Le mystère reste entier après la libération des 46 ivoiriens par le Mali

Mali's interim president Colonel Assimi Goita, leader of two military coups, arrives to attend the Eid Al Adha prayer at a mosque in Bamako, Mali July 20, 2021.REUTERS/Stringer NO RESALES. NO ARCHIVES

Ces militaires avaient été arrêtés au Mali en juillet. Qualifiés de « mercenaires », quarante-six d’entre eux avaient été condamnés fin décembre à vingt ans de réclusion criminelle. Sans que l’on comprenne bien les tenants et aboutissants d’une extravagante expédition de militaires ivoiriens au Mali sous couvert d’une hypothétique opération de l’ONU. 

La semaine dernière, les 46 militaires ivoiriens sont passés devant une Cour d’assise spéciale qui les a condamnés à vingt ans de prison pour « attentat et complot contre le gouvernement atteinte à la sûreté extérieure de l’État ; détention, port et transport d’armes et de munitions de guerre ». Les trois femmes, qui avaient été libérées en septembre dernier, ont été, elles, condamnées à mort par contumace.

Un verdict très lourd.

Ce procès est intervenu après de multiples négociations diplomatiques par l’entremise du représentant du Togo, le ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey, et des tractations directes entre les autorités maliennes et ivoiriennes. Tout a été réglé au millimètre entre les deux parties qui ont même signé un mémorandum. Ce qui signifie qu’Abidjan a accepté les termes lourds de l’ordonnance de renvoi qui stipulent que la Côte d’Ivoire a : « tenté d’attenter à la sûreté intérieure de l’Etat du Mali notamment en ayant de tenté de commettre un attentat ou un complot dans le but de renverser par tous les moyens le gouvernement légal ou de changer la forme républicaine de l’Etat, soit d’inciter les citoyens à s’armer contre l’autorité. »

Cela signifie également que le président ivoirien, Alassane Ouattara, a accepté que les 46 militaires soient reconnus coupables. Il est clair dans ces conditions que sa responsabilité soit aussi engagée.

Un aveu de culpabilité 

En contrepartie de cet reconnaissance de culpabilité des responsables ivoiriens, Assimi Goïta, le chef de la junte ivoirienne au pouvoir,  se serait engagé à gracier les militaires ivoiriens. Ce 31 décembre, tous les regards étaient tournés vers son discours au palais de Koulouba en attendant les mots du chef de la junte qui sonneraient la dernière phase de cette histoire rocambolesque, dont on ne saura probablement jamais le fin mot. Mais le Président est resté muet au grand dam des Ivoiriens qui attendaient l’épilogue.

Ce n’était que partie remise.  Lors de ses vœux, le président Alassane Ouattara s’était d’ailleurs montré confiant en déclarant que les 46 militaires ivoiriens « regagneront bientôt le sol ivoirien.»

Leur retour à Abidjan a provoqué un apaisement certain dans toute la région, mais le mystère de leur échappée vers Bamako restera entier!