L’opposition algérienne à Paris sous la surveillance de la DGSE

L’aide de Paris pour la surveillance des opposants en France contre le soutien d’Alger dans la politique libyenne et africaine de la France: voici le bréviaire du patron des services secrets français, Bernard Émié, dont les échecs sont notables et le départ est imminent.

Le Quai d’Orsay souhaite habilement tourner la page de la période glaciale qui a suivi l’éviction de l’ancien président algérien, Abdelaziz Bouteflika, qui avait noué avec le pouvoir français des liens très étroits. Les services de sécurité algérienne, en premier lieu la DCSA (renseignement militaire) , a mis au pas les relais de la France en Algérie soupçonnés d’accointances avec les réseaux de l’ancien DRS (services algériens) du fameux général Mediem, dit « Toufik », qui avaient mis en coupe réglée les relations entre Paris et Alger. 

« Les élections présidentielles ont eu lieu. Il y a désormais un nouveau gouvernement avec lequel la France veut travailler »: c’est ainsi que le nouveau cours de la diplomatie française vis à vis de l’Algerie avait été présenté par celui qui était alors le Ministre des affaires étrangères, Jean Yves Le Drian. L’offre ne s’arrête pas aux vœux pieux mais s’annonce plus globale. « Cela signifie que dans tous les secteurs de notre coopération, que ce soit la sécurité, que ce soit l’économie, la culture, la justice, l’éducation, la mobilité, la formation, nous allons reprendre nos discussions, les approfondir et leur donner une nouvelle dynamique ».

L’opposition algérienne ciblée

La priorité donnée à la sécurité avant l’économie retient l’attention. Cette priorité cible notamment la structuration et d’organisation de l’opposition au régime dont la France est traditionnellement la base arrière. La communauté algérienne en France est la plus représentée de la diaspora à travers le monde. Dès le début du Hirak, le 22 février 2019, les Algériens de France ont répondu aux mêmes mots d’ordre qu’en Algérie. Chaque dimanche place de la république à Paris, les mêmes slogans étaient à l’ordre du jour que face à la Grande Poste à Alger: Etat civil, démocratie, liberté. Citoyenneté.

La coopération entre Paris et Alger avait été confirmée à Alger lors d’une nouvelle conférence de presse du même Le Drian. Le président Tebbounen a-t-il souligné, souhaiterait « un partenariat extrême, une feuille de route, des RDV, itinéraires d’actions, pour que ce partenariat progressivement devienne une réalité ».  Le terme « extrême » est glissé de manière subliminale dans un discours aux allures rassurantes.

La DGSE au coeur

Le coopération sécuritaire a toujours été la feuille de route du patron de la DGSE, Bernard Emié.  C’est ce que révèle « la Presse », une société médias italienne partenaire de l’agence Associated Press.  A l’ordre du jour, la question des opposants algériens en France devenue prioritaire. 

D’après une source de sécurité, Alger demande le soutien de la DGSE pour tenter de débusquer les opposants politiques qu’il juge « un peu trop occupés » sur le sol français. Déjà en son sein, les services algériens ont élaboré un plan pour les activistes, dont certains se rendent chez eux pendant leurs vacances. 

Pour le moment aucune réaction de la part des services français. Les contours de cette coopération ne sont pas connus pour le moment. Se limitent-ils à l’échange du renseignement ou les signalements sur les déplacements, les activités politiques, ou à des actions proprement coercitives à l’encontre de l’opposition algérienne se trouvant sur le sol français ? 

La coopération sécuritaire Franco algérienne a fait ses preuves durant la décennie noire en Algérie. Le contexte actuel diffère par les degrés du risque plus pour le Alger que pour Paris. Toutefois, la France a besoin d’une coopération des services algériens au Sahel comme en Libye. Le média italien évoque, dans son article du 20 mars, uniquement la coopération relative à l’opposition en France. Une source, proche du Quai d’Orsay cite « une coopération globale touchant à la sécurité mais aussi à l’économie, à la géopolitique régionale au Sahel et Libye, affectant la question migratoire également, et même au Corona Virus ».  

 

Vidéo conférence de presse de Le Drian à Alger le 12 Mars 2020 : https://www.youtube.com/watch?v=TZA2SX4jfqA