Le football et Kylian Mbappé au coeur de la diplomatie saoudienne

Kylian Mbappé, qui passe pour être le meilleur joueur de football du monde, a vu l’Arabie Saoudite frapper à sa porte. Le club de football saoudien Al-Hilal a proposé de racheter l’attaquant français 332 millions de dollars, et a proposé au joueur un contrat d’un an d’une valeur de 776 millions de dollars . Kylian Mbappé a refusé.

Mais d’autres – et non des moindres – ont accepté : Cristiano Ronaldo, le footballeur le plus célèbre du monde, va jouer pour le club saoudien d’Al-Nassr pour un salaire annuel de 215 millions de dollars. Karim Benzema, le meilleur attaquant français, a quitté le Real Madrid et a signé un contrat de trois ans avec Al-Ittihad d’une valeur estimée à 643 millions de dollars . La légende anglaise Steven Gerrard, a signé un accord ce mois-ci pour gérer Al-Ettifaq la saison prochaine pour 10 millions de dollars par an.

L’intérêt des Saoudiens pour le football professionnel est récent. Il date de la coupe du Monde qui a eu lieu au Qatar entre novembre et décembre 2022.  L’équipe de football saoudienne qui aurait dû être exécutée par l’équipe d’Argentine est sortie vainqueur 2 à 1. Exit l’Argentine, éliminée de la Coupe du Monde par l’équipe saoudienne !!

Le rachat de « Newcastle United » 

Les Saoudiens qui regardaient le match d’un œil languissant ont jeté en l’air leur keffieh et se sont prosternés pour remercier Allah du bonheur qu’il leur faisait. Tous ! Depuis, l’Arabie Saoudite qui est l’un des pays les plus riches du monde, a entrepris d’écrémer le football mondial et de racheter les meilleurs joueurs du monde. L’équipe de football Newcastle United  de Premier League, une équipe légendaire du nord-est de l’Angleterre, est désormais un club saoudien. 

Les investissements saoudiens dans le sport ne se limitent pas au football : très récemment, les Saoudiens ont lancé LIV Golf, une compétition de golf financée par le Fonds d’investissement public saoudien. La principale fédération de golf, la PGA, a bien tenté de s’y opposer, mais les sommes énormes, dont 200 millions de dollars pour Phil Mickelson et 700 millions de dollars pour Tiger Woods (qu’il aurait refusé), ont eu raison du blocage. La PGA et LIV Golf ont mis en commun leurs droits commerciaux, et un saoudien préside la nouvelle entité.

Le sport automobile aussi doit compter avec l’Arabie Saoudite et bientôt le tennis. Il ne serait pas étonnant que Ryad lance une compétition qui fasse partie du grand chelème aux côtés de Wimbledon ou Roland Garros. Il ne faut pas oublier non plus la grande cuisine : les plus grands chefs comme Wolfgang Puck et Jason Atherton critiqués pour avoir ouvert des restaurants en Arabie saoudite.

Sportwashing ?

La plupart des analyses postulent que l’Arabie saoudite se livre à une sorte de sportwashing. Les exploits de Ronaldo feraient oublier au monde que l’Arabie Saoudite a mis la militante des droits humains Salma al-Shehab en prison pendant 34 ans ou que Mohammed ben Salmane (MBS), le puissant prince héritier saoudien, a été associé à l’ assassinat brutal de Jamal Khashoggi, un journaliste frère musulman, ennemi du régime. 

La réalité n’est pas là. L’Arabie Saoudite ne dépense pas des milliards de dollars en communication extérieure, et elle se moque de l’opinion publique internationale. Les investissements saoudiens dans le sport sont certes une stratégie de communication, mais il ne s’agit pas d’une action de communication à  destination de la bienpensance occidentale. MBS se moque des hypocrites pompeux qui dispensent des leçons de morale.  Il s’agit en réalité d’une opération de politique intérieure.

     

Les dirigeants de l’Arabie saoudite sont conscients que leurs clients occidentaux cherchent à s’orienter vers une consommation énergétique plus verte. Ils sont conscients que leur pays a vécu sur une rente pétrolière, mais que cette rente a commencé de se réduire. Pour éviter d’avoir un jour à réenfourcher les chameaux et retourner élever des chèvres dans le désert, ils vont devoir faire comme tout le monde : relever leurs manches, inventer une économie et travailler.

Une ville du futur, Neom , est en chantier pour accueillir quelques millions de saoudiens. Une zone de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés est ouverte au tourisme international. 13 nouveaux terrains de golf sont actuellement en construction dans le pays, pour attirer le gratin de ce sport de riches. L’université dépense des dizaines de millions de dollars pour attirer des chercheurs et des laboratoires de recherche scientifique. Une compagnie aérienne nationale est en cours de lancement. Une industrie du cinéma est en cours de fabrication. Des institutions sont également mises en place pour pousser la population à avoir une activité saine  car près de 60% de la population adulte est obèse ou en surpoids.… Bref, les milliards valsent parce que les Saoudiens se projettent dans le futur et préparent l’après pétrole. Et ils veulent une sortie du pétrole par le haut : c’est-à-dire devenir une grande puissance économique mondiale, qui règne sur une région qu’ils vont entreprendre de pacifier. Ils ont récemment aplani leurs querelles avec le Qatar noué des liens subtils mais importants avec Israël et même convenu d’un accord de paix négocié par la Chine avec l’Iran (bien que peu s’attendent à ce que celui-ci dure longtemps). 

Les Saoudiens ne savent pas exactement quelle sera leur place sur l’échiquier mondial des 25 prochaines années.  Mais une chose est sure, ils n’entendent pas se situer en bas du classement

1 COMMENTAIRE

  1. L Argentine éliminée? J ai boycotté la coupe du monde mais je sais quand même que l Argentine a gagné contre la France en finale. Le journalisme n est plus ce qu il était, la mémoire non plus…

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