La menace djihadiste plane au nord de la Côte d’Ivoire

23.05.23. Kafolo, District du Tchologo, Région des Savanes, Côte d’Ivoire. Unité des forces spéciales de l’armée ivoirienne sur le check point du pont surplombant le fleuve Comoé à l’entrée nord du village de Kafolo. Kafolo, Côte d’Ivoire. PHILIPPE DUDOUIT POUR « LE MONDE ».

Abidjan cherche un terrain d’entente avec son voisin burkinabè, la junte militaire au pouvoir, pour lutter efficacement contre la menace terroriste qui s’installe à sa frontière nord. Mais le capitaine Ibrahim Traoré, qui dirige un pays miné par le terrorisme sur presquela moitié du territoire, n’a pas l’air très emballé par cette perspective de collaboration.

Correspondance à Abidjan

En juin 2020, plusieurs dizaines de militaires ivoiriens avaient été tués à Kafolo, située à quelques kilomètres de la bande frontalière avec le Burkina Faso après une première attaque terroriste qui avait visé les plages de la ville balnéaire de Grand-Bassam en mars 2016. Cette attaque avait fait 22 morts et 33 blessés, principalement des civils. Les assaillants étaient venus du Burkina. Or de telles menaces sont à nouveau perceptibles.

Les autorités ivoiriennes sont obligées de ronger leur frein en attendant une décision de Ouagadougou qui tarde à répondre à leur demande de collaboration visant à contrer la menace terroriste sur la bande frontalière avec le Burkina Faso, au nord du pays. Abidjan s’impatiente d’attendre et a relancé, en avril dernier, à ce sujet, son homologue burkinabè. La Côte d’Ivoire presse son voisin pour débuter des opérations conjointes anti-terroristes devant comprendre des patrouilles communes et des échanges de renseignements mais le capitaine Ibrahim Traoré demande à son homologue ivoirien d’attendre.

Aucune garantie de collaboration

Le chef de la junte n’offre pas vraiment de garanties de collaboration puisqu’il critique publiquement Abidjan d’abriter des groupes terroristes qui mèneraient des incursions régulières dans son pays avant de revenir en Côte d’Ivoire qui leur servirait de base-arrière. Abidjan protégerait également les opposants au régime burkinabè et laisserait par-dessus tous les chroniqueurs de La Nouvelle Côte d’Ivoire, insulter impunément les dirigeants burkinabè.

Officiellement, Abidjan n’a pas commenté ces accusations qui expliquent en partie les raisons pour lesquelles Ouagadougou freine des quatre fers sur sa demande de collaboration. Les critiques du chef de la junte rendent inutile la rencontre du 19 avril dernier au cours de laquelle les ministres de la défense des deux pays s’étaient rencontrés à Niangoloko, dans une ville burkinabè proche de la frontière ivoirienne. Les deux hommes avaient pourtant semblé satisfaits de cet entretien  qui sonnait, au regard des nombreux accrochages enregistrés à la frontière ces derniers mois, comme un rapprochement entre les deux pays.

« Nous quittons Niangoloko avec les cœurs remplis de joie », avait salué Téné Ibrahima, le ministre de la défense ivoirien et frère cadet d’Alassane Ouattara. Ce dernier ajoutait que « nous avons passé en revue tous les points des relations entre les deux pays et je peux vous assurer que cette réunion de Niangoloko donnera un nouveau départ aux relations entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ».

L’armée burkinabè désorganisée

Les autorités burkinabè demandent à leurs homologues Ivoiriens de patienter, le temps de poursuivre la réorganisation des forces armées. En guise de réaction et alors que les Américains alertent les Ivoiriens sur les risques terroristes, Abidjan a déjà passé commande de quatre nouveaux hélicoptères chinois qui seront livrés d’ici la fin de l’année, ainsi que des armes de guerre de pointe tels que des mitrailleurs et des lance-missiles.

A défaut d’avoir la collaboration du Burkina Faso, Alassane Ouattara peut au moins remercier la conjoncture sous-régionale marquée par le renvoi des troupes américaines du Niger où elles étaient stationnées. Les Etats-Unis s’activent en effet à réinstaller leurs troupes en déperdition dans une base militaire US en Côte d’Ivoire. A cet effet, le président ivoirien s’est entretenu le 29 avril dernier avec le général Michael Langley, le commandant du commandement militaire des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom) qui a promis l’aide de son pays dans les domaines du renseignement et de la formation.

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