Le silence assourdissant de la France sur la répression à Madagascar

Alors que l’élection présidentielle devrait avoir lieu le 16 novembre malgré le boycott de l’opposition, la situation est extrêmement tendue à Madagascar. Le mercredi 8 novembre, le rassemblement du «Collectif des 10» a été marqué par un rare niveau de violence dans la capitale. 

À cet affrontement, s’ajoutent des arrestations arbitraires de simples manifestant(e)s, celle d’un député de l’opposition en pleine session ordinaire de l’Assemblée Nationale, celle d’un membre du Collectif des Candidats (CC), des violations de domiciles, des jets de bombe lacrymogène aux alentours immédiats d’établissments scolaires, de centres hospitaliers! Ces faits et gestes sont les (ré)actions des forces de l’ordre qui sont, d’après une circulaire que Mondafrique s’est procurée, sur le pied de guerre

Le Bureau des droits de l’Homme des Nations unies se dit « préoccupé » par la gestion des rassemblements politiques et la « situation des droits humains ». Les observateurs ont noté un emploi excessif et disproportionné pour disperser quatre manifestations organisées par le Collectif des candidats à la présidentielle. Les autorités françaises en revanche n’ont pas émis la poindre préoccupation sur la situation inquiétante que connait Madagascar à quatre jours de la Présidentielle

Voici un texte de Fanirisoa ERNAIVO, présidente de l’Association pour le Droit et Développement de Madagascar

Les images devenues virales d’un manifestant, une partie de la joue arrachée par un tir de flash-ball des forces de l’ordre. 

En France, Pays des droits de l’homme, ce genre de comportement aura provoqué l’ire immédiate du citoyen lambda français aux Institutions et divers corps d’Etat de la République. Ire suivie d’investigation, de condamnation et de sanctions sévères.

C’est bien la France qui a semé le concept de démocratie dans ses anciennes colonies. C’est bien la France qui a institué la notion de République en Afrique francophone et à Madagascar. Et les peuples de ces nations ont été nourris et instruits pendant de nombreuses décenies aux idées de droits et de libertés fondamentales. Liberté d’opinion, de la presse…Droits à l’instruction, au soin, à un service public décent… Bref, droits et libertés gravées dans le marbre de la Constitution française.

Madagascar, un profond malaise social au coeur de la Présidentielle

Madagascar, depuis le retour de son indépendance en Juin 1960, est une République « copycat » du système français avec son Assemblée Nationale, son Sénat, son Premier Ministre et son Président élupar la voix des urnes. Expression « idéale » de la démocratie.

A Madagascar, l’élection présidentielle initialement prévue le 9 Novembre 2023 est remise au 16 Novembre 2023 sur proposition du « nouveau » gouvernement et validée par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC). Un candidat  ayant été grievement blessé au visage par l’explosion d’une bombe lacrymogène lors des premiers jours de revendications du CC. Candidat évacué à Maurice et dont le diagnostic des blessures subies ne lui permet pas de revenir au Pays à cette date.

En premier lieu, les revendications du CC réclament l’invalidité de la candidature de l’ex-président candidat à sa propre succession. Ex-président qui a perdu sa citoyenneté malgache en application du code de nationalité Malgache – article 42 de la Constitution-. Il n’est plus donc en droit de se présenter pour avoir demandé la nationalité française par naturalisation. Naturalisation obtenue alors qu’il était à la tête de la Haute Autorité de la Transition (2009-2013) !

La répression, seule réponse du Pouvoir

La France ne peut ignorer que sous la férule de cet ex-président/candidat les cinq années de sa mandature ont été marquées par la corruption institutionalisée et le verrouillage des instances  politico-judiciaires de la République. Les partis de l’opposition n’ont eu cesse d’évoquer des « montages de dossier » à l’encontre de journalistes, de personnalités d’affaires, de politique.

La France ne peut ignorer la mise à pied du président du Sénat, remplacé « ex-machina » et « de facto » par un général en retraite, l’établissement « ex-nihilo » d’un régime de gouvernement collegial (CG) dirigé par le Premier Ministre du régime sortant.  C’est un « Coup d’Etat Institutionnel » clament  les partis de l’opposition aussi bien de l’intérieur que de l’Extérieur. Car les procédures appliquées sont avérées anti-consitutionnelles. Mais la HCC valide.

Ce qui explicite l’autre revendication du CC.  A savoir la dénonciation, depuis l’annonce de la date des élections présidentielles, de diverses décisions prises par les 9 membres de la HCC jugées aux antipodes des règles de déontologie qui régissent cette haute institution de la République.

La France partage une partie non négligeable de l’Histoire de Madagascar. Madagascar où, depuis plus d’un mois,  la liberté d’expression est jugulée violemment comme l’attestent les images véhiculées par les réseaux sociaux et le reportage de divers media nationaux et internationaux.

La France des « Droits de l’Homme » peut-elle se contenter de co-signer le communiqué daté du 9 novembre 2023 dans lequel 6 autres représentations et délégations diplomatiques « …expriment leur profonde préoccupation suite aux incidents violents des derniers jours à Antananarivo qui ont causé plusieurs blessés, dont certains graves y compris parmi la presse, et suite aux arrestations de certaines personnalités politiques… »

Quand il s’agit de défendre les droits fondamentaux du citoyen – partout dans le monde – la voix « propre »  de la France compte incontestablement dans le concert des Nations.

 

ENCADRÉ. LE MAINTIEN DE L’ORDRE À ANTANANARIVO

Mondafrique s’est procuré la circulaire organisant le blocage total de la capitale dans les jours qui viennent et son quadrillage par les forces de police

REGION : ANALAMANGA
DISTRICT: ANTANANARIVO RENIVOHITRA

Objet: *gestion de l’ordre public dans la grande ville d’Antananarivo ce 09 novembre 2023* .

Honneur vous rendre compte que suite à l’attroupement interdit orchestré par le collectif des candidats et ses militants à Mahamasina hier, ils ont encore l’intention de poursuivre leur manifestation en choisissant le rond point d’ Ambatomainty comme leur point de ralliement.
L’arrestation du député Fetra lors de l’attroupement interdit à suscité un tollé de la part du collectif des candidats et des autres députés. Les informations véhiculées par les réseaux sociaux semblent équivoques quant à la poursuite ou pas de cette manifestation ce jour.

Pour parer à toute éventualité, l’EMMO FAR-REG, sous la réquisition du M. le Préfet de police, va déployer 4500 éléments mixtes.

Les missions assignées

-Intensifier la recherche des renseignements dans l’optique de devancer les actions des manifestants.

Tenir fermement la place du 13 mai.

-Prévenir l’ordre et la sécurité publique.

– Empêcher les partisans du collectif des candidats et ceux du candidat n°3 de s’affronter.

Interdire tout rassemblement sans autorisation des personnes.

-Prevenir tout acte de pillage et de vandalisme.

Le centre ville interdit

Six PATROUILLES MOBILES PRÉVUES POUR 06 ENTRÉES DU CENTRE VILLE.*

1/ *ROUTE D’ANKATSO – AMBANIDIA – TUNNEL AMBANIDIA:*
– GN : 15
– PN : 15
– AM : 15

2/ *AXE AMBATONAKANGA – AMBOHIDAHY – MAHAMASINA – ANOSY.*
– GN : 15
– PN : 15
– AM : 15

3/ *AXE ANTSAHAMANITRA – AMPEFILOHA – COLBERT- ORTM -TPI – AMBOHIDAHY -*
– GN : 15
– PN : 15
– AM : 15

4/ *AXE PETITE VITESSE – TSARALALANA – ISORAKA – ANTSAHAVOLA – ISOTRY* .
– GN : 15
– PN : 15
– AM : 15

5/ *AXE BEHORIRIKA – ANTANIMENA – ANKAZOMANGA* –
– GN : 15
– PN : 15
– AM : 15

6/ **PALISSANDRE – FARAVOHITRA – RASALAMA*
– GN : 15
– PN : 15
– AM : 15

Le Contrôle des domiciles des opposants

– *FARAVOHITRA* : MARC RAVALOMANANA : 4 elements GN
– *IAVOLOHA* : HERY RAJAONARIMAMPIANINA : 4 éléments GN (BDE ANDOHARANOFOTSY)
– *AMBOHIMANAMBOLA* : HAJO : 04 éléments GN du PA
– *ANTSAKAVIRO* : MONJA ROANDEFO : 04 éléments PN
– DÉPUTÉ RAZANAPIERA : 04 éléments PN.
– DÉPUTÉ FETRA : 04 elements GN.

La description des dispositifs policiers quartier par quartier

*_1ER CERCLE:_*
1/ *PARVIS* :
-GN :305
-PN :303
-AM : 341

2/- *STELE JEAN RALAIMONGO*
-GN : 100
-PN : 100
-AM : 100

3- *SOARANO*
GN : 100
PN : 100
AM : 10O

Les niveaux d’alerte

🚨 *_ALERTE JAUNE_*

*1/ les éléments de réserve prépositionnés au deuxième cercle avec les éléments patrouilleurs vont renforcer les dispositifs aux artères proche de leur dispositif abandonné.*

*2/ les éléments de réserve placés au parvis : tenir le parvis.*

🚨 *_ALERTE ROUGE_*
Tous les éléments déployés se replient de manière strategique et renforcent immédiatement les dispositifs adoptés sur la défense ferme du Parvis ( répartition des secteurs de surveillance par groupe ou section a exigé)

TOTAL : 4500
GN : 1500
PN : 1500
AM : 150