Le Hezbollah a été contraint de diversifier ses sources de financement alors que le gouvernement iranien, le principal bailleur de fonds du groupe terroriste, a vu ses ressources restreintes par les sanctions internationales. Le groupe s’est de plus en plus tourné vers les marchés financiers au comptant, mais aussi le marché de l’art pour lever des fonds.
Nazem Ahmad, financier libano-belge, a été inculpé mardi 18 avril de neuf chefs d’accusation de fraude, de blanchiment d’argent et d’évasion des sanctions, par le bureau du procureur américain de Brooklyn (New York, Etats Unis).
Simultanément, le Trésor britannique a gelé tous les avoirs de Nazem Ahmad à Londres, soit une « vaste collection d’art ». De plus, tous les artistes, galeries et maisons de vente aux enchères britanniques ont été interdits du moindre échange commercial avec lui ou avec six sociétés nommées, dont sa galerie Artual à Beyrouth, dirigée par sa fille, Hind Nazem Ahmad
Dans le collimateur des Américains.
En 2019, Ahmad et huit co-accusés avaient été accusés par la justice américaine et britannique d’avoir mis en place un vaste trafic de diamants et d’œuvres d’art pour tout à la fois s’enrichir frauduleusement eux-mêmes et financer le Hezbollah, un mouvement classé organisation terroriste par le gouvernement des Etats Unis. L’acte d’accusation parle de montants atteignant 160 millions de dollars depuis 2019. La même année, Ahmad avait déjà été placé sous sanctions américaines, lorsque le département du Trésor l’avait accusé d’avoir acheminé des millions de dollars dans les caisses du Hezbollah pour financer des activités liées au terrorisme.
Les nouvelles charges portent sur un principe de blanchiment complexe qui obligeait à importer clandestinement aux Etats Unis un nombre important de diamants en provenance d’Afrique – dont un diamant de 45 carats évalué à 80 millions de dollars – dont la vente servait à l’acquisition d’œuvres d’art contemporain qui étaient ensuite expédiées au Liban. Sans doute la revente de ces œuvres alimentait-elle pour partie les caisses du mouvements terroriste pro-iranien.
Picasso, un écran anti blanchiment
Nazem Ahmad a affirmé à des revues comme Architectural Digest et à des magazines d’art en ligne, qu’il était propriétaire d’une vaste collection d’œuvres d’art qui comprend des œuvres de Pablo Picasso, Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat. Mais le bureau du procureur pense qu’il agit plutôt pour le compte d’un tiers qui pourrait être le Hezbollah.
Le ministère de la Justice américain a également saisi plus de 450 diamants et plus d’une centaine d’œuvres d’art liées aux accusés.
Le trésor de guerre du Hezbollah (volet 1): trafics et contrefaçon
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