TikTok favorise la diffusion de la musique arabe

Pour la musique arabe contemporaine, il y a un avant et un après TikTok. 

CULVER CITY, CA – OCTOBER 13: General view of the TikTok headquarters on October 13, 2020 in Culver City, California. (Photo by AaronP/Bauer-Griffin/GC Images)

Dans la région MENA (Moyen Orient, Afrique du Nord), plusieurs artistes arabes ont atteint une dimension internationale grâce  à la plateforme Tik Tok. L’artiste palestinien Saint Levant produit régulièrement des vidéos spécialement conçues pour Tik Tok.  Yassmin Ibrahim utilise la plate-forme pour effectuer des interprétations acoustiques mais aussi pour se construire un personnage décontracté capable d’humour sur lui-même.

Elyanna, une chanteuse palestino-chilienne, qui a commencé sur TikTok, se produira aux Etats Unis, au festival de Coachella qui va débuter le mois prochain.  Elle sera la première interprète orientale à interpréter ses chansons entièrement en arabe sur la scène principale du festival. Cette aartistefait partie d’une nouvelle génération d’interprètes qui, grâce à Tk Tok, font connaître la musique arabe au-delà des frontières géographique de leur pays d’origine. 

Le rappeur tunisien Balti a collaboré avec Elyanna sur la chanson à succès « Ghareeb Alay », et ont tous deux gagné en popularité, tandis que d’autres artistes arabes et de la diaspora expérimentent également de nouveaux sons et styles.

En utilisant des hashtag populaires tels que #arabicmusic ou #arabictiktok, les jeunes du monde entier peuvent découvrir et partager la musique arabe avec un large public. Les videos courtes, filmées verticalement qui répondent à la capacité d’attention (courte) des jeunes générations a permis à des artistes de toucher un large public arabe/musulman, mais aussi au-delà.

26 millions d’utilisateurs en Arabie

Turquie, Arabie saoudite, Égypte, Irak fournissent les plus grosses audiences musicales de TikTok, avec les États-Unis et l’Indonésie. Rien qu’en Arabie saoudite, l’application compte 26,39 millions d’utilisateurs, soit le plus grand nombre de la région. L’Irak et l’Égypte comptent tous deux plus de 23 millions d’utilisateurs, tandis que les Émirats arabes unis en comptent près de 6 millions.

Des artistes pop et de mahraganat (musique électro égyptienne très écoutée) comme Mohamed Ramadan ou Omar Kamal, des étoiles montantes comme Yassmin Ibrahim et les musiciens de Bsmalla Alaa… tous se tournent vers TikTok qui leur assure des audiences surmultipliées 

La musique arabe e Israel

L’industrie mondiale de la musique assiste à ce brutal changement de perspective qui  voit la musique arabe la plus récente franchir les frontières. 

Le journal israélien Haaretz note une percée de la musique arabe en Israël grâce à TikTok. « Les chansons « Wesh Jabak », du chanteur libyen Joudy Alhouti, et « Bum Bum », de Mohamed Ramadan , ont lancé la tendance l’été dernier. Et le dernier exemple en date est « Baby » avec la chanteuse libanaise Sara Al Zakaria, qui a conquis le TikTok local ces derniers mois. De jeunes hommes et femmes israéliens, y compris des femmes soldats, peuvent être vus en train de réciter la chanson sans réfléchir sur le site. Ils sourient à la caméra, dansent avec leurs amis – parfois en uniforme et portant leurs armes ; d’autres fois à la maison ou lors de fêtes. Même des femmes juives visiblement religieuses, les cheveux couverts, se joignent à la fête. »

« Hassan El Shafei  » doit beaucoup à TikTok
« Hassan El Shafei « 

La coupe du Monde au Qatar

Tik Tok n’est pas seul en cause dans ce grand franchissement des barrières. Des événements mondiaux comme la Coupe du monde au Qatar ont servi de puissant vecteur d’exportation de la musique arabe vers un public plus large. Des artistes locaux chantent et célèbrent la compétition et peuvent ainsi acquérir une notoriété qui va au delà des frontières de leur pays.

Netflix offre également la possibilité aux musiciens arabes de mettre en avant leurs créations dans ses séries originales ou documentaires musicaux consacrés à la scène musicale arabe tels que « Jinn », « Hassan El Shafei  » ou encore « Hip Hop Na ». Ces productions peuvent aider à promouvoir différents genres et styles musicaux auprès d’un public international.

Des barrières brisées

Les plateformes de streaming telles que Spotify et Anghami ont aussi rendu plus accessible la musique arabe et ont brisé les barrières conventionnelles de cultures musicales liées à un territoire ethnique ou anthropologique. 

La musique arabe, via les plates formes sociales internationales, vont-elels modifier en profondeur les très conservatrices sociétés islamiques?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le journal israélien Haaretz note une percée de la musique arabe en Israël grâce à TikTok. « Les chansons « Wesh Jabak », du chanteur libyen Joudy Alhouti, et « Bum Bum », de Mohamed Ramadan , ont lancé la tendance l’été dernier. Et le dernier exemple en date est « Baby » avec la chanteuse libanaise Sara Al Zakaria, qui a conquis le TikTok local ces derniers mois. De jeunes hommes et femmes israéliens, y compris des femmes soldats, peuvent être vus en train de réciter la chanson sans réfléchir sur le site. Ils sourient à la caméra, dansent avec leurs amis – parfois en uniforme et portant leurs armes ; d’autres fois à la maison ou lors de fêtes. Même des femmes juives visiblement religieuses, les cheveux couverts, se joignent à la fête. » 

 

Tik Tok n’est pas seul en cause dans ce grand franchissement des barrières.  Des événements mondiaux comme la Coupe du monde au Qatar ont servi de puissant vecteur d’exportation de la musique arabe vers un public plus large. Des artistes locaux chantent et célèbrent la compétition et peuvent ainsi acquérir une notoriété qui va au dela des frontières de leur pays.

 

Netflix offre également la possibilité aux musiciens arabes de mettre en avant leurs créations dans ses séries originales ou documentaires musicaux consacrés à la scène musicale arabe tels que « Jinn », « Hassan El Shafei  » ou encore « Hip Hop Na ». Ces productions peuvent aider à promouvoir différents genres et styles musicaux auprès d’un public international.

 

Les plateformes de streaming telles que Spotify et Anghami ont aussi rendu plus accessible la musique arabe et ont brisé les barrières conventionnelles de cultures musicales liées à un territoire ethnique ou anthropologique. 

 

S’il ne fait pas de doute que la musique arabe a commencé de transformer le paysage musical mondial, il n’est pas interdit de se demander si la musique arabe et les plates formes sociales internationales ne vont pas modifier en profondeur les très conservatrices sociétés islamiques.

 

 

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)