Gabon, la communication effrénée d’Ali Bongo

A près d’un an des élections présidentielles au Gabon, Ali Bongo est au centre d’une communication tous azimuts aux résultats pour le moins incertains.

Par Jocksy Ondo-Louemba

Depuis qu’il a annoncé lors de la célébration en grande pompe des 54 ans du Parti Démocratique Gabonais (PDG – au pouvoir depuis 1967) qu’il comptait bien se maintenir à la tête du Gabon « pour toujours », Ali Bongo s’est lancé dans une vaste opération de communication à destination des gabonais mais aussi – et peut être surtout – des pays occidentaux.

« Le président est à la barre »

Dans la stratégie de communication arrêtée par les équipes de communication d’Ali Bongo, la première chose – en plus de la kyrielle de slogans et d’actions de propagande – est de montrer que « Le président est à la Barre !» Selon les termes d’un membre de son équipe. C’est-à-dire qu’il gouverne comme s’il jouissait de toutes ses facultés pour taire les revendications d’une frange de l’opposition qui était allée jusqu’à demander un examen médical. Pour toute réponse Ali Bongo lui-même avait déclaré dans un journal : « j’ai de l’énergie à revendre » et son équipe de communication travaille à montrer que cette phrase du « patron » est bien en phase avec la réalité pourtant dit le contraire.

Général d’opérette « proche de son peuple »

L’équipe de communication décide de montrer que leur « champion occupe le terrain délaissé par une opposition moribonde » (sic). Et pour ce faire, revêtu d’un uniforme de général d’opérette sur lequel il arbore 5 étoiles, Ali Bongo préside des cérémonies militaires et va assister à des manœuvres médico-militaires à l’intérieur du pays. Mais il n’est pas question de montrer qu’Ali Bongo est uniquement à la tête d’une armée qui lui est entièrement acquise ! Pour faire bonne mesure, on lui fait visiter des chantiers de rues pavées dans Libreville la capitale. On lui fait rencontrer un groupe de jeunes partisans dont certains le suivent dans ses voyages. La télévision d’état loue sa volonté « d’aller au plus près des populations et [de] de s’imprégner de leur quotidien ».

Au fast-food local

Alors qu’il se promène dans son cortège de véhicules tout terrain de luxe et qu’un Gabonais fils de la nomenklatura transformé en « enfant du peuple » pour la circonstance lui assure un soutien sans faille « jusqu’au bout » tandis qu’un autre soutien lui assure « Vous êtes le numéro un », « vous pouvez rester là longtemps » ; Ali Bongo tient à montrer qu’il peut aussi « manger comme son peuple ». Et pour cela, il s’est rendu dans un Fast Food local pour manger de la viande de bœuf fumée avec son équipe.

« Ya Ali, on a faim ! »

Mais la pépite de cette communication est certainement lorsque depuis sa voiture, Ali Bongo en survêtement gris salue la foule – le tout filmé par un membre de son équipe – pour montrer qu’il est aimé et populaire. Et alors qu’Ali Bongo salue la foule qui le salue et crie « Ya Ali », « Président » une voix féminine bien distincte s’adresse à lui « Ya Ali, on a faim ! » Il répond spontanément « Ah moi aussi hein ».

Si ce n’est pas être à l’écoute de son peuple…

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