Egyptair officialise sa ligne Le Caire-Tel Aviv

Le 3 octobre dernier, un vol Egyptair se posait sur le tarmac de l’aéroport Ben Gourion, inaugurant ainsi la ligne aérienne officielle Le-Caire-Tel Aviv, peu de temps après une rencontre entre le Premier ministre israélien Naftali Bennett et le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi à Charm el-Cheikh. 

Jusqu’à présent, c’est Air Sinaï, une petite filiale d’Egyptair, qui assurait sept vols commerciaux hebdomadaires entre l’Egypte et Israël. Les avions de cette discrète compagnie étaient banalisés et circulaient sans le drapeau égyptien, histoire de ne pas attirer l’attention sur eux. Désormais, 21 vols par semaine vont assurer la liaison aérienne entre les deux capitales, et les Égyptiens peuvent se rendre en Israël sans avoir à se cacher.

Rencontre au sommet

Ce vol a eu lieu environ deux semaines après la rencontre, à Charm El_Cheikh, entre le Premier ministre Naftali Bennett et le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi à Charm el-Cheikh -première visite d’un chef de gouvernement israélien depuis plus de dix ans. « C’est un signal vital et bienvenu du renforcement des relations bilatérales entre les deux pays », se réjouissait dans un tweet l’ambassadeur d’Israël au Caire, « en particulier concernant les relations financières ».

Les médias israéliens, quant à eux, mettaient l’accent sur l’augmentation considérable des vols par Egyptair. Et pour cause : cette coopération dans l’aviation civile fait de l’Egypte une tête de pont pour Israël vers l’Afrique. Egyptair peut en effet bénéficier des vols de correspondance, notamment en transportant des voyageurs israéliens vers le Maroc ou d’autres pays « amis ». Autant dire que c’est un arrimage supplémentaire de l’Égypte qui sert déjà d’intermédiaire pour la distribution du gaz israélien liquéfié.

Rush des compagnies provées israéliennes

Les compagnies aériennes privées israéliennes ne s’y trompent d’ailleurs pas.  Elles se sont précipitées pour soumettre aux autorités égyptiennes des demande d’exploitation de vols commerciaux directs vers Charm el-Cheikh, dans la péninsule du Sinaï. Cette station balnéaire est très prisée par les touristes israéliens mais seuls des petits jets privés sont autorisés à y atterrir. Israir Airlines, entre autres, prévoit donc de planifier deux vols par jour entre Tel-Aviv et Charm El-Cheikh, et même d’ouvrir ultérieurement une ligne à partir d’Haïfa.

Côté égyptien, cette normalisation est accueillies comme une véritable aubaine pour le tourisme. Les agences organisant habituellement les voyages des Coptes à Jérusalem prévoient déjà une augmentation de pèlerins décomplexés. Pour les autorités, les derniers accords de paix signés entre Israël, le Soudan, le Bahrein et les Emirats Arabes Unis ont ouvert un boulevard propice aux échanges économiques, en toute transparence, avec Israël. Et ce d’autant que le régime d’Al-Sissi est parvenu à domestiquer l’opposition en menant  une féroce répression.

Rabha Attaf, grand reporter, auteure de « Place Tahrir, une révolution inachevée