Mali, une opération « mains propres », pas si propres

Des dossiers de corruption et de détournement des deniers, qui étaient devenus le sport national sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta, ont été opportunément exhumés par la junte militaire contre les principales figures de la classe politique malienne.

Ce n’est pas un hasard si l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga est la première personnalité de l’ancien régime à faire les frais de la croisade anti-détournement dans laquelle s’engage la junte malienne seulement à la fin de la transition et à quelques mois de la présidentielle. Après le décès en décembre dernier à Paris de Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition malienne, Boubeye Maïga est donné comme un des candidats les plus sérieux de la présidentielle de février 2022 au Mali.

La justice instrumentalisée 

 L’économiste Boubou Cissé, tout dernier Premier ministre du président IBK, qui a manifesté son ambition de briguer la présidence malienne est lui aussi dans le viseur du colonel Goïta. À en croire des informations savamment fuitées dans la presse malienne, l’ancien PM, qui fut également ministre des Finances, serait soupçonné de « l’évaporation de 3,5 milliards de CFA de l’hôtel des Finances ». La junte avait déjà essayé sans grand succès de coller à Boubou Cissé une accusation de « complot et d’atteinte à la sûreté de l’Etat ».

Pour l’association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP) et la référence syndicale des magistrats (REFSYMA), il y a clairement lieu de s’inquiéter de la volonté de la junte malienne de s’affranchir des règles du droit positif afin d’utiliser l’appareil judiciaire au service d’un agenda politique caché. 

Mali, la junte militaire s’en prend à l’ex Premier ministre malien Boubèye Maïga