Les cinéphiles du Golfe se rendent en Arabie saoudite pour regarder des films interdits chez eux. Le film semble sur le point d’être interdit au Liban, où le ministre de la culture Mohammad Mortada a affirmé qu’il « favorise l’homosexualité »
Il y a moins de 10 ans, les Saoudiens qui souhaitaient voir un film devaient rouler 500 kilomètres jusqu’à Bahrein ou s’envoler pour Dubai. En 2012, le maire de Riyad affirmait que, à l’été 2010, 230 000 Saoudiens s’étaient rendus aux Émirats arabes unis « simplement pour regarder des films ».
Depuis la fin de 2017, le royaume dispose d’un circuit de salles, d’une industrie cinématographique, d’une censure légère et les cinéphiles du Moyen Orient passent désormais par Riadh ou Djeddah pour contourner la censure de leur pays, admirer les jambes interminables de Barbie et s’affoler des propos woke du scénario qui victimise les femmes et diabolise les hommes. Le box-office d’Arabie Saoudite ou un multiplexe nouveau ouvre quasiment chaque mois, a le taux de croissance le plus élevé de la planète.
Les réserves du Liban
Le Koweït a interdit la distribution de Barbie en raison « des idées et des croyances étrangères à la société koweïtienne et à l’ordre public », selon les termes du président du comité de censure cinématographique, Lafy Al-Subei’e. Le même a également affirmé que le film véhiculait « des idées qui encouragent des comportements inacceptables et déforment les valeurs de la société ». Le film semble sur le point d’être interdit au Liban, où le ministre de la culture Mohammad Mortada a affirmé qu’il « favorise l’homosexualité » et « contredit les valeurs de foi et de moralité », en diminuant l’importance de la cellule familiale.
Un blogueur koweïtien a rapidement informé ses compatriotes sur les réseaux sociaux. Sous le titre « Comment regarder Barbie si vous vivez au Koweït », le site Internet 248.com a publié sur Instagram le nom et l’adresse des trois cinémas les plus proches diffusant le film : il s’agissait des villes saoudiennes d’Al-Jubail, Dammam et Al Khobar. « Si vous n’avez jamais conduit en Arabie auparavant, c’est super facile », a-t-il ajouté. « Vous n’avez pas non plus à vous soucier d’un visa puisque tout résident du Koweït peut en obtenir un. Il n’y a pas de chiffres disponibles sur le nombre de Koweitis qui ont roulé jusqu’à la frontière saoudienne.
Cela dit, il n’était pas évident que Barbie soit distribué dans les salles saoudiennes. Le comité de censure d’Arabie Saoudite a semble-t-il tiqué sur certaines scènes, sans que l’on sache lesquelles.
Les références LBGT en cause
Le journal américain spécialisé dans l’entertainment, The Hollywood Reporter (THR), a ainsi remarqué que Barbie n’a pas été distribué en Arabie Saoudite le 21 juillet, comme il était prévu initialement. En raison des coupes suggérées par les censeurs locaux, la sortie du film a été repoussée au 31 août. Ce décalage a grandement profité au film Oppenheimer. Mais une solution pour Barbie a, semble-t-il, été trouvée, sans que l’on sache si des coupes ont eu lieu dans le film ni lesquelles.
Les censures islamiques sont aujourd’hui particulièrement heurtées par les références LGBTQ de certains films. Le Koweit encore lui, a récemment pris la décision d’interdire le film d’horreur à succès Talk to Me, pas sur n’importe quel aspect, mais sur le fait que sa star Zoe Terakes s’identifie comme non binaire et trans masculin. Talk to Me