Arrêtés lors du coup d’État au Gabon les 29 et 30 août 2023, Sylvia et Noureddin Bongo sont victimes de tortures, de sévices divers et d’extorsions en dehors de tout cadre légal.
Sylvia Bongo, ancienne Première Dame du Gabon et épouse d’Ali Bongo, ainsi que son fils Noureddin Bongo, ont été « arrêtés » lors du coup d’État au Gabon qui s’est déroulé les 29 et 30 août 2023. Officiellement poursuivis notamment pour « blanchiment de capitaux » et « faux et usage de faux », Sylvia et Noureddin Bongo n’ont à ce jour bénéficié d’aucun des droits garantis dans cette procédure, bien que les nouvelles autorités militaires aient promis dans la « charte de la transition » de les respecter pour l’ensemble des justiciables au Gabon. L’article 12 de cette charte garantit en principe l’accès à un avocat, mais cela ne leur a toujours pas été accordé.
Exactions et tortures
Bien que l’article 11 de la charte de la transition dispose : « Nul ne peut faire l’objet de tortures, de peines ou de traitements cruels, dégradants ou inhumains », Sylvia et Noureddin Bongo en subissent pourtant :
- Sylvia Bongo : battue à coups de tuyau d’arrosage, frappée de manière répétée au visage et étranglée.
- Noureddin Bongo : battu avec un tuyau d’arrosage, frappé avec un marteau, un pied-de-biche et un bâton de bois. Torturé à l’électricité avec un pistolet à impulsion électrique, communément appelé taser, il a également été étranglé. Lors d’un passage à tabac, il a subi une perforation du tympan…
Un autre supplice consiste à obliger Noureddin Bongo et d’autres « détenus » (dont l’ancien ministre du pétrole Vincent de Paul Massassa ) à se frapper entre eux avec des objets sous peine de recevoir des décharges électriques…
Des présumés tortionnaires proches d’Oligui Nguema
Les auteurs présumés de ces tortures sont pour la plupart des militaires, notamment des officiers supérieurs appartenant à la Garde républicaine du Gabon, anciennement appelée Garde présidentielle. Ces séances de torture sont supervisées par un officier supérieur (un lieutenant-colonel) proche de Brice Oligui Nguema. Cet officier, collaborateur d’Oligui Nguema lorsqu’il était commandant en chef de la Garde républicaine, occupe par ailleurs un poste important à la Direction Générale des Services Spéciaux, les services de renseignement de la Garde républicaine le service de renseignement le plus puissant du Gabon.
Un autre colonel, déjà cité dans une autre affaire d’enlèvement et de torture, et membre de la famille de Brice Oligui Nguema, participe activement à ces séances selon plusieurs témoignages de premier plan.
Virements bancaires sous la torture
Au-delà de la cruauté pure de ces militaires gabonais coutumiers des faits et sûrs de leur impunité, il semble qu’ils cherchent également à faire main basse sur l’argent de la femme et du fils d’Ali Bongo, hors de tout cadre judiciaire. Ainsi, Mondafrique dispose de preuves montrant un virement bancaire réalisé par Noureddin Bongo au bénéfice d’un officier de renseignement gabonais, membre de la Direction Générale des Services Spéciaux, et lui aussi parent de Brice Oligui Nguema, pour un montant de plus d’un demi-million d’euros. Ces virements ont été effectués alors que Noureddin était en détention – et selon nos informations – lors d’une séance de torture particulièrement sadique.
On est loin, très loin d’une véritable procédure judiciaire, on peut également douter que ce qui est infligé à Sylvia et Nourredin Bongo le soit fait au nom et surtout dans les intérêts du peuple gabonais…
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