Le 20 juillet, le porte-parole de la Minusma, le français Olivier Salgado, a été sommé par les autorités maliennes de quitter le territoire dans les 72 heures. Une nouvelle fois, elles ont choisi la manière forte, en mettan les Nations Unies dans l’embarras
L’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés à l’aéroport de Bamako le 10 juillet dernier n’est toujours pas résolue et continue de faire des vagues. La première victime collatérale est donc le porte-parole de la mission des Nations Unies au Mali. Dès le 11 juillet, il avait pris, via twitter, le parti de la version ivoirienne, selon laquelle ces soldats étaient arrivés en appui des contingents de la Minusma. Contrairement aux Maliens qui affirmaient, eux, qu’ils étaient des mercenaires en mission pour déstabiliser la transition. Mais 24 heures après le tweet qui avait enflammé la toile, Olivier Salgado était démentit par sa hiérarchie à New-York.
Dans le communiqué cinglant du gouvernement de Choguel Maïga, enjoignant Olivier Salgado de quitter illico son boulot, une petite phrase attire l’attention. « La demande officielle a lui adressée depuis le 12 juillet de fournir la preuve des affirmations contenues dans son tweet, ou au cas contraire d’apporter la rectification nécessaire est restée sans suite. » En effet, sur quels éléments, le communicant s’est-il basé pour affirmer que ces 49 militaires étaient bien des « Eléments Nationaux de Soutien » ? Mystère et boule de gomme.
Les Français sur la sellette
Selon un fonctionnaire des Nations Unies : « Lors d’événements comme ceux-ci, une cellule de crise se réunie et il y a des procédures strictes. Il paraît incroyable qu’un porte-parole s’exprime de sa propre initiative. » Olivier Salgado est-il victime d’un dégât collatéral ou a-t-il fauté ? Là encore, mystère. Cependant, la réaction de son homologue à New-York donne une petite indication. Il réagit à l’expulsion de son collègue qu’il « regrette profondément » en rappelant les obligations de la Charte de l’ONU selon laquelle « le personnel de l’ONU ne peut pas être déclaré persona non grata ». Cette déclaration se concentre donc sur la forme, sur la manière dont le Mali a réagi, et non sur le fond et revient à ne pas soutenir Olivier Salgado. En outre, le communicant qui était en poste depuis le début de la Minusma au Mali, d’abord aux droits de l’Homme puis au porte-parolat, était loin de faire l’unanimité au sein de la mission. Cet ancien directeur de marketing de la radio NRJ était jugé par nombre de ses collègues comme très arrogant.
Pour rappel, ce n’est pas la première fois qu’un fonctionnaire des Nations Unies est expulsé du Mali. En 2019, sous le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta, un autre Français, Christophe Sivillon, chef de la Minusma au bureau de Kidal, avait été déclaré persona non grata. Mais lui n’avait eu que 24 heures pour quitter le territoire !
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