Les services secrets algériens restructurés

Le général Athmane Tartag, dit « Béchir », nommé  en 2015 à la tète de l’ancien DRS (services algériens), devenu la Direction des Services de Sécurité (DSS), devrait prochainement être remplacé dans ces fonctions stratégiques.

Protégé par Saïd Bouteflika, le frère du président algérien, qui avait fortement contribué à le nommer en septembre 2015 à la place du général Mohamed Mediène, dit « Toufik », le tout puissant patron des services algériens pendant un quart de siècle, le général Tartag est désormais plus proche de la porte que de l’augmentation. « Les pourparlers sont en marche, affirme un proche de la Présidence algérienne, pour lui trouver un successeur ».

Guéguerre chez les militaires

Ce haut gradé était au plus mal avec le chef d’Etat major, Gaïd Salah. Lequel, lors d’une réunion récente, lui avait passé un savon pour avoir joué des jeux troubles dans les coulisses du pouvoir.

L’éviction de Tartag, l’ancien numéro deux du DRS de 2011 à 2014 devenu quelques mois plus tard conseiller à la Présidence, avant d’être promu à la tète de la DSS, est en tout cas la condition pour que puisse être préservée la cohabitation actuelle entre l’Armée et la Présidence. Ces deux pôles concurrents du pouvoir algérien sont condamnés à s’entendre, à coup de concessions, pour que l’Algérie ne sombre pas dans une guerre de succession meurtrière.

Des prétendants nombreux

Deux noms aujourd’hui sont cités comme des possibles successeurs du général Tartag. Le premier, le général Abdelkader Bourarezig, est l’actuel patron de la Direction de la Sécurité Intérieure, un des trois grands départements des services algériens. Ce gradé a l’incontestable atout d’être un protégé de Said Bouteflika, dont on connait le poids auprès de son frère, le chef de l’Etat. Le second favori est le général Ben Daoud, l’ancien responsable de l’ex DRS en France et auparavant en Suisse, où il prenait soin des intérêts financiers de la mère du président Bouteflika.

Le général Ben Daoud présenterait un double avantage aux yeux de la Présidence. Il n’a jamais cessé de cultiver ses réseaux au sein des proches du général Toufik, dont le pouvoir actuel craint les manoeuvres hostiles. Il bénéficie d’une visibilité réelle à l’international, notamment en France, où il fut l’interlocuteur privilégié de nombreux journalistes, des barbouzes français et de certains politiques français.

Le parti de la France (« Hibz França »), comme l’appellent certains de ses détracteurs, est -il encore puissant à Alger? La France possède-t-elle encore une influence dans les grandes décisions qui conditionnent l’avenir de l’Algérie? La succession du général Tartag donnera une indication importante sur l’influence française en Algérie.

 

Article précédentNiger, la dictature s’installe
Article suivantAlger, mystérieuse visite du général Tartag à Paris
Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)