Le coup d’Etat en Guinée fragilise le sénégalais Macky Sall 

Le président sénégalais  Macky Sall ne voit pas d’un très bon œil la chute d’Alpha Condé, alors qu’il envisage, comme son homologue guinéen l’avait tenté, un troisième mandat à très hauts risques 

« Quand la barbe de ton voisin brûle, mouille la tienne », dit une sagesse populaire africaine. Au Sénégal, pays voisin de la Guinée, la prise de pouvoir le 5 septembre par le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya et ses camarades du Conseil national pour le redressement et le développement (CNRD) a eu un écho plus qu’ailleurs dans les autres pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Alpha Condé sans états d’ame avait tenté un troisième mandat., Et plus dure aura été la chute !

 

Le tabou de la succession 

La chute d’Apha Condé est intervenue alors que le débat sur le troisième mandat de Macky Sall n’a toujours pas été tranché. Le président sénégalais entretient d’ailleurs la plus grande ambiguïté sur la question à seulement deux ans de la prochaine présidentielle. Dans l’entourage de Macky Sall ceux qui ont l’eu l’imprudence de se prononcer contre le troisième mandat ont été sanctionnés d’une façon ou d’une autre.

D’autres, comme l’ancien ministre des Finances Amadou Ba, qui ont pensé que le moment était déjà venu de commencer à préparer l’après-Macky ont, eux aussi, été brutalement évincés.

Comme pour mieux faire durer le suspense, le président sénégalais s’est lancé ces derniers mois dans une opération qui rassemble à bien des égards à la reconquête de l’électorat. En dépit d’une conjoncture économique défavorable, du fait de la pandémie de Covid-19, Macky Sall s’est engagé à débloquer 450 milliards de FCFA sur les trois prochaines années en faveur des jeunes qui furent le fer de lance des manifestations de protestation contre l’arrestation en mars dernier d’Ousmane Sonko, leader du Parti des patriotes sénégalais pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF). Sous couvert d’une tournée économique, le président sénégalais a parcouru en juin dernier des régions du pays pour promettre des routes ici ; des écoles et des centres de santé là-bas ; de l’eau et de l’électricité ailleurs. Il a même sorti le chéquier pour les chefs traditionnels à qui il a promis, fait tout à fait inédit au Sénégal, une rémunération mensuelle de 50.000 FCFA. Macky Sall s’était auparavant assuré le soutien des confréries religieuses qui sont, en réalité, les grands électeurs, voire les faiseurs de roi.