Quand l’Espagne livrait en 2022 à l’Algérie un opposant politique

Les autorités espagnoles qui étaient à l’époque un allié fidèle d’Alger avaient extradé en mars 2022, Mohamed Benhalima l’ancien militaire ayant fui l’Algérie après avoir pris part au mouvement populaire, Hirak, en 2019.

 

L’ex-caporal, Mohamed Benhalima, avait rejoint clandestinement le territoire espagnol en 2022 avant d’étre extradé vers l’Algérie. L’avion qui le transportait a atterri en début de soirée à l’aéroport international d’Alger. Sur les premières vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on voit bien l’homme, menotté, descendre d’un avion de la compagnie aérienne espagnole. Il avait été accueilli par des agents de la police algérienne qui l’ont ensuite transporté dans leur véhicule.

Livré par l’Espagne 

Mohamed Benhalima, rappelons-le, avait introduit une demande d’asile politique en Espagne qui a été rejetée par les autorités espagnoles. Le jeune s’est ensuite déplacé en France où il avait été auditionné, en janvier dernier, par la police avant d’être remis en liberté. Il s’est fait arrêter, selon des activistes algériens réfugiés en Europe, au Portugal et les autorités de ce pays l’ont remis à leurs homologues espagnoles.

Le 17 mars 2022, l’ex-militaire a été placé dans un centre de rétention pour étrangers à Valence (est de l’Espagne). Il avait même diffusé des enregistrements de l’intérieur de ce centre où il avait parlé de sa situation. Cité par des médias internationaux, son avocat espagnol, Eduardo Gomez Cuadrado, avait précisé que « Mohamed Benhalima a été arrêté à Saragosse (nord-est) et faisait l’objet d’une procédure d’expulsion ».

Mandat d’arrêt international 

Pour rappel, Mohamed Benhalima a été condamné par contumace, en mars 2021, à 10 ans de prison pour «publications de fausses informations». Un mandat d’arrêt international avait  été également lancé à son encontre. Selon toujours son avocat, la police espagnole a motivé sa procédure d’expulsion par des accusations « d’activités contraires à la sécurité nationale ou qui pourraient compromettre les relations de l’Espagne avec d’autres pays». Selon lui, les autorités espagnoles lui reprocheraient notamment des liens présumés avec le mouvement islamo-conservateur Rachad, classé en Algérie comme une « organisation terroriste ».

Outre Mohamed Benhalima, les autorités espagnoles avaient remis, en août 2021, un ex-gendarme déserteur, en l’occurrence Mohamed Abdellah. Ce dernier a été également extradé pour les mêmes faits.

Dans un communiqué rendu public, il y a quelques jours, l’ONG Amnesty International avait appelé l’Espagne à «renoncer immédiatement» à une éventuelle expulsion de Mohamed Benhalima, affirmant qu’il s’agit d’un «lanceur d’alerte» ayant «dénoncé la corruption dans les rangs des hauts gradés de l’armée algérienne».

Amnesty accuse notamment le régime algérien de «torture et d’autres formes de mauvais traitements» contre plusieurs militants du Hirak.

En prison en Algérie 

Le 28 août 2022, Benhalima a été jugé par la chambre pénale près la cour d’Alger, pour trois affaires distinctes liées à ses publications et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, qui lui ont valu trois peines de prison, 8 ans, 5 ans et 3 ans, prononcées en première instance. Il avait nié les faits, évoquant «un piratage» de ses comptes,  et déclaré aussi qu’il n’a fait que dénoncer la corruption, avant de se plaindre «d’abus» et «d’actes de maltraitance» , dont il dit avoir fait l’objet, durant l’enquête préliminaire. 

Le procureur général avait demandé une aggravation de la peine de 8 ans, pour la porter à 10 et celles de 5 ans et 3 ans, alors que son avocat Me Zakaria Belahrech avait réclamé tout simplement la relaxe. Hier, la présidente de la chambre pénale a revu à 6 ans, la peine de 8 ans, et à 3 ans celle de 5 ans et maintenu celle de 3 ans.