyptiens de suivre sa feuille de route. Une partie de l’avenir de la Libye se jouera le 5 et 6 juin prochain à Alger.