Agriculture en Tunisie : le soutien de l’Europe

Droits d'auteur : ©IRD - IRA - Christian Lamontagne

Si certains résultats sont encourageants, d’autres signaux, tels que la baisse des investissements et les défis climatiques, montrent que des efforts soutenus restent nécessaires pour pérenniser ces acquis. Pour y parvenir, la Tunisie pourrait s’inspirer du Green Deal européen, un projet qui prône une transition vers une agriculture durable.

 

En 2024, la Tunisie a enregistré un excédent de sa balance commerciale alimentaire de 1 404,2 millions de dinars (MD), contre un déficit de 211,4 MD en 2023. Des résultats prometteurs portés par une forte progression des exportations agricoles, notamment l’huile d’olive (+27,4%) et les dattes (+20,3%). Ces performances reflètent une stratégie efficace de diversification des marchés, avec une demande accrue en Europe et sur d’autres continents, confirmant le potentiel des produits agricoles tunisiens à l’international.

Mais bien qu’il affiche des succès à l’exportation, le secteur agricole tunisien souffre d’une baisse significative des investissements. Entre janvier et octobre 2024, les projets approuvés par l’APIA (Agence de Promotion des Investissements Agricoles en Tunisie) ont diminué de 20,4 % en valeur par rapport à 2023. Aussi, les conditions climatiques restent un défi majeur pour le pays, avec une sécheresse persistante qui affecte les rendements agricoles, malgré des efforts pour accroître les surfaces cultivées. Ces obstacles freinent la modernisation et la résilience d’un secteur qui représente 10 % du PIB national et qui emploie 15 % de la population active.

 

Vers un Green deal tunisien ?

Un atelier organisé par l’Observatoire tunisien de l’agriculture (Onagri) et la Commission européenne a eu lieu les 15 et 16 janvier à Gammarth, en Tunisie, pour discuter des implications du Green Deal européen sur l’agriculture tunisienne. Ce projet, qui vise à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, pourrait inspirer le pays en vue de transformer son secteur agricole pour le rendre plus durable face aux défis climatiques et à la raréfaction des ressources. Les participants, incluant experts européens et tunisiens, ont échangé sur des thèmes tels que la réduction de l’empreinte carbone, la gestion durable de l’eau, et le développement de l’agriculture biologique.

Cet événement, organisé dans le cadre du programme Taiex, un instrument d’assistance technique et d’échange d’information de Bruxelles, a précédé la rencontre entre Giuseppe Perrone, ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, et le Secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères Mohamed Ben Ayed. Une entrevue qui coïncide avec le 30e anniversaire de l’accord Tunisie-UE et qui intervient près de 18 mois après la signature d’un partenariat centrée sur la lutte contre l’immigration irrégulière, malgré la politique controversée menée en la matière par le président Kaïs Saïed.