Entre crise diplomatique ouverte avec la France et persistance de l’insécurité, aucun horizon ne se dégage pour la présidentielle malienne censée trouver en 2022 un successeur à Amissi Goïta. Le bal des prétendants a déjà commencé.
Après avoir connu deux coups d’Etat militaire en moins d’un an, le Mali se prépare à connaître une présidentielle inédite. Nul ne sait à ce jour quand et avec quel casting aura lieu le scrutin censé trouver un successeur à Assimi Goïta, président de la transition et chef de la junte militaire au pouvoir. Tout repose, en vérité, sur la seule volonté des militaires maliens qui dicteront le nouveau calendrier électoral et qui donneront à qui bon leur semblent le quitus pour être candidats.
Professionnels de la politique
Sous couvert d’une opération mains propres à la malienne, la junte a entrepris de recaler certains prétendants sérieux au fauteuil présidentiel. Outre l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga écroué en août dernier à la maison d’arrêt de Bamako, plusieurs autres personnalités politiques en vue seraient dans le viseur des militaires. Cette sorte de Damoclès ne suffit pas pourtant à décourager d’anciens Premiers ministres, ministres et de simples cadres des partis politiques à entamer leur préparation à l’élection. Entre tournées sous-régionales et internationales, collectes de fonds, lobbying auprès des chancelleries et rencontres avec les médias, ils sont nombreux à avoir déjà pris le départ. Il y a parmi eux des noms bien connus : les anciens Premiers ministres Moussa Mara, Modibo Sidibé, Boubou Cissé, le tout dernier chef de gouvernement du président IBK ; les anciens ministres Tiébilé Dramé, Mountaga Tall. On peut également citer dans cette catégorie des politiciens habitués de toutes les présidentielles comme l’ancien leader étudiant Oumar Mariko.
Des hommes d’affaires candidats
Profitant du contexte actuel qui n’est pas forcement favorable aux politiciens de longue date, des opérateurs économiques et des figures de la société civile s’activent en coulisses pour prendre le départ de la course pour le fauteuil présidentiel. Dans cette catégorie, on trouve Ibrahima Diawara, de « Malien tout court » (MTC), vice-président du patronat malien ; Seydou Coulibaly patron du cabinet d’ingénieurs conseils CIRAS, qui a fait fortune au Mali et dans la sous-région.
En dépit des moyens financiers dont ils disposent, ces prétendants pourraient être handicapés par l’absence d’investiture par un parti politique. Au Mali, comme d’ailleurs dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, la présidentielle est avant tout une affaire d’appareil politique.
Pour l’avoir compris, l’homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo a créé l’Alliance démocratique pour la paix (ADP), qui lui avait permis d’arriver en troisième position en 2018, derrière IBK et l’opposant Soumaïla Cissé, décédé en décembre 2020.
Les militaires, grands électeurs
Qu’il vienne de la société civile, du monde des affaires ou qu’il soit investi par un parti politique, le prétendant au fauteuil présidentiel a tout intérêt à se ménager le soutien de la junte qui va organiser le scrutin présidentiel. En gardant la haute main sur le Conseil national de transition (CNT, dirigé par le Colonel Malick Diaw, vice-président de la junte), le ministère de l’Administration territoriale et des postes de gouverneurs de région, les militaires se sont assurés qu’ils pèseront fortement dans le choix du futur locataire du palais de Koulouba, sur les hauteurs de Bamako.
Même si elle n’a pas encore publiquement exprimé de choix, certains observateurs évoquent parmi les candidats qui auraient la préférence de la junte le général à la retraite Moussa Sinko Coulibaly, ancien ministre de l’Administration territoriale ou le banquier Mamadou Igor Diarra, ancien ministre de l’Economie et des Finances d’IBK. Dans tous les cas, le candidat adoubé par la junte devrait logiquement être le prochain président du Mali.
Sauf si Assimi Goïta décidait lui-même d’y aller.
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