Niger, les coups de communication du Président Bazoum 

 Profitant de l’effacement des chefs de l’opposition silencieux, emprisonnés ou malades, le nouveau président nigérien multiplie les gages d’un changement de gouvernance envers l’opinion nationale.

Pour marquer la rupture avec les méthodes de Mahamadou Issoufou, son prédécesseur et mentor, Bazoum a drastiquement réduit le protocole pour ses arrivées et ses départs pour des voyages internationaux. Plus besoin, comme sous Issoufou, de convoquer à l’aéroport de Niamey l’ensemble du gouvernement ainsi que les corps constitués pour assister aux départs ou aux retours de voyage du président. Bien plus que cela, Bazoum, connaissant l’attachement de ses compatriotes à la symbolique, a allégé le dispositif de sécurité qui encadre les déplacements présidentiels dans la capitale. Là où son mentor faisait fermer des boutiques, des rues pendant plusieurs heures après avoir fait déployer des blindés de la garde présidentielle, le nouveau président s’accommode d’une sécurité discrète qui n’entrave pas la circulation des habitants de Niamey. Eux qui en avaient bavé pendant les dix années de Mahamadou Issoufou.

En train entre Paris et Bruxelles  

Autre signe de changement de méthode, Bazoum a été filmé à la tête d’une petite délégation en train de prendre le 20 mai le train entre Bruxelles et Paris. Cette vidéo sciemment diffusée sur les réseaux est très vite devenue virale dans la cybercommunauté nigérienne.  

Dans le contexte de la panne de stratégie de la coalition CAP 20-21, ces coups de communication du nouveau président peuvent être d’une grande utilité pour faire oublier les conditions controversées de sa victoire lors de la présidentielle du 27 décembre 2020. En tout cas, le temps n’est pas  dans cette affaire le meilleur allié des opposants nigériens.  

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)