L’envoyé spécial américain pour le Sahel, dr J. Peter Pham, a profité d’un court séjour au Niger pour rappeler à l’ordre le Président Mahamadou Issoufou sur la nécessité de poursuivre les auteurs des massacres commis en mars et avril dernier autour d’Inatès, dans le nord-ouest du Niger.
Inaugurant un bâtiment neuf offert par les Etats-Unis à la direction de la surveillance du territoire, le diplomate a indiqué mardi que l’engagement de son pays au Sahel était « d’aider les gouvernements à lutter contre les facteurs d’insécurité et à promouvoir la bonne gouvernance. »
Si ce nouveau bâtiment dédié au service de police affecté particulièrement à la surveillance des frontières incarne bien l’engagement international contre la migration irrégulière, le diplomate américain a estimé qu’il s’agissait aussi d’aider le Niger « à faire face aux défis croissants de la criminalité, du trafic d’êtres humains, de la drogue et du terrorisme. »
Mais le cadeau à 2,9 millions de dollars, dont la construction a été supervisée par l’Office international des migrations (OIM), était aussi un peu empoisonné.
Reçu par le Président Mahamadou Issoufou, Peter Pham est revenu sur les massacres de civils commis il y a six mois par des membres des forces de sécurité. « Si les gouvernements, en particulier leurs forces de sécurité, violent les droits de l’Homme, cela sape leur crédibilité auprès de leurs citoyens, et, partant, leur capacité à lutter contre l’extrémisme violent. En conséquence, le récent rapport de la Commission nationale des droits de l’Homme sur les violations des droits de l’Homme est une préoccupation majeure pour nous et nous avons soulevé cette préoccupation auprès du Président Issoufou. Le gouvernement nigérien doit tenir pour responsables les auteurs des violations des droits de l’Homme présumées d’une manière à la fois rapide et transparente», a-t-il dit à l’occasion du point de presse organisé à la sortie de son audience avec le Président du Niger.
La Commission des droits de l’Homme a rendu public il y a quelques jours un rapport d’enquête faisant état de 71 corps au moins découverts dans 6 fosses communes et d’une liste de plus de 102 personnes disparues à l’occasion d’exécutions sommaires commises fin mars et début avril autour d’Inatès, dans une zone de très grande insécurité peuplée essentiellement de pasteurs nomades touaregs.
Mais le ministre de la Défense a aussitôt répondu par un communiqué prenant ses distances avec ce rapport et réitérant sa conviction de l’innocence des militaires.