Centrafrique, la destitution du président de l’Assemblée engagée

95 députés sur les 140 députés de l’Assemblée nationale centrafricaine ont déposé, ce jeudi 18 octobre 2018, une motion de destitution sur le bureau de la présidence de l’Assemblée nationale, Karim Meckassoua.
En dépit des recommandations insistantes des principaux bailleurs de la République centrafricaine, le président Touadera et son clan ont décidé de passer outre. La destitution de Karim Meckassoua, président de l’Assemblée nationale, depuis le 10 mai 2016, est désormais engagée.
Les 95 députés soutiennent la politique du président Touadera et de son Premier ministre, Mathieu Simplicité Sarandji, notamment en ce qui concerne la nouvelle politique de coopération avec la Russie avec ses compensations économiques, comme pour l’octroi de concessions minières. Un vote des deux tiers des 140 députés soit 94 voix suffira à destituer Karim Meckassoua. Ces députés se fondent sur l’article 70 de la Constitution qui prévoit cette possibilité pour « manquements aux devoir de sa charge ».
Karim Meckassoua, principal opposant
Il va de soi que la réelle motivation est toute autre. L’affrontement entre le chef de l’ Exécutif et celui du Législatif a pris, depuis plusieurs semaines, des proportions irréelles dans ce pays en guerre, où le slogan de la réconciliation nationale et de l’entente entre communautés est dans la bouche de tous les politiciens centrafricains.
Le président de l’Assemblée nationale est devenu, au fil des mois, le principal opposant au régime actuel. Plus ou moins soutenu par plusieurs chefs de l’État de la Région, ayant noué des amitiés avec des pesonnalités françaises, ce musulman dérangeait beaucoup les intérêts des Russes notamment en ce qui concerne les concessions minières et de services qui doivent être approuvées par l’Assemblée nationale, après débats. Cette formalité constitutionnelle aurait été probablement dérangeantes pour la présidence de la République quant aux conditions materielles qui ont été sollicitées pour l’obtention de ces concessions. Les conseillers russes n’ont probablement pas été les derniers à pousser à la destitution de Karim Meckassoua.
Un nouveau Président de l’Assemblée nationale, beaucoup plus accommodant pour le président Touadera et son clan, devrait être élu dans les trois jours qui devrait suivre la destitution.
Faustin-Archange Touadera se découvre peu à peu et beaucoup de partenaires traditionnels commenceront à réfléchir sur la réalité de ce régime et sur la volonté, pourtant sans cesse proclamée, de faire la réconciliation nationale. La destitution de Karim Meckassoua est une grande première en Centrafrique, alors que de plusieurs ministres sont accusés de corruption et  détournements de fonds publics sans être inquiétés.