Une ex officier de renseignement gabonais dénonce les basses oeuvres du général Oligui 

Nelly Ngabima est un ancien officier de renseignements du Gabon. Elle est très critique vis à vis de la politique et des travers de la société gabonaise.

« Le 28 mai 2024, l’arrivée en France des nouvelles autorités putschistes gabonaises a soulevé une vague d’inquiétude et de perplexité », explique une ancienne officier de renseignements gabonais, Nellly Ngabima, qui plaide en faveur de relations franco-gabonaises fondées sur les droits de l’homme et la démocratie. Officier de renseignements gabonais de 2015 à 2019, Nelly Ngabima a travaillé au SILAM le centre d’écoutes téléphoniques de l’Etat gabonais qui dépend de la Présidence du Gabon puis à la Direction Générale de la Documentation et de l’Immigration(DGDI) ex CEDOC. Voici son texte : 

« Je souligne le caractère problématique de la réception des putschistes gabonais par le président Emmanuel Macron. L’histoire nous enseigne les conséquences désastreuses de la coopération avec des régimes autoritaires. Par exemple, la Françafrique, avec son soutien aux dictateurs africains pendant des décennies, a souvent entraîné la souffrance des populations locales et a terni l’image de la France sur le continent.

Cet homme nommé Brice Oligui Nguema, qui a été reçu sous les ors de la République française, incarne l’inverse des valeurs prônées par la République française. « Richissime », cet homme qui a été toute sa vie agent de l’État gabonais a été épinglé dans un rapport de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Selon ce rapport, il a acheté en espèces, entre 2015 et 2018, trois propriétés dans la banlieue de Washington, D.C., pour un montant total supérieur à un million de dollars!

Alors qu’il était patron de la Direction Générale des Services Spéciaux (DGSS), dont il a pris la tête en 2019, des agents de ce service se sont rendus plusieurs fois à la prison centrale de Libreville pour y torturer des prisonniers, dont Brice Lacruche Alihanga, citoyen français actuellement gravement malade. D’ailleurs, Brice Oligui Nguema a reconnu lui-même – à demi-mot – ces actes puisqu’il a déclaré lors d’un meeting dans le Woleu-Ntem qu’on l’envoyait souvent à la prison centrale « chahuter des prisonniers »…

Que dire du cas de Glenn Patrick Moudende, exécuté sommairement alors qu’il n’était pas armé, par des éléments de la Garde Républicaine dirigée par Brice Oligui Nguema ?

Que dire de ces syndicalistes de la Société d’Energie et d’Eau du Gabon (SEEG) qui ont été, à minima, victimes de traitements dégradants qu’Oligui Nguema avait menacé publiquement en disant qu’il enverrait ses agents les chercher « maison par maison » ?

Que dire de Yann Kogou, enlevé, torturé pendant une semaine à la Direction générale des recherches avant d’être jeté en prison ? Son crime ? Avoir demandé à Brice Oligui Nguema, « le soleil du Gabon », de démissionner et de céder le pouvoir aux civils par une élection.

Les droits de l’homme oubliés

Rappelons les principes fondamentaux sur lesquels repose la France en tant que pays des droits de l’homme et de la démocratie. Il est crucial de se souvenir de moments clés de l’histoire où la France a défendu ces valeurs, comme lors de son soutien aux mouvements de décolonisation en Afrique dans les années 1960. C’est ce même engagement envers les droits de l’homme et la démocratie qui devrait guider les actions de la France aujourd’hui.

Un appel à une action cohérente

J’appelle à une réévaluation des alliances et des politiques étrangères, soulignant l’importance de soutenir les aspirations démocratiques et les droits de l’homme en Afrique. Les exemples historiques abondent pour montrer que le respect des droits de l’homme et la promotion de la démocratie contribuent à la stabilité et au développement à long terme. L’histoire nous rappelle également que le soutien à des régimes oppressifs peut souvent entraîner des conséquences désastreuses, tant pour les populations locales que pour les relations internationales.

Je pense qu’il serait judicieux pour les autorités françaises de reconsidérer leurs relations avec le Gabon et d’adopter une approche éthique et respectueuse. En tirant des leçons du passé, nous pouvons construire un avenir où les valeurs démocratiques et les droits de l’homme sont au cœur des relations franco-gabonaises, dans l’intérêt des deux peuples et de la communauté internationale.

L’amitié du peuple gabonais d’abord

En 1964, après l’intervention militaire de la France qui a remis au pouvoir Léon Mba renversé par un coup d’Etat en février de la même année, Jean Hilaire Aubame a déclaré lors de son procès : « Les enfants du Gabon n’oublieront jamais que, pour des raisons inavouables, une poignée de Français ont détruit en un jour une amitié tissée en 125 ans, en préférant l’amitié d’un homme à celle d’un peuple». Soixante ans après, je fais miens ces propos et demande aux autorités françaises de préférer l’amitié d’un peuple – celui du Gabon – à celle d’une junte militaire  qui n’hésitera pas à la détruire lorsque cela ne servira plus ses intérêts et constituera un obstacle à ce régime prédateur et inquiétant qui s’est installé au Gabon.

 

Emmanuel Macron mise sur Brice Oligui Nguema

 

 

Le Français Jean Charles Solon, maître de la surveillance au Gabon