Cameroun, une répression généralisée

Pour Amnesty international, détentions arbitraires et tribunaux militaires marquent le dernier épisode de la répression contre les opposants

Les arrestations, détentions arbitraires et poursuites devant les tribunaux militaires d’opposants qui se sont réunis pacifiquement, sont le dernier épisode de la répression des autorités camerounaises contre les voix dissidentes depuis fin septembre, a déclaré Amnesty International aujourd’hui.

Sur au moins 500 personnes arrêtées en lien avec les manifestations du 22 septembre – en majorité des militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition) – au moins 160 sont aujourd’hui en détention. Parmi elles, 13 ont été condamnées à des peines de prison ferme par des tribunaux civils, et 14 ont été renvoyées devant un tribunal militaire.

« L’implacable répression des opposants et des dissidents a continué ces derniers mois au Cameroun. Ceux qui en ont payé le prix fort se sont vus infliger des peines de prison sur la base d’accusations fallacieuses alors qu’ils n’ont fait qu’exercer leur doit à la liberté de réunion et de manifestation pacifique, » a déclaré Fabien Offner, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Amnesty International.»

A l’appel du MRC, des manifestations avaient été programmées dans plusieurs villes du Cameroun le 22 septembre dernier. Elles ont été interdites par les autorités, et suivies par des arrestations et des détentions arbitraires.

Selon les avocats, au 25 novembre dernier, au moins 160 personnes étaient toujours en détention dans les villes de Douala, Yaoundé, Bafoussam et Nkongsamba. Les avocats ont déposé 45 recours pour que ces personnes ne soient pas détenues provisoirement dans l’attente de leur procès, mais ils ont été automatiquement rejetés.

Utilisation des tribunaux militaires

Par ailleurs, 14 personnes arrêtées le 22 septembre ont été renvoyées devant le tribunal militaire de Bafoussam entre le 24 et le 25 novembre pour « tentative d’insurrection en coaction, réunion et manifestation publique non autorisée ». L’une d’elle est aussi poursuivie pour « outrage au président de la République », pour avoir été détentrice de deux pancartes portant entre autres des inscriptions demandant le départ du président Biya.

“L’agent de la DST m’a giflé, puis roué de coups de poing sur le visage”

Amnesty International a reçu le témoignage d’un militant du MRC interpellé en septembre, à Douala, soumis à de la torture ou autre mauvais traitement lors de son interrogatoire sans la présence d’un avocat dans un site de la Direction de la surveillance du territoire (DST) situé au port de la ville, puis détenu au secret pendant deux mois et cinq jours sur un autre site, sans avoir rencontré un juge ou un magistrat.