Présidentielle 2024, le président Tebboune entre en campagne

À plus d’un an de l’élection présidentielle de 2024, le président sortant Abdelmadjid Tebboune semble déjà se préparer à son second mandat. Les partis satellites du pouvoir s’organisent et ceux de l’opposition tentent tant bien que mal de jouer leur partition, dans un contexte où les libertés sont extrêmement menacées et réprimées. Le 3 septembre 2023, le Président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune, vient de nommer Mohamed Laâgab, son sherpa lors du scrutin de 2019, ministre de la Communication. Un signal clair à ses adversaires au sein des services algériens de sa volonté de briguer un deuxième mandat

Ce remaniement s’est opéré dans la précipitation. Le 20 juin 2023, le président Tebboune débarque le ministre de la communication, mohamed Bouslimani, du gouvernement d’Aymene Abderrahmane/Ma raisonn évoquée est n possible scandale qui aurait vu quatre espions émiratis opérant en Algérie pour le compte du Mossadn le service secret Israélien. L’information est révélée par le journal arabophone Ennahar, annonçant dans la foulée l’imminente expulsion de l’ambassadeur des émirats arabe unis à Alger.

L’affaire est reprise sur les réseaux sociaux. Ce qui a obligé le ministère des affaires étrangères de réagir par un communiqué.Ll’information est retirée finalement du site du journal. Le limogeage hâtif du ministre de la communicatio, en poste depuis novembre 2021, est annoncé par un communiqué de la présidence, sans raisons précises, mais en rappelant le maintien de « la solidité des relations entre les deux pays ».

Journalisme d’Etat

Mohamed Laâgab a exercé le métier de journaliste avant qu’il ne devienne professeur de journalisme à l’université d’Alger.  Il est désigné proche d’Abdelmadjid Tebboune lorsque celui-ci était ministre de l’habitat, puis premier ministre jusqu’au mois août 2017. 

Après le départ de Bouteflika en 2019, le nouveau ministre de la communication a évolué dans la galaxie de Gaid Salah, chef de l’armée et patron de l’Algérie. Dès l’annonce, fin 2019, de la candidature de Tebboune, soutenu par Gaïd Salah, Mohamed Laâgab intègre rapidement l’équipe de campagne pour diriger la communication de Abdelmadjid Tebboune.

Une fois élu au palais d’El Mouradia, le nouveau président nomme le journaliste chargé de mission. Parmi ses missions, outre celle dédiée à la communication de la présidence, on le retrouve dans l’équipe chargée de préparer les élections sur la nouvelle constitution qui a été adoptée par référendum en novembre 2020.

L‘hostilité de l’État profond

L’éviction de son poste de conseiller à la présidence est l’œuvre des amis du général Toufik, cet ancien état profond qui revient sur le devant de la scène sécuritaire après avoir été écartés, voire emprisonnés, sous le court rêgne de Gaid Salah. Le Président Tebboune, fidéle, le nomme sénateur, sur la liste du tiers présidentiel.

En le nommant à nouveau après plus de deux ans de  relégation, le Président Tebboune envoie un signal  fort aux « sécuritaires » qui révent de l’évincer de la Peésidetielle. Om signifie qu’il rentre en campagne. Le nouveau ministre dispose d´un réseau solide au sein des médias arabophones.

Beaucoup interprètent ce retour comme signe de confiance du président à son ancien chargé de mission pour, peut-être, la prochaine échéance électorale. Toutefois, la courte expérience du nouveau ministre de la communication à El Mouradia n’a pas été tout à fait stable.  Il passe à peine une année avant d’être brusquement congédié, en janvier 2021, sans que l’institution présidentielle donne d’explications. Sa traversée du désert était brève puis il sera repêché par son mentor qui le nomme sénateur du tiers présidentiel en avril 2022.

Levée de boucliers anti Tebboune

Le général-major M’henna Djebbar, puissant patron du renseignement extérieur algérien, et l’un des dirigeants militaires les plus emblématiques du régime algérien, a finalement survécu à l’une des tempêtes les plus violentes de sa carrière. Sa tête était mise à prix et le 15 août dernier, sa lettre de démission était rédigée et prête à atterrir sur le bureau du Chef d’Etat-Major de l’Armée algérienne et premier responsable de l’Institution militaire, Said Chengriha.
 
Au Palais Présidentiel d’El-Mouradia, Abdelmadjid Tebboune convaincu que les lieutenants de Djebbar complotent contre le clan présidentiel, orchestrent  des manœuvres pour renforcer le sentiment d’impopularité de Tebboune dans le pays et sabotent les plans ou mesures de gestion du pays décidées par la Présidence pour préparer le terrain au controversé projet du 2e mandat présidentiel: fuites d’informations sensibles, scandales médiatiques qui remuent l’opinion publique, notamment sur les frasques du fils du chef d’état major à Paris que Mondafrique a évoquées (voir ci dessous)
 
 
Le clan Tebboune a failli savourer la victoire, mais ses adversaires ont abattu leurs ultimes cartes. l’humiliation infligée par l’Algérie en Afrique du Sud après l’échec de son adhésion aux BRICS, l’affaire Nezzar et la programmation du sinistre procès pour contre l’humanité, et d’autres calamités qui se sont abattues sur le régime algérien, ont contraint Said Chengriha à lever son véto pour bloquer le départ de M’henna Djebbar et le maintenir dans son poste où il rend compte, aujourd’hui, uniquement et seulement à l’Etat-Major de l’Armée.
 
La bataille pour un possible  deuxième mandat Tebboune est engagée.