L’Arabie Saoudite signe une commande de drones turcs

L’Arabie saoudite a décidé de diversifier son armement qui était auparavant exclusivement américain. En présence du prince régnant Mohamed Ben Salmane, un important contrat de drones de combat Akinci a été signé avec la société turque Baykar.

Le PDG de Bakyar, Haluk Bayraktar, a refusé de commenter la valeur totale du contrat et le nombre de systèmes acquis, mais il a affirmé qu’il s’agissait de la plus grande vente entre les deux pays dans l’histoire de la défense turque.

La dernière commande fait de l’Arabie saoudite le troisième opérateur confirmé du Golfe de drones turcs Baykar après le Qatar et le Koweït. Ce dernier a annoncé le mois dernier avoir signé un contrat d’une valeur de 367 millions de dollars pour des TB2.

Réchauffement diplomatique entre Ankara et Ryadh

Le ministre de la Défense, le prince Khalid bin Salman, a déclaré dans un tweet le 18 juillet que le pays allait acquérir les systèmes « dans le but d’améliorer l’état de préparation des forces armées du Royaume et de renforcer ses capacités de défense et de fabrication ». L’accord représente un revirement entre les deux pays qui ont souvent été en désaccord au cours de la dernière décennie, suite au soutien turc au Qatar lors de la crise diplomatique de 2017 et à l’adhésion d’Erdogan aux puissances occidentales pour blâmer le gouvernement saoudien, et Mohammed ben Salmane en particulier, pour le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018.

Pour le président turc Tayyip Erdogan ce contrat représente une aide économique importante qui freine un peu la chute de la valeur de la monnaie du pays et la montée en flèche de l’inflation. L’industrie du drone américaine perd également un client de valeur et il est probable que l’Arabie saoudite s’approvisionnera chaque fois qu’elle le peut ailleurs qu’aux Etats Unis en raison du fossé profond de méfiance qui existe aujourd’hui entre les deux pays.

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)