Libye - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/libye/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Mon, 16 Jun 2025 07:03:56 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg Libye - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/libye/ 32 32 L’incroyable histoire de la détention au Liban d’Hannibal Khadafi https://mondafrique.com/decryptage/lincroyable-histoire-de-la-detention-au-liban-dhannibal-khadafi/ Mon, 09 Jun 2025 04:31:33 +0000 https://mondafrique.com/?p=135314 Bien qu’ayant seulement trois ans au moment des faits,  le fils de l’ex Guide libyen Mouammar Kadhafi, Hannibal Kadhafi, est accusé en raison de son rôle au sein du régime kadhafiste, de détenir des informations au sujet de l’enlèvement d’un imam libanais, l’influent religieux chiite Moussa Sadr. Détenu depuis dix ans au Liban sans preuve […]

Cet article L’incroyable histoire de la détention au Liban d’Hannibal Khadafi est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Bien qu’ayant seulement trois ans au moment des faits,  le fils de l’ex Guide libyen Mouammar Kadhafi, Hannibal Kadhafi, est accusé en raison de son rôle au sein du régime kadhafiste, de détenir des informations au sujet de l’enlèvement d’un imam libanais, l’influent religieux chiite Moussa Sadr. Détenu depuis dix ans au Liban sans preuve tangible, ll incarne les non-dits d’un dossier qui enflamme toujours Beyrouth, Tripoli et Téhéran

Les autorités libanaises l’ont détenu sans procès depuis son arrestation en décembre 2015, malgré des appels d’ONG telles que Human Rights Watch et de son avocat à obtenir sa libération .

Des rumeurs annonçant sa libération au début mars 2025 ont été formellement démenties par son avocat, qui a affirmé qu’aucun changement dans son statut juridique n’était intervenu depuis 2017

Bechir Jouini, chercheur

Hannibal Kadhafi, âgé de 50 ans, refuse de finir oublié dans les prisons libanaises. Le fils de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a été arrêté au Liban en décembre 2015 après avoir été enlevé par un groupe armé, dont certains membres seraient liés à l’ancien député libanais Hassan Yaacoub.

Marié à la Libanaise Aline Skaf, Hannibal est détenu depuis dix ans sans motif légal valable, selon ses avocats, tandis que la justice libanaise l’accuse de « dissimulation d’informations » – un crime passible d’une peine maximale de trois ans – dans le cadre de l’affaire de la disparition de Moussa Sadr[1], chef spirituel de la communauté chiite libanaise et fondateur du mouvement Amal[2].

Les autorités libanaises n’ont pas réussi à punir le père, Mouammar Kadhafi, mort avant la révolution contre son régime en 2011. Vont-elles se venger sur le fils ? Quoi qu’il en soit, Hannibal Kadhafi insiste sur le fait qu’il n’avait que deux ans au moment de la disparition du religieux chiite et de ses deux compagnons en 1978.

Mais pourquoi cette affaire est-elle si importante pour la Libye, mais aussi pour d’autres pays comme l’Iran, la Syrie, l’Irak et l’Italie ?

Tout commence avec la présentation du chef de la délégation tripartite, dont plusieurs parties accusent la Libye de l’avoir fait disparaître ou de l’avoir liquidé : il s’agit de l’influent religieux Moussa Sadr. Né le 4 juin 1928 dans la ville iranienne de Qom, il a grandi dans une famille de savoir et de jurisprudence. Il fut l’un des premiers clercs à allier sciences religieuses et modernes. En 1954, après avoir obtenu des diplômes universitaires en sciences modernes, il se rendit à Najaf pour approfondir ses études religieuses. C’est là qu’il rencontra le cheikh Mohammed Yaacoub, qui deviendra son compagnon le plus proche (et qui l’accompagnera dans son voyage en Libye avant de disparaître avec lui).

Par la suite, il entama son activité religieuse depuis la ville libanaise de Tyr en 1959, avant d’être élu président du Conseil islamique chiite en 1969. Ses responsabilités ne cessèrent de croître, et il parcourut tout le Liban, rassemblant les efforts autour de ce qu’il considérait comme un projet politique unificateur de toutes les confessions. Ce projet se concrétisa en 1974 avec la création du « Mouvement des déshérités », qui rassemblait des personnalités libanaises de toutes les confessions. Il tenta, en unissant ces figures, de faire face à la guerre civile libanaise qui éclata en 1975, en menant plusieurs manifestations et sit-in qui ouvrirent la voie à la mobilisation pour la création du mouvement Amal.

L’imam Moussa Sadr soutint également la cause palestinienne et la résistance, tout en s’opposant à l’installation des Palestiniens au Liban et en critiquant les exactions de certaines organisations palestiniennes dans le pays.

À la même époque, les événements au Liban étaient influencés par le régime de Mouammar Kadhafi, l’un des principaux financeurs et soutiens de la guerre civile libanaise. Moussa Sadr tenta de contenir les conséquences de cette implication libyenne en ouvrant des canaux de communication avec les autorités libyennes, d’autant plus qu’Israël avait envahi le sud du Liban, rendant cruciale l’unité face à ce nouveau défi.

Il entama alors une tournée arabe, commençant par l’Algérie, où il rencontra le président Houari Boumédiène, qui lui conseilla de se rendre auprès de Kadhafi pour obtenir son soutien et mettre fin aux agressions contre le Liban. C’est ainsi que, le 24 août 1978, l’imam reçut une invitation officielle à visiter la Libye, remise par le chargé d’affaires libyen au Liban, Mahmoud Ben Kourra. Malgré les doutes et les craintes de son entourage, il partit à la tête d’une délégation comprenant le cheikh Mohammed Yaacoub et le journaliste Abbas Badr.

Cependant, des questions entourèrent cette invitation dès l’arrivée de la délégation en Libye : aucun responsable libyen ne les accueillit officiellement, seuls l’employé Hassam Milad et Ahmed Chhati, directeur du bureau des relations extérieures, furent présents. L’imam n’eut qu’une brève rencontre de quelques minutes avec Abdallah Senoussi, chef des renseignements libyens, ce qui attisa sa colère et le poussa à demander à partir, d’autant que son épouse était hospitalisée à Paris pour traitement. Pourtant, les autorités libyennes le firent patienter cinq jours avant la mystérieuse rencontre avec Mouammar Kadhafi.

La rencontre entre Kadhafi et l’imam .

Hussein Kanan, chef du bureau politique du mouvement Amal, témoigne dans une déclaration importante que Mouammar Kadhafi aurait proposé à l’imam Moussa Sadr un soutien illimité, déclarant : « La Libye, avec ses armes et ses ressources, est à ta disposition si tu combats les Maronites. » La réponse de l’imam fut un refus catégorique, ce qui provoqua la colère de Kadhafi, mettant fin à la réunion.

Après cela, les nouvelles de l’imam Moussa Sadr et de son compagnon cessèrent. Des manifestations éclatèrent au Liban, et il devint évident que sa disparition aurait un impact profond sur le Liban et d’autres pays liés à lui. Le 17 septembre 1978, la Libye publia un communiqué affirmant que Sadr et Yaacoub étaient partis soudainement en direction de l’Italie.

C’est alors que surgirent des récits contradictoires, entre démentis, confirmations et pistes de disparition suspectes. Voici les principales versions qui ont circulé depuis cette date jusqu’à récemment :

  1. Abd el Rahman Chalgham (ancien ministre des Affaires étrangères)

Abd el Rahman Chalgham a indiqué que Moussa Sadr avait besoin d’un soutien financier et militaire pour le mouvement Amal. Il a rencontré le président algérien Houari Boumédiène, qui n’a pas répondu à sa demande mais lui a conseillé de se rendre en Libye, recommandant Mouammar Kadhafi à son égard. Chalgham a mentionné que les assistants de Moussa Sadr et plusieurs de ses proches avaient tenté de l’en dissuader, mais il a pris le risque de s’y rendre. La rencontre avec Kadhafi fut houleuse, les deux hommes s’opposant sur plusieurs questions religieuses.

Selon les rumeurs libanaises, la rencontre s’est mal terminée, mais l’ancien ministre libyen des Affaires étrangères s’interroge sur l’existence réelle de divergences entre Sadr et le régime de Kadhafi, rejetant cette version. Il souligne que Kadhafi se considérait comme un descendant de Moussa al-Kadhim (un imam chiite) et que Moussa Sadr n’était pas opposé aux révolutionnaires, tels que définis par le système libyen.

Chalgham minimise également une autre version rapportée par Mohammed Ramadan, conseiller spécial de Kadhafi, selon laquelle le régime aurait tué Moussa Sadr via les officiers Faraj Bougala et Bachir Hamida, puis aurait chargé l’agent des renseignements Mohammed Al-Rahibi de jouer le rôle de Sadr et de voyager à Rome avec deux accompagnateurs.

Après la révolution libyenne du 17 février 2011, plusieurs corps d’opposants au régime de Kadhafi ont été retrouvés, dont celui de Mansour El-Kikhia, ancien ministre des Affaires étrangères[3], enterré dans une villa du quartier d’Al-Andalus. L’ancien Premier ministre libyen Mahmoud Jibril aurait déclaré à Chalgham que des recherches avaient été menées dans les lieux où Sadr était supposé se trouver, sans résultat. Le ministre italien de l’Intérieur, Fabbrizio, a fourni à Chalgham un dossier complet sur Moussa Sadr. Ce dernier a proposé la création d’une commission tripartite (Libye-Liban-Italie), mais les Libanais ont refusé.

  1. Abdessalam Jalloud (Premier ministre libyen à l’époque de la visite de Moussa Sadr)

Abdessalam Jalloud, l’une des figures majeures de l’ère Kadhafi avant de prendre ses distances en 1992 (puis de soutenir la révolution en 2011), a témoigné que Kadhafi convoquait habituellement le directeur des protocoles un mois avant les célébrations du 1er septembre[4] pour organiser les invitations. En 1978, Moussa Sadr fut invité, mais Jalloud affirme ne pas avoir été informé à l’avance.

Lorsqu’il apprit la disparition, il exprima son mécontentement et demanda à Kadhafi, lors d’un appel tendu, de révéler le sort des invités libanais. Kadhafi nia toute implication. Jalloud ajoute que Kadhafi aurait choisi un agent des renseignements ressemblant à Sadr pour le remplacer lors du voyage à Rome, une manœuvre qu’il qualifie de « maladroite ». Il explique que Kadhafi répétait que « la communauté chiite ne devait pas être dirigée par un chiite perse ».

  1. Ahmed Kadhaf al-Dam (responsable sécuritaire et cousin de Kadhafi)

Ahmed Kadhaf al-Dam nie toute logique derrière une éventuelle liquidation de Moussa Sadr par Kadhafi. Il souligne que le leader libyen avait des divergences avec ses pairs au Conseil de la révolution, mais n’a jamais éliminé l’un d’eux. Selon lui, Sadr n’était pas en opposition avec le régime et était même proche de lui.

Il s’interroge : pourquoi l’avoir fait venir à Tripoli pour le tuer alors que la Libye avait des groupes opérant au Liban ? Il conclut que ce mystère reste entier car certains ont intérêt à en faire un prétexte pour affaiblir la Libye, en punition de son soutien au Liban, à la Palestine et aux mouvements de libération.

Lors d’une visite à Téhéran sous Khatami, le président iranien lui demanda de servir de médiateur dans l’affaire Sadr. Il proposa une commission quadripartite (Iran, Syrie, Liban, Libye), avec Mohammad Baqer Abtahi (clerc iranien), Mohammad Nassif Khairbek (conseiller sécuritaire syrien) et Jamil El-Sayyed (directeur de la sûreté libanaise). Les réunions eurent lieu à Beyrouth et Genève, mais les efforts échouèrent en raison de l’opposition de Nabih Berri, chef du Parlement libanais et d’Amal[5].

  1. Aziz Oumar Chenib (colonel et ancien ambassadeur libyen en Roumanie et Jordanie)

L’ancien ambassadeur a affirmé que Kadhafi avait ordonné la liquidation de Moussa Sadr en 1978. Il détient une lettre importante pour la famille de Sadr, qu’il n’a jamais pu leur transmettre.

 

 

  1. Mohammed Abou Al-Qasim Al-Zouï (président du Parlement et ancien ministre de la Justice en Libye )

Al-Zouï a déclaré avoir vu Moussa Sadr et sa délégation descendre de l’avion le 31 août 1978. Étonné par l’absence de couverture médiatique, il ordonna une couverture, mais les journalistes ne les trouvèrent pas à l’hôtel.

L’ambassadeur mauritanien en Libye lui aurait confirmé avoir vu Sadr à l’aéroport. Al-Zouï a également vu les tampons italiens sur le passeport de Sadr, mais nie qu’Abdallah Senoussi ait été impliqué. Selon des sources internes, c’est Moussa Koussa (ancien chef des renseignements) qui aurait joué le rôle de Sadr lors du vol Tripoli-Rome.

  1. Mohammed El-Khaddar (ancien procureur de Tripoli)

El-Khaddar rapporte que l’avion libyen en provenance de Rome la première semaine de  septembre 1978 a été retardé de 30 minutes pour permettre à un agent des renseignements (probablement Mohammed Ali Al-Rahibi) d’embarquer. Ce dernier aurait joué le rôle de Sadr à l’hôtel Holiday Inn a Rome.

  1. Abdel Monem Al-Houni (ancien ministre et membre du Conseil de la révolution)

Al-Houni affirme que Sadr a été emprisonné à Tripoli, puis emmené à Syrte pour rencontrer Kadhafi. Espérant qu’il modifierait ses positions religieuses (qui avaient irrité Kadhafi), ce dernier ordonna sa liquidation lorsqu’il refusa de céder.

  1. Abd el Fattah Younès (ancien ministre de l’Intérieur et chef d’état-major en 2011)

Younès confirme que Sadr et ses compagnons furent tués quelques jours après leur arrivée en Libye par Sabri Al-Banna (Abou Nidal)[6], qui les enterra dans son jardin.

  1. La version italienne

Stefania Limenti (journaliste d’investigation) et Alessandro Politi (expert en sécurité) estiment que la version officielle libyenne n’est pas crédible. L’affaire pourrait être une opération internationale menée sur le sol italien.

  1. Habib Masoud (ancien gardien de prison)

Masoud a reconnu avoir gardé Moussa Sadr entre 1992 et 1994 dans une prison de Tripoli (rue Al-Nasr). Sadr bénéficiait de soins médicaux et de conditions décentes. Cependant, toute trace de lui disparut en 1995. En 2011, une inscription attribuée à Sadr fut découverte dans la prison d’Aïn Zara, confirmée par l’ancien détenu Moaz Bouhlega.

  1. La version américaine

En 1978, des responsables du Département d’État américain auraient informé la famille de Sadr qu’il avait été liquidé, avant de se rétracter. Le New York Times a évoqué une rivalité entre Sadr et l’ayatollah Khomeini, ainsi que des contacts secrets entre Sadr et le Shah d’Iran.

Andrew Cooper (universitaire à Columbia) estime que Sadr aurait pu changer le visage du Moyen-Orient s’il n’avait pas disparu[7].

  1. Ali Nouri Zadeh (chercheur iranien)
    Le chercheur iranien Ali Nouri Zadeh a révélé que l’entourage extrémiste de l’ayatollah Khomeini était responsable de l’élimination de l’Imam Sadr, afin de s’assurer le contrôle et la pérennité du pouvoir en Iran. Cela s’est concrétisé à l’été 1978 lorsque Sadr a disparu en Libye avec deux de ses accompagnateurs.

Le Dr. Ali Nouri Zadeh, ami personnel de Sadr et directeur d’un centre d’études spécialisé sur les affaires iraniennes à Londres, a expliqué que Sadr fut le premier à percevoir la menace que représentaient les extrémistes pour l’Iran à la fin des années 1970. Il avait engagé des contacts secrets avec le Shah Mohammad Reza Pahlavi, ce que Khomeini et son cercle ont découvert, les poussant à éliminer Sadr, considéré comme un obstacle à leurs ambitions. Cette opération fut menée en collaboration avec le régime de Kadhafi en Libye, alors en conflit avec le Shah.

Zadeh a précisé qu’il séjournait souvent chez Sadr à Beyrouth dans les années 1970 et était au courant des échanges entre ce dernier et le Shah. Une des lettres, interceptée à cause d’une trahison, serait parvenue à Khomeini au lieu du Shah, scellant le sort de Sadr. Selon Nouri Zadeh, Kadhafi n’a été qu’un exécutant dans cette affaire.

Les récits sur la fin de Sadr divergent : certains évoquent un assassinat en Libye, suivi d’un enfermement dans un cercueil en béton jeté en Méditerranée ; d’autres affirment que Kadhafi a dissous son corps dans de l’acide.

Nouri Zadeh mentionne également un sympathisant de Sadr, Moïn Zadeh, employé à l’ambassade d’Iran à Beyrouth, qui aurait remis une lettre de médiation destinée au Shah aux partisans de Khomeini (sans impliquer directement Khomeini, selon le chercheur). Parmi eux, Jalel Eddin Farsi et Mohammad Saleh al-Husseini, un Irakien d’origine iranienne, se seraient rendus en Libye pour convaincre Kadhafi de « faire disparaître » Sadr.

Enfin, Nouri Zadeh souligne que Khomeini, après la révolution, n’a jamais enquêté sur le sort de Sadr. Au contraire, des proches de Kadhafi dans l’entourage de Khomeini sont allés en Libye pour récupérer des fonds et des missiles Scud (40 unités), en échange de l’étouffement médiatique de l’affaire. Une campagne de diffamation contre Sadr a ensuite été orchestrée.

Un dossier au point mort : entre enjeux juridiques et humanitaires d’un côté, et considérations politiques et propagandistes de l’autre

Nul doute que le dossier de  Hannibal Kadhafi, fils du défunt colonel Kadhafi, détenu au Liban depuis décembre 2015, est entré dans une phase de stagnation. Plusieurs facteurs expliquent cette paralysie, notamment la situation particulière que traverse la Libye, marquée par des divisions politiques et des affrontements récurrents. À cela s’ajoutent la guerre en cours dans la bande de Gaza et au Liban, ainsi que les récents développements en Syrie.

Pourtant, Hannibal Kadhafi bénéficie d’un traitement « privilégié » dans sa cellule d’isolement, et sa famille ainsi que ses avocats lui rendent régulièrement visite. Malgré cela, Hannibal ne cesse de répéter qu’il est un « bouc émissaire, un otage et un prisonnier politique dans une affaire qui ne le concerne pas, puisqu’il n’était qu’un enfant au moment de la disparition de l’imam Moussa Sadr et de ses compagnons. »

L’organisation Human Rights Watch a qualifié sa détention d’« arrestation politique » et a maintes fois dénoncé son incarcération à Beyrouth, appelant les autorités libanaises à le libérer, d’autant plus qu’il est détenu depuis dix ans pour le seul crime de « dissimulation d’informations ». Pourtant, des déclarations du ministère libyen de la Justice avaient laissé entendre qu’il serait libéré – une information démentie par son avocat, Charbel Khoury, qui a affirmé :« La nouvelle de la libération de Hannibal Kadhafi est inexacte. »Il s’est dit surpris par la diffusion de telles informations sans confirmation officielle, précisant que la ministre libyenne de la Justice du gouvernement d’union nationale à Tripoli  Halima Abderrahmane avait récemment contacté son homologue libanais. Les deux parties se sont accordées sur une coopération concernant les dossiers de la disparition de l’imam Moussa Sadr et de l’arrestation de Kadhafi, afin de trouver une issue à ces deux affaires.

Khoury a également indiqué que des démarches avaient été entreprises ces deux dernières années, notamment auprès d’organisations internationales des droits de l’homme, ainsi que par le dépôt de plusieurs mémoires juridiques prouvant l’innocence de Kadhafi. Des demandes répétées de libération sous caution ont toutefois été rejetées.

Les autorités libyennes réclament à nouveau l’extradition de Hannibal : que veut la nouvelle Libye ? Et quelle différence entre Abdelhakim Belhaj et Al-Sedig Al-Sour ?

Des sources judiciaires libanaises ont révélé qu’à la fin du mois de mai 2025, elles avaient reçu une correspondance officielle du procureur général libyen Al-Sadiq Al-Sour, adressée au président du Conseil judiciaire libanais, le juge Suhail Abboud, au procureur général militaire, le juge Jamal El-Hajjar, et au juge d’instruction militaire Zaher Hammadeh.

Dans cette lettre, Al-Sour exige la libération immédiate de Hannibal Kadhafi, son extradition vers la Libye, son transfert vers un pays tiers ou son retour en Syrie, son pays d’asile. Il tient les autorités libanaises pour responsables des informations faisant état d’une détérioration de son état de santé.

Cette missive a déçu la partie libanaise, car elle intervient après des progrès tangibles dans l’enquête menée par la justice libyenne en coopération avec Hassan Chami, président du comité de suivi du dossier Sadr. Ce dernier a affirmé que Hannibal Kadhafi avait déclaré être prêt à fournir les informations demandées après sa libération et son départ du Liban – une preuve, selon Chami, qu’il détient bel et bien des éléments cruciaux dans cette affaire.

« Le système judiciaire libanais ne se discrédite-t-il pas lui-même en maintenant un homme en détention depuis dix ans sans que cela n’ait permis d’obtenir la moindre information utile à l’enquête ? », s’interrogent des observateurs.

Un dossier instrumentalisé ?

Certains analystes estiment que des parties prenantes cherchent à instrumentaliser la détention de  Hannibal Kadhafi à des fins politiques. Les espoirs reposent désormais sur le juge d’instruction militaire Zaher Hammadeh, dont on attend intégrité et transparence.

Pendant ce temps, Hannibal, incarcéré depuis dix ans à l’âge de 40 ans, vit derrière les barreaux. Il n’a aucun lien avec les agissements tyranniques de son père, et n’avait que deux ans au moment de la disparition de Sadr et de ses compagnons. Des rumeurs font même état de tentatives de le pousser au suicide…

Le Liban sous pression

La question se pose : le Liban, sous la présidence de Joseph Aoun, assistera-t-il à une intervention personnelle du chef de l’État pour obtenir la libération de Kadhafi ?

Quels sont les obstacles qui entravent sa libération ? (Difficulté de retirer le dossier transféré par décret gouvernemental au Conseil judiciaire ?)

De nombreux observateurs estiment que la détention de Kadhafi était avant tout un acte politique et un coup des services secrets de l’ancien régime syrien. La solution pourrait venir des canaux politiques ouverts entre Beyrouth et Damas, d’autant que sa détention prolongée ne sert en rien l’enquête principale, mais relève plutôt de la logique des milices en temps de guerre – une logique qui sape l’indépendance et l’intégrité de l’institution judiciaire. Il serait peut-être temps d’envisager une collaboration judiciaire commune, où chaque partie contribuerait à la recherche de la vérité, tout en laissant au juge d’instruction libanais une pleine liberté pour relancer la coopération avec la justice libyenne. Une idée doit prévaloir : la justice reste l’objectif suprême que tous doivent poursuivre.

[1] https://icibeyrouth.com/articles/1302465/moussa-sadr-une-vision-de-patria-libanaise-opposee-a-l-oumma-du-hezbollah

[2]  https://www.lesclesdumoyenorient.com/Amal-mouvement-chiite-libanais.html

[3] https://libyaobserver.ly/news/who-mansour-al-kikhia

[4] https://security-legislation.ly/latest-laws/constitutional-declaration-of-1969/

[5] https://www.lp.gov.lb/backoffice/uploads/files/CV%20President%20%20Berry%20En(2).pdf

[6] https://2001-2009.state.gov/s/ct/rls/rpt/fto/2801.htm

[7] https://www.mei.edu/profile/andrew-scott-cooper

Cet article L’incroyable histoire de la détention au Liban d’Hannibal Khadafi est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
L’ambition intacte du maréchal Haftar de faire main basse sur la Libye https://mondafrique.com/politique/le-spectre-dune-guerre-civile-plane-en-libye/ Wed, 28 May 2025 06:40:18 +0000 https://mondafrique.com/?p=134453 À 50 km de Benghazi et à l’initiative du maréchal Haftar, 20 000 soldats et des armes high-tech célèbrent les 11 ans de l’opération « Karama », tandis que Tripoli s’enfonce dans les violences. Sur fond de l’incapacité du Parlement à trouver une solution politique en nommant un nouveau Premier ministre Bechir Jouini, chercheur spécialisé […]

Cet article L’ambition intacte du maréchal Haftar de faire main basse sur la Libye est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
À 50 km de Benghazi et à l’initiative du maréchal Haftar, 20 000 soldats et des armes high-tech célèbrent les 11 ans de l’opération « Karama », tandis que Tripoli s’enfonce dans les violences. Sur fond de l’incapacité du Parlement à trouver une solution politique en nommant un nouveau Premier ministre

Bechir Jouini, chercheur spécialisé dans les affaires libyennes

Le Parlement libyen, réuni à Tobrouk, tient ce mardi 27 mai 2025 une audition des candidats à la tête d’un nouveau gouvernement, destiné à remplacer le Gouvernement d’union nationale (GUN) de Tripoli, confronté à une grogne populaire. Quatorze noms ont été proposés, dont ceux d’Othman Abdeljalil (ministre de la Santé) et du général Issam Abou Zreiba (ministre de l’Intérieur), tous deux membres du gouvernement d’Osama Hammad (mandaté par le Parlement). Cependant, seuls 60 députés sur 200 étaient présents, et seuls deux dossiers étaient complets.

Cette initiative fait suite aux manifestations exigeant le départ du GUN, après des violences à Tripoli. Toutefois, 26 députés ont rejeté dans un communiqué la formation d’un « nouveau gouvernement sans consensus politique », estimant que cela aggraverait les divisions. Le Premier ministre Abdoul Hamid Dbeibah n’a pas commenté ces protestations, tandis que la Mission de l’ONU en Libye (MANUL) et la communauté internationale n’ont pas soutenu le projet du Parlement.

De vastes défilés militaires à Benghazi

 
La Cité militaire, située dans la banlieue de « Qaminis » à 50 km au sud de Benghazi et couvrant une superficie d’environ 10 000 hectares, a accueilli une parade militaire célébrant le 11ème anniversaire de l’opération « Karama » (Dignité) lancée par le commandant de l’Armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, en mai 2014. La cérémonie a vu la participation de 67 unités militaires composées d’environ 20 000 soldats, 2 500 véhicules et engins de combat, et plus de 100 avions. Cet événement, retransmis en direct à la télévision, intervient dans un contexte d’instabilité politique et d’insécurité à Tripoli, où les récents affrontements entre les groupes armés de la 444e brigade dirigée par Mahmoud Hamza et la Force de dissuasion spéciale ont entraîné la mort du chef milicien Abdelghani al-Kikli, alias « Gniwa », ainsi que des manifestations contre (mais aussi en faveur) du gouvernement d’union nationale dirigé par le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah, aggravant ainsi un climat déjà tendu.

Haftar, vêtu de son uniforme de « maréchal », a assisté à la parade militaire avec un enfant en tenue militaire dans ses bras (l’un de ses petits-fils nommé Khalifa, fils de Khaled Haftar, commandant des forces de sécurité de l’Armée nationale libyenne), assis sur ses genoux tandis qu’il observait le défilé des chars. Le maréchal était assis sous l’emblème distinctif de l’aigle symbolisant la puissance de l’Est libyen et la continuité du pouvoir militaire. À sa droite se trouvait Aguila Saleh, président du Parlement libyen, renard de la scène politique libyenne (comme le décrivent ses opposants), qui a adressé un message véhément à Dbeibah lui enjoignant de quitter le pouvoir « de gré ou de force », tandis qu’à sa gauche se tenait Osama Hammad, Premier ministre du gouvernement de stabilité nationale libyen approuvé par le Parlement et basé à Benghazi.

Haftar gonfle ses muscles

Khalifa Belqasim Haftar / Montage : Mondafrique

Lors de la parade, Haftar a déclaré que l’objectif des forces armées libyennes était de « rétablir le prestige de l’État et de renforcer la sécurité et la stabilité pour une patrie unie ». Il a ajouté : « Nous soutenons la volonté du peuple libyen et nous sommes à son service », réaffirmant l’engagement de l’Armée nationale libyenne envers « l’unité de la Libye et l’intégrité de son territoire », insistant sur le fait que « les forces armées ont le dernier mot dans les moments décisifs ». Le général libyen a également salué le rôle de l’Armée nationale libyenne dans « la défaite de l’extrémisme et du terrorisme », ajoutant qu’elle « a combattu au nom du monde entier ». S’adressant aux soldats participant au défilé, Haftar a déclaré : « Vous êtes le bouclier et l’épée aux frontières pour défendre la patrie bien-aimée. Nous sommes tous prêts à nous sacrifier pour la Libye, sa dignité et l’unité de son territoire. »

Le Premier ministre du gouvernement libyen de l’Est, Osama Hammad, a annoncé lors de la parade militaire que la ville de Benghazi porterait désormais le nom du maréchal Haftar. Hammad a déclaré : « J’annonce aujourd’hui la décision n°77/2025 de nommer cet édifice militaire national ‘Ville militaire du maréchal Khalifa Haftar' », soulignant que cette décision était « une reconnaissance de ses sacrifices, qui incarnent le plus grand symbole d’héroïsme, d’altruisme et de responsabilité totale envers la patrie ».

Des centaines de véhicules blindés

Les images du défilé ont montré des centaines de véhicules blindés alignés en rangs ordonnés sur une vaste étendue asphaltée, conduits par des soldats en uniforme debout avec une discipline cérémonielle. Certains chars étaient équipés de filets de camouflage, suggérant une utilisation tactique, tous arborant le drapeau national libyen.

La parade s’est déroulée devant la piste de la ville militaire de Benghazi, en présence d’une foule nombreuse de responsables et de personnalités de haut rang, dont de nombreuses délégations étrangères. Parmi elles figuraient des représentants officiels de la Russie, de la Biélorussie, des Émirats arabes unis, de l’Égypte, de la Jordanie, du Niger, du Tchad, du Mali, du Burkina Faso, des États-Unis, du Soudan, de la Turquie, , de l’Italie et du Maroc.

L’opération « Karama » (Dignité) n’a pas seulement joué un rôle décisif dans le renforcement de l’Armée nationale libyenne (ANL) dans l’est et le sud de la Libye, mais elle a également suscité de nombreuses critiques. Plusieurs organisations internationales ont accusé les forces de Haftar d’être impliquées dans de graves violations des droits de l’homme durant la campagne militaire, notamment des attaques indiscriminées, des exécutions extrajudiciaires et la destruction d’habitations civiles. Malgré cela, le maréchal Khalifa Haftar reste une figure centrale sur la scène politico-militaire libyenne, tout comme ses fils : Saddam (chef d’état-major des forces terrestres de l’ANL), Khaled (commandant des forces de sécurité de l’ANL), Belgassim (président du Fonds de reconstruction libyen) et Sedig (président de la Haute Commission pour la réconciliation nationale et chef du Bureau des affaires sociales au sein du Commandement général).

Depuis des années, les images officielles se multiplient, montrant des délégations civiles, militaires, politiques et onusiennes en visite à Benghazi. La plupart se ressemblent en termes de visages et de demandes. Cependant, ces derniers mois ont vu affluer des délégations venues d’horizons divers : une délégation militaire américaine a été reçue en février 2025, le ministre italien de l’Intérieur a été reçu en mars 2025, et une visite libyenne auprès du chef d’état-major turc a eu lieu début avril 2025.

Les visites à Benghazi incontournables

Ces rencontres pourraient sembler banales dans le contexte libyen, où le facteur extérieur joue un rôle déterminant dans la politique intérieure. Mais leur portée est plus profonde. Depuis la fin de la guerre en octobre 2020, le gouvernement d’union nationale (GUN) de Tripoli, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, bénéficiait d’une reconnaissance exclusive en tant que gouvernement internationalement reconnu. Toutefois, après près de quatre ans, cette situation n’est plus tout à fait la même. Les visites à Benghazi sont désormais un point récurrent à l’agenda de la plupart des acteurs internationaux.

De plus, alors que des affrontements violents ont éclaté dans la capitale Tripoli le 12 mai 2025, Benghazi connaît une relative stabilité, renforcée par ce déploiement militaire massif orchestré par Khalifa Haftar. Ce dernier y voit une preuve supplémentaire de son emprise sur l’est et le sud du pays, grâce à un appareil militaire que certains observateurs décrivent comme loyal et unifié. Cependant, d’autres craignent que l’ANL ne profite des événements de Tripoli et des divisions entre les principales forces dans la capitale pour lancer une nouvelle offensive vers l’ouest du pays. D’autant que les autorités de l’est de la Libye n’ont pas manqué l’occasion d’envoyer des messages : le 15 mai 2025, elles ont publié un communiqué appelant les diplomates à « se tourner vers Benghazi, ville sûre et prospère », révélant ainsi les ambitions diplomatiques de l’équipe Haftar.

Des observateurs notent que la région orientale a développé un appareil de relations extérieures œuvrant à l’élaboration de stratégies de communication venant renforcer l’exécutif mis en place avec le soutien du Parlement siégeant à Benghazi depuis 2022. Cette entité administre un « ministère des Affaires étrangères », dirigé par Abdelhadi Al-Houweij, qui pilote une équipe s’appuyant principalement sur les réseaux sociaux comme outil stratégique. Ses publications mettent en avant les nombreuses visites officielles et rencontres diplomatiques, notamment avec des représentants de l’ambassade des Philippines – connue pour son rôle dans le recrutement de travailleurs libyens, particulièrement dans le secteur médical. Al-Houweij a également rencontré le nonce apostolique en Libye et le directeur régional de l’ONG française ACTED.

Son agenda chargé inclut des délégations tunisiennes successives, comme celle conduite par Zouheir Maghzaoui, secrétaire général du Parti Mouvement du Peuple, accompagné des députés Taher Ben Mansour et Mohamed Ben Lazher, ainsi que de Taïeb Bakkouche, ancien secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe. Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement Hammad a par ailleurs multiplié les contacts avec l’ambassade russe, célébrant notamment la fête de la Victoire aux côtés du vice-ministre russe de la Défense Yunus-Bek Yevkurov et de l’ambassadeur Aydar Aganine. Une étape marquante fut la cérémonie d’ouverture du consulat de Biélorussie à Benghazi, co-présidée avec le vice-Premier ministre biélorusse Viktor Karankevich, en présence du vice-président du Parlement biélorusse et du vice-ministre des Affaires étrangères Sergei Aleinik. Cette délégation de haut niveau, comprenant des ministres biélorusses de la Santé, de l’Industrie et de l’Agriculture, a conduit le gouvernement approuvé par le Parlement libyen à exonérer les citoyens biélorusses des frais de visa et de séjour – un geste « symbolisant l’approfondissement des liens politiques et économiques entre les deux pays », selon des sources bien informées.

Les rencontres ne se limitent pas aux alliés traditionnels : l’ambassadeur suisse Joseph Philippe Renggli s’est entretenu avec le maréchal Haftar pour « explorer les voies d’une coopération bilatérale mutuellement bénéfique ». Cela sans évoquer ses rencontres avec les ambassadeurs du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne, pour ne pas tous les mentionner. De même, la nouvelle cheffe de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL), Hanan Taha, a rencontré Haftar en mars 2025 peu après sa prise de fonction.

Globalement, on peut affirmer que la perte de légitimité du gouvernement d’union nationale (GUN) de Tripoli – incapable de respecter son mandat ou de maîtriser des dossiers prioritaires pour ses partenaires occidentaux, notamment européens (migration, stabilité à Tripoli) – a érodé sa reconnaissance comme unique représentant. Cette déliquescence a poussé les acteurs concernés par le dossier libyen, y compris ses anciens alliés, à se tourner vers Benghazi pour préserver leurs intérêts.

La Turquie, qui joua un rôle décisif dans la défense de Tripoli en 2019 grâce à ses drones ayant infligé de lourdes pertes aux forces de Haftar, a désormais engagé un dialogue avec l’Est. Son ambassadeur Kanan Yilmaz s’y est rendu avec une délégation de diplomates et d’hommes d’affaires, rencontrant des responsables municipaux, des parlementaires et des officiels du ministère de l’Intérieur. Ankara a même annoncé l’ouverture prochaine d’un consulat à Benghazi. Plus significatif encore, Saddam Haftar a été reçu officiellement le 4 avril 2025 par le chef d’état-major turc, le général Selçuk Bayraktaroğlu.

L’Italie, premier partenaire commercial

L’équipe Haftar a également réussi à attirer rapidement l’Italie, un autre allié clé de Dbeibah : de la Libye. La Première ministre Giorgia Meloni s’est rendue à Benghazi pour une rencontre avec Haftar en mai 2024, suivie en avril 2025 par le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi et le chef des renseignements extérieurs italiens (AISE), le général Caravelli. La délégation a salué « le rôle pivot du Commandement général dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, ainsi que ses efforts pour endiguer les migrations illégales ». Les autorités italiennes ont par ailleurs confirmé la reprise des vols directs entre Benghazi et Rome pour l’été 2025.

La France tente de maintenir des relations étroites avec le camp oriental en Libye (du moins sur le plan économique et commercial), malgré les pertes successives engendrées par ses alliances passées avec ce dernier, selon des observateurs. Qu’il s’agisse du soutien à l’offensive sur Tripoli ou de l’assistance sur le terrain à Gharyan, Paris semble poursuivre sa stratégie. Dans ce cadre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a reçu à Paris Belqasim Khalifa Haftar, directeur général du Fonds de développement et de reconstruction de la Libye, en présence de l’envoyé spécial français pour la Libye, Paul Soler. Les discussions ont porté principalement sur « l’importance de créer un environnement favorable pour renforcer la présence des entreprises françaises, contribuant ainsi aux efforts de reconstruction et de développement ». Dans la même veine, l’ambassadeur de France en Libye, Mustafa Mihraje, a accompagné deux délégations du Mouvement des entreprises de France (Medef) lors d’une visite au Fonds de reconstruction.

En matière de défense, la situation apparaît plus complexe et délicate. Non seulement l’embargo sur les armes voté par l’ONU en 2011 (malgré les assouplissements de janvier 2024) interdit toute forme de coopération militaire, mais la plupart des capitales – dont Paris, qui semble avoir tiré les leçons de son soutien sans conditions en 2016 – gardent leurs distances. Seuls les alliés les plus proches de Haftar, comme Le Caire et N’Djamena, ainsi que ses partenaires privilégiés, notamment Abou Dhabi et surtout Moscou – dont l’influence est forte et qui, selon de nombreux observateurs, pilote les orientations et plans militaires – maintiennent une relation étroite. Le vice-ministre russe de la Défense, Yunus-Bek Yevkurov, a ainsi effectué six visites à Benghazi (1)

Les ambitions africaines du Kremlin

Elles se matérialisent par un réseau militaire et sécuritaire solide, s’étendant du Soudan au Niger, en passant par la Libye, le Burkina Faso, le Mali, la République centrafricaine et Madagascar. Depuis près de huit ans, Moscou a tissé un réseau d’influence – à la fois sur le terrain et de manière indirecte – au service de son agenda. Une partie de cette stratégie a également été transformée en un outil d’investissement économique lucratif, notamment dans les matières premières rares et les minerais à haute valeur ajoutée, comme l’or soudanais ou l’uranium nigérien.

Evgueni Prigojine, décédé dans un accident d’avion suspect le 23 août 2024, était l’un des fondateurs du groupe militaire Wagner, qui a servi de fer de lance à la pénétration russe avant d’être remplacé par Iounous-Bek Evkourov, vice-ministre russe de la Défense (ancien président de l’Ingouchie). Ce dernier s’est rendu à la base d’A-SIDRA, près de Syrte, deux jours après la mort de Prigojine, pour rencontrer les dirigeants de Wagner. Il leur a transmis un message de Moscou, émanant du plus haut niveau, annonçant une nouvelle direction, un nouveau commandement et des missions différentes. Il a également informé le maréchal Haftar qu’il superviserait personnellement le « Corps africain ». Des informations ont alors fuité, indiquant que son quartier général était désormais basé en Libye, avec des déploiements dans cinq pays africains : la Libye (siège officiel), le Burkina Faso, le Mali, la République centrafricaine et le Niger.

Les experts attribuent le choix de la Libye comme base du Corps à plusieurs raisons, notamment les liens étroits entre Haftar et Moscou, ainsi que la présence antérieure des forces de Wagner dans plusieurs bases autour de Syrte, située à 450 km à l’est de Tripoli. Elles étaient stationnées à la base aérienne d’Al-Qardabiya, au port de Syrte, à la base aérienne d’Al-Jufra (au sud), à celle de Brak al-Shati (700 km au sud de Tripoli) et à la base d’A-Sdra (130 km de Syrte). La position stratégique de Syrte sur la côte méditerranée joue un rôle clé dans ce choix, facilitant l’acheminement des approvisionnements russes par navires militaires vers l’Afrique, tout en offrant une proximité avec les côtes européennes.

Les États-Unis renforcent leur présence en Libye

De leur côté, les États-Unis ont œuvré à intégrer l’Armée nationale libyenne (ANL) dans leur dispositif régional. Plusieurs hauts responsables d’AFRICOM se sont rendus en Libye, dont le général John Brennan, vice-commandant des forces américaines en Afrique, en février 2025, pour « renforcer la coopération sécuritaire et soutenir les efforts d’unification de l’armée libyenne ». Fin avril 2025, le navire amiral USS Mount Whitney (LCC-20) de la 6e flotte américaine a accosté à Tripoli pius Binghazi pour une visite visant à « consolider la sécurité régionale et l’unité libyenne », selon l’ambassade américaine. Cette visite a précédé de 48 heures la participation de la Libye aux exercices militaires « African Lion 25 », organisés par les États-Unis en Tunisie (22-30 avril). Washington a également invité des soldats libyens à des manœuvres conjointes avec les forces de Tripoli.

Les États-Unis ont en outre mené des entraînements aériens au-dessus de Syrte, à quelques kilomètres de la base d’Al-Qardabiya – où sont stationnés des militaires russes.

Libye, le gouvernement Dbeibah vacille sous la pression des milices

 

 

 

 

 

Cet article L’ambition intacte du maréchal Haftar de faire main basse sur la Libye est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Fadel Lamen, possible Premier ministre: « la Libye n’a pas besoin d’un sauveur »! https://mondafrique.com/politique/fadel-lamen-premier-ministre-libyen-la-libye-na-pas-besoin-dun-sauveur/ Sun, 18 May 2025 02:20:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=133103 Face à une vague de manifestations et à de violents affrontements armés qui ont ensanglanté la capitale libyenne, plusieurs ministres du gouvernement d’union nationale présidé par Abdelhamid Debeibeh ont officialisé leur retrait de l’appareil exécutif. Cette défection collective illustre l’accentuation d’une crise politique majeure qui secoue les institutions libyennes. Le gouvernement de l’actuel Premier ministre […]

Cet article Fadel Lamen, possible Premier ministre: « la Libye n’a pas besoin d’un sauveur »! est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Face à une vague de manifestations et à de violents affrontements armés qui ont ensanglanté la capitale libyenne, plusieurs ministres du gouvernement d’union nationale présidé par Abdelhamid Debeibeh ont officialisé leur retrait de l’appareil exécutif. Cette défection collective illustre l’accentuation d’une crise politique majeure qui secoue les institutions libyennes. Le gouvernement de l’actuel Premier ministre Debeibeh devrait s’effondrer sous la pression populaire, alors que la désignation d’un Premier ministre par le Parlement devrait intervenir dans les jours qui viennent.
 
Ce désaveu gouvernemental survient dans un contexte d’exacerbation des tensions populaires. Des cortèges de manifestants ont convergé vers la Place des Martyrs, épicentre symbolique de Tripoli, réclamant avec véhémence la destitution du gouvernement Debeibeh. Les protestataires, dont certains ont atteint le siège du Premier ministre sur la route Sikka, imputent au chef du gouvernement la responsabilité des violences qui ont embrasé la capitale.

Candidat aux élections présidentielles de décembre 2021, Fadel Lamen figure sur la liste officielle des onze candidats au poste de Premier ministre. Journaliste, et expert reconnu des affaires du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, a joué un rôle central dans la transition post-révolutionnaire de la Libye, en se concentrant sur les réformes politiques, le développement économique et la stabilité sociale.                                                    

 

Fadel Lamen figure en No 7 sur la liste des onze candidats à la fonction de Premier ministre validée par le parlement libyen voici une dizaine de jours.

Né en 1960 à Benghazi, Fadel Lamen y a vécu jusqu’à l’âge de 10 ans. Son père est originaire de la tribu Zouaïd (ville d’Al-Khoms, ouest de la Libye), tandis que sa mère descend d’une famille notable – petite-fille de Fadhil Bou Omar, l’un des plus importants combattants de la résistance libyenne, originaire d’Oujla (région du Fezzan, sud de la Libye). Il a passé son enfance à Tripoli où il a fait ses études, avant de s’installer aux États-Unis pour obtenir un master en médias et sciences politiques

Fadel Lamen a occupé le poste de directeur général du Conseil national libyen pour le développement économique et social (NCESD), un think tank gouvernemental fondé en 2008 pour accompagner les efforts de réforme du pays. À ce poste, il a dirigé plusieurs initiatives visant à reconstruire l’économie libyenne et à renforcer le tissu social, avec un accent particulier sur l’autonomisation des jeunes et des femmes.

Acteur clé du dialogue politique libyen, Lamen a été membre indépendant et coordinateur au sein du dialogue politique libyen mené par l’ONU. Il a contribué à la rédaction et à la signature de l’Accord politique libyen (APL) en 2015, un accord crucial ayant mis fin à la guerre civile de 2014, et entériné par une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il a également présidé la Commission nationale pour le dialogue en Libye, œuvrant en faveur de la réconciliation et de l’unité entre les différentes factions libyennes.

En dehors de son engagement politique, Fadel Lamen possède une solide expérience dans le journalisme. Il a publié de nombreux articles en arabe et en anglais sur la politique régionale, la culture, et la politique étrangère américaine. Ses analyses ont été reprises par d’importants centres de recherche tels que le Carnegie Endowment for International Peace et le Rafik Hariri Center. Il intervient régulièrement dans les médias en tant que commentateur des affaires libyennes et des questions moyen-orientales plus larges.

Dans son entretien avec Mondafrique, Fadel Lamen demande  » un soutien international responsable »

Mondafrique. Vous avez participé à plusieurs dialogues nationaux après chaque guerre interne. Que cherchiez-vous à accomplir à travers ces dialogues ?

Je n’étais pas en quête de postes, mais de solutions. C’est pourquoi j’ai toujours insisté : le dialogue ne doit pas être une simple formalité diplomatique, il doit déboucher sur une véritable réconciliation incluant tous les Libyens, sans exception.

Mon objectif fondamental était de dépasser la logique des “quotas” pour aller vers un véritable “partenariat national”, et établir les fondations d’un État qui respecte ses institutions et croit que la Libye appartient à tous et se construit avec tous.

J’ai souvent répété que « un seul gouvernement pour un seul État avec des institutions capables » est la voie du salut. La reddition de comptes, la discipline et le contrôle doivent être des éléments fondamentaux de tout accord, sinon le dialogue ne fera que reproduire la crise au lieu de la résoudre.

Mondafrique. À votre avis, ces dialogues ont-ils échoué à cause d’un manque de volonté libyenne ou à cause des ingérences étrangères ?

L’échec de certains cycles de dialogue ne peut être attribué à une seule cause. Il existe clairement une responsabilité locale : de nombreuses parties ne sont pas venues avec une mentalité de résolution, mais plutôt dans l’optique de conserver leurs acquis.Parfois, l’objectif n’était que de sortir de la salle avec un gain tactique, sans viser un accord durable.

Cela dit, je ne nie pas que les ingérences étrangères ont eu un effet négatif. Certaines puissances ont alimenté les divisions au lieu d’encourager l’unité, imposant des conditions contraires à l’intérêt national.

C’est pourquoi j’ai toujours appelé à ce que j’ai nommé « un soutien international responsable », un rôle d’appui, pas de tutelle.

Et je l’ai dit clairement après certains épisodes de violence politique, comme la tentative d’assassinat du ministre d’État Adel Jumaa : « La violence ne peut être un moyen de résoudre les différends politiques. Le dialogue est la seule voie. Continuer l’impasse ne mènera qu’à de nouvelles réactions violentes. »

Mondafrique. Y a-t-il eu un dialogue où vous avez senti une réelle possibilité de stabilité ? Et qu’est-il arrivé à cette opportunité ?

Le moment où j’ai senti que la Libye était la plus proche d’une stabilité réelle fut lors de l’Accord de Skhirat en 2015, auquel j’ai participé en tant que membre indépendant au sein de la mission onusienne.

Il y avait un consensus international évident, une lassitude intérieure palpable face à la division, et un véritable espoir de construire un gouvernement d’union nationale pour sauver le pays de l’effondrement.

Malheureusement, les obstacles sont apparus rapidement : certaines parties ont rejeté l’accord parce qu’elles ne se sentaient pas suffisamment consultées ou bénéficiaires, d’autres ont profité de la fragilité des institutions pour recycler leur pouvoir sous un nouveau masque.

L’opportunité a été perdue non pas parce que l’accord était mauvais, mais parce que la volonté politique faisait défaut et que l’esprit de domination a pris le pas sur celui du partenariat. La peur et la méfiance ont aussi joué leur rôle.

Depuis, j’appelle à une réconciliation authentique, préalable à tout partage du pouvoir, fondée sur la justice, le désarmement et le renforcement du rôle de la justice. Ce ne sont pas des luxes, mais les conditions fondamentales de la stabilité.

Comme je l’ai dit : « Sans institutions judiciaires et de contrôle dotées de pouvoirs réels, le pillage passera des poches aux chairs… et il ne restera même plus les os. »

Mondafrique. Comment évaluez-vous la situation actuelle en Libye, plus de dix ans après la révolution ? Sommes-nous plus proches ou plus éloignés d’un projet d’État ?

Nous ne sommes pas loin de la reconstruction de l’État, mais nous faisons face à des dangers à la fois opérationnels et existentiels. Ces dernières années, et particulièrement les trois dernières, l’effondrement est devenu manifeste dans les institutions clés de l’État, comme la Compagnie nationale de pétrole, la Banque centrale, et le Fonds souverain libyen. Le pouvoir judiciaire, lui, a perdu toute protection, et l’exécutif est resté divisé pendant plus de dix ans.

La Libye se trouve donc aujourd’hui face à un danger existentiel qui menace son unité et risque de provoquer son éclatement ainsi qu’un effondrement économique et social. Une Libye transformée d’un État fragile à un État en ruines aura des conséquences sur ses voisins, sur l’Europe, et sur l’Afrique.

Le moment est historique. Le pays a besoin d’un leadership national fort capable de rassembler, de réconcilier et de réformer, sans exclusion ni marginalisation. La Libye est pour tous, et par tous. Un avenir commun, un seul destin.

Rejoignez la nouvelle chaine Whatsapp de Mondafrique

Mondafrique. Quelle est, selon vous, la priorité absolue à ce stade : l’unification du pays ? la construction des institutions ? ou l’amélioration de l’économie ?

Tout cela est lié. Aucun de ces dossiers ne peut être résolu isolément. Mais s’il faut commencer par un, l’unité est la clé.

On ne peut pas bâtir des institutions dans un climat de division sociale profonde, ni redresser une économie dans une atmosphère de haine et d’incompréhension.

La réconciliation que je défends ne se limite pas à des conférences médiatiques ou des communiqués. Elle doit passer par la reconnaissance de l’autre, la réparation des torts, l’intégration des anciens combattants dans les structures étatiques selon la loi, et l’arrêt du discours de trahison.

Mettre fin aux institutions parallèles et aux gouvernements concurrents permettra de construire des institutions unifiées, efficaces et transparentes.

Nous avons besoin d’une justice indépendante, d’organes de contrôle forts et d’une administration locale compétente.

Quant à l’économie, elle est la clef du retour de l’espoir. Mais le développement ne peut advenir sans stabilité. J’ai dit un jour : l’absence d’État a transformé le vol d’argent en un pillage des corps. Le salut ne viendra que d’une gouvernance juste, au sein d’un État unifié.

Mondafrique Le citoyen libyen croit-il encore au changement ? Et que diriez-vous à cette jeune génération qui n’a connu que le chaos ?

Oui, l’espoir subsiste – même s’il est ténu. Le citoyen libyen n’est pas naïf. Il a compris les mécanismes du jeu politique. Ce qu’il attend aujourd’hui, ce ne sont pas des discours, mais des actes : un gouvernement sincère, une justice équitable, et une loi appliquée à tous.

Mon message aux jeunes est clair : ne soyez pas les victimes de cette phase, soyez les bâtisseurs de ce qui vient après. Vous avez hérité du désordre, mais aussi d’une opportunité : redéfinir le sens de la patrie. Ne laissez personne décider de votre avenir à votre place. Prenez votre place dans le débat public, dans les médias, dans les projets. La Libye n’a pas besoin d’un sauveur, mais d’une génération qui comprend que l’unité est le seul garant de la paix et de la stabilité.

Comme je l’ai dit le 17 février :

« Le jour est proche où nous célébrerons non seulement la fin du conflit, mais le début d’une ère nouvelle… où chaque Libyen récoltera le fruit de son travail, et où nous nous sentirons tous en sécurité et confiants pour l’avenir de nos enfants. »

Mondafrique. Pourquoi avez-vous décidé de vous porter candidat à la tête du gouvernement à ce moment précis ? Et qu’y a-t-il de différent dans votre proposition ?

Ma décision de me présenter à la tête du gouvernement n’est pas née d’un simple désir personnel, mais du fruit d’un long parcours politique, de participation à des dialogues, et d’une vision que j’ai mûrie au fil des années à partir d’une compréhension profonde de la crise libyenne.La Libye vit aujourd’hui un moment critique : elle ne peut plus se permettre d’attendre ni de supporter davantage de gouvernements provisoires sans contrôle ni légitimité.

Ce que je propose est différent : il ne s’agit pas d’un catalogue de promesses électorales, mais d’un plan concret basé sur plusieurs piliers clairs :

• Une seule autorité gouvernementale, dotée d’une légitimité réelle et non symbolique.

• Une restructuration de l’économie libyenne avec une diversification vers une croissance durable.

• Un système de gouvernance locale décentralisée, avec des responsabilités élargies.

• Le retour à une souveraineté nationale complète, avec une diplomatie fondée sur le respect mutuel, les intérêts communs, et les partenariats stratégiques.

• Un développement des services publics, notamment dans l’éducation et la santé, adaptés au XXIe siècle.

• La promotion de l’investissement, de la concurrence économique, et de l’entrepreneuriat jeune avec un soutien de l’État mais sans domination étatique.

• Et enfin, le renforcement des capacités nationales : forces de sécurité, justice, institutions de contrôle.

Mondafrique. Qui sont vos partenaires potentiels dans ce projet national ?

Mon projet est profondément national et ouvert à toutes les forces qui croient en l’État, en l’action, et en la souveraineté libyenne. Mes partenaires sont ceux qui acceptent l’arbitrage des institutions, rejettent la violence, et placent l’intérêt de la Libye au-dessus des intérêts personnels, régionaux ou idéologiques.

Mondafrique Comment voyez-vous la place de la Libye dans le contexte régional ? Quel rôle peut-elle jouer dans la stabilité de la région ?

Notre position géographique, nos ressources et notre population nous donnent la capacité d’être un pont de coopération, pas un champ de rivalités. La Libye est pour tous et par tous. Notre force, notre stabilité, notre sécurité, et notre souveraineté résident dans notre unité. 

Mondafrique. Enfin, que souhaitez-vous laisser dans la mémoire des Libyens ? Quel message adressez-vous à votre peuple alors que vous vous apprêtez à entrer dans une phase cruciale ?

Ne cédez pas. Ne laissez pas la culture du chaos devenir notre destin. L’avenir ne se donne pas, il se construit.

Comme je l’ai dit le 17 février 2025, « très bientôt, nous sortirons tous dans les rues en tant que Libyens, et nous célébrerons – sincèrement – en tant que nation unie, un État national fort et enraciné. Que Dieu protège notre pays et notre peuple. »

Cet article Fadel Lamen, possible Premier ministre: « la Libye n’a pas besoin d’un sauveur »! est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Ce procès Sarkozy qui a ignoré un témoin clé, Souheil Rached https://mondafrique.com/decryptage/temoin-cle-des-largesses-de-kadhafi-souheil-rached-vit-desormais-en-egypte/ Mon, 31 Mar 2025 05:45:00 +0000 http://www.mondafrique.info/?p=3372 Le procès contre Nicolas Sarkozy qui a débuté le lundi 6 janvier dans l’épais dossier d’un éventuel financement libyen des comptes de campagne de ce dernier se termine cette semaine par les plaidoiries de la défense. Les avocats de l’ancien président de la République et de ses proches devraient se battre sur un terrain de […]

Cet article Ce procès Sarkozy qui a ignoré un témoin clé, Souheil Rached est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le procès contre Nicolas Sarkozy qui a débuté le lundi 6 janvier dans l’épais dossier d’un éventuel financement libyen des comptes de campagne de ce dernier se termine cette semaine par les plaidoiries de la défense. Les avocats de l’ancien président de la République et de ses proches devraient se battre sur un terrain de technique judiciaire qui est celui de l’association de malfaiteurs, une délit à géométrie variable utilisé pour combler les lacunes d’une enquête inaboutie.

Indépendamment de l’intime conviction que l’on puisse avoir sur les possibles frasques financières de Nicolas Sarkozy, les condamnations que s’apprête à prononcer la justice française en première instance doivent reposer sur des faits précis. Ce qui n’est, hélas, pas le cas.

En l’absence de tout versement direct avéré de  Mouammar Khadafi à l’ancien Président français, le pole financier s’est rabattu sur un délit, l’association de malfaiteurs, dont on connait l’approximation. Il n’est pas matériellement prouvé que Nicolas Sarkozy ait touché des fonds illicites. Certains de ses proches en revanche ont reçu quelques gâteries, bien modestes au regard des montants que l’ex chef d’état aurait reçu d’après l’instruction en profitant  du réchauffement diplomatique entre la Libye et la France initié par Nicolas Sarkozy.  Notons que la France n’est pas la seule alors à tendre la main aux Libyens; l’administration américaine très hostile au départ au régime libyen s’était elle aussi et avant Paris rapproché de la dictature libyenne. 

Une partie des accusations repose sur le témoignage d’un intermédiaire douteux et versatile, Ziad Takieddine, réfugié au Liban

Du coup pour faire tenir une procédure bancale, les magistrats français relayés par Mediapart et le Monde abruvés par la justice finanvière, ont accusé Nicolas Sarkozy d’être à la tète d’une association de malfaiteurs, mais sans que lui même, patron de cette bande quasi maffieuse, en profite.  À l’exception de quelques valises de cash qu’aurait apporté à Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, et à son fidèle Guéant en vue de sa campagne présidentielle de 2007 un intermédiaire douteux et corrompu, Ziad Takieddine, qui en a fait lors de l’instruction un récit rocambolesque et invraisemblable, digne d’un mauvais polar.

Le mystérieux témoin épargné, Souheil Rached,

Mondafrique revient sur le mystérieux Souheil Rached, un agent de la Libye qui n’a jamais été entendu par la justice et qui fait partie pourtant des onze personnalités que l’ancien Président de la République et ses amis n’ont pas eu le droit de rencontrer depuis le début de l’instruction. Cet oubli est d’autant plus surprenant que ce représentant de Mouammar Kadhafi en France, au mieux avec Nicolas Sarkozy et ses proches, actif en Afrique francophone et très lié aux services français, est parfaitement au courant des relations entre le pouvoir français et le Guide libyen.

Son audition aurait permis d’éclairer utilement les coulisses de ce dossier complexe de financement politique. En privé en effet et lorsqu’il se confiait à son entourage, Souheil Rachel révélait la réalité des aides de Kadhafi à la classe politique française, de gauche comme de droite. « Onze millions, leur expliquait-il, ont été versés à Nicolas Sarkozy via l’Allemagne et en deux fois, sept millions puis quatre millions. Une dizaine de millions ont été donnés à une personnalité de gauche très en vue au Parti Socialiste ».  Nicolas Beau

                  Souheil Rached, le barbouze libyen qui en savait trop

Ancien photographe de presse au Liban, Souheil Rached aura été surtout dans sa jeunesse un militant courageux et déterminé du FPLP, l’organisation palestinienne de Georges Habache. C’est à ce titre qu’il rencontre, durant la guerre au Liban, les milieux de renseignement français ainsi que le colonel libyen Saleh Drouki, alors ambassadeur de Libye à Beyrouth.

Présenté à Tripoli au « Guide », le jeune Souheil débute une carrière brillante et foudroyante auprès de Moussa Koussa, qui est chargé, sous l’autorité directe de Kadhafi, de tous les dossiers sensibles à l’étranger. À ce titre, Koussa négociera avec les Anglais le dossier « Lockerbie », du nom de ce village écossais où un avion de la Pan s’écrase en 1988, victime d’un attentat meurtrier (270 morts) qui sera imputé aux Libyens. Apparemment, Moussa Koussa, adepte du double jeu, saura s’y prendre avec les services anglais. Durant la guerre franco-anglaise en Libye en 2011, ce proche parmi les proches de Kadhafi s’enfuit en Angleterre, porteur de ses secrets d’État; il y sera fort bien accueilli, avant de gagner l’Arabie Saoudite, où il séjourne.

De Paris à Bamako

Jusqu’à l’intervention en Libye en 2011, Souheil Rached, francophone et francophile, est l’homme qui connait le mieux les relations entre Tripoli et Paris, comme le raconte fort bien dans le livre « Sarkozy/Kadhafi, histoire secrète d’une trahison » (Le Seuil) la journaliste Catherine Graciet. Le domaine d’intervention de cet agent d’influence s’étend même en Afrique francophone. À l’époque, Kadhafi se veut le roi de l’Afrique sahélienne, où il déverse des dizaines de millions de dollars. Mais il s’agit de pays d’influence française. Souheil Rached déploie tout son talent pour rapprocher les hommes de Kadhafi, la diplomatie française et les chefs d’État africains, notamment au Mali et au Niger.

À Bamako encore aujourd’hui, cet homme de l’ombre est consulté par le président IBK. En revanche à Niamey, il n’est plus personna grata, car les militaires nigériens n’ont guère apprécié la façon dont il a mis en cause leur incompétence et leur corruption auprès du président nigérien Issoufou. Lors de son dernier séjour dans ce pays, il sera exfiltré par la DGSE française dès son arrivée. Les patrons de l’armée nigérienne voulaient lui faire la peau.

Bakchichs pour tous

Depuis peu, Souheil Rached séjourne au Caire où il joue un röle discret pour conseiller le pouvoir égyptien sur le dossier libyen. On peut imaginer qu’il est en phase avec son ancien patron, Moussa Koussa, qui, lui, est consulté par le régime Saoudien. À Riyad comme au Caire, on souhaite que l’ordre revienne en Libye et que les frères Musulmans soient définitivement chassés du pouvoir à Tripoli.

Fort habile, Souheil Rached a maintenu des liens étroits avec ses amis de la DGSE (services extérieurs) ou de la DGSI (contre espionnage), où il avait ses entrées. Ce qui explique que ses séjours parisiens aient toujours été discrets et protégés depuis que l’affaire du financement libyen a éclaté. À moins que les juges ne veuillent pas entendre un témoignage qui n’irait pas dans le sens de leurs à prioris. Ce qu’aurait à déclarer en effet ce témoin clé ne va pas dans le sens de ce qu’on entend généralement sur ce dossier, où seul Nicolas Sarkozy est mis en cause. En privé, Souheil Rachel n’hésitait pas à mettre en cause l’ensemble de classe politique française de gauche comme de droite.  » Onze millions, leur explique-t-il, ont été versés à Nicolas Sarkozy via l’Allemagne et en deux fois, sept millions puis quatre millions. Une dizaine de millions ont été donnés à une personnalité de gauche très en vue au Parti Socialiste ».

Cette version est à l’image du roué colonel Kadhafi, quarante deux années de rêgne, qui ne voulait jamais insulter l’avenir.

Quand Nicolas Sarkozy décida en 2011 d’intervenir en Libye

Rejoignez la nouvelle chaine Whatsapp de Mondafrique

Cet article Ce procès Sarkozy qui a ignoré un témoin clé, Souheil Rached est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
La politique migratoire européenne a renforcé les réseaux criminels https://mondafrique.com/a-la-une/la-politique-migratoire-europeenne-a-renforce-les-reseaux-criminels/ Thu, 06 Jun 2024 16:08:26 +0000 https://mondafrique.com/?p=112247 Dans un article publié en mai par le Middle-East Institute, le chercheur Guillaume Soto-Mayor, spécialiste du crime organisé, affirme que les politiques anti-migratoires européennes, à travers l’externalisation du contrôle des frontières à des pays tiers, ont renforcé la criminalité et les abus commis par les partenaires locaux de l’Europe tout en échouant à atteindre leur […]

Cet article La politique migratoire européenne a renforcé les réseaux criminels est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Dans un article publié en mai par le Middle-East Institute, le chercheur Guillaume Soto-Mayor, spécialiste du crime organisé, affirme que les politiques anti-migratoires européennes, à travers l’externalisation du contrôle des frontières à des pays tiers, ont renforcé la criminalité et les abus commis par les partenaires locaux de l’Europe tout en échouant à atteindre leur objectif initial.

Guillaume Soto-Mayor

Guillaume Soto-Mayor est chercheur non résident au Middle-East Institute au sein du programme Afrique du nord et Sahel. Il a publié cet article avec le soutien de Florence Boyer, chercheur à l’Unité de Recherche Migrations et Société CNRS-IRD. 

La thèse de Guillaume Soto-Mayor, la voici: le financement de Bruxelles, depuis 2016, aux gouvernements libyen, nigérien et tunisien à travers le Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne (EUTF for Africa) provoque des effets pervers en matière de politique d’immigration. Cet argent finance les forces de sécurité de ces trois pays, notamment les garde-côtes libyens et tunisiens, pour empêcher les migrants d’atteindre les côtes européennes. Une enveloppe de 800 millions d’euros a été attribuée au ministère de l’Intérieur libyen et à son bras opérationnel, le Directorat contre la migration illicite, qui gère 10 centres de détention officiels.

Résultat, des centres de détention officieux gérés par des milices brutales sont ainsi trop souvent financés par des gouvernements européens. Depuis dix ans, l’emprisonnement, le travail forcé, la torture et l’extorsion de fonds caractérisent une industrie criminelle dont certains des acteurs sont les interlocuteurs de l’Union Européenne et des organisations internationales.

En Libye comme en Tunisie et au Niger, cette politique a échoué à freiner la migration, tout en contribuant à provoquer des morts en Méditerranée; Soit 25 000 depuis 2014.Tout aussi grave, on assiste, sous prétexte de politique migratoire, à la mise en place d’un système criminel. « L’externalisation du contrôle des frontières de l’Union européenne à des pays tiers, concept qui a émergé il y a vingt ans, explique Guillaume Sotto Moro, a conduit à des violations des droits humains à grande échelle, renforcé des réseaux criminels et échoué à atteindre son objectif de baisse de la migration ».

« La stabilisation », un concept erroné

Il explique que cette politique repose sur un narratif erroné de « stabilisation » qui s’est révélé inefficace, comme le démontrent l’instabilité et la violence dans la région. « Pire, la priorité européenne autour des initiatives sécuritaires a aggravé le calvaire des migrants, conduisant à l’augmentation des morts et des abus le long des routes migratoires. Les initiatives financées par l’UE ont soutenu des régimes autoritaires et des réseaux criminels, ce qui sape les efforts déployés pour faire face aux défis migratoires », ajoute-t-il.  

Pour Guillaume-Soto Mayor, l’externalisation du contrôle des frontières, à travers les abus commis par les partenaires locaux, y compris criminels, de l’Europe, n’a pas seulement violé les valeurs défendues par l’UE mais aussi les règles et traités internationaux dont ses Etats membres sont signataires. 

Malgré les milliards d’euros d’aide au développement et d’aide militaire dépensés par la communauté internationale au profit des pays d’Afrique du nord et du Sahel pour les aider à contenir les flux migratoires et à combattre le terrorisme et l’instabilité politique, « les récents coups d’Etat au Mali, au Niger et au Burkina Faso, l’autoritarisme croissant du régime tunisien et la violence continue en Libye ont mis en lumière l’échec de ces efforts et du narratif plus large autour de la stabilisation », écrit l’auteur.

« Le concept de stabilisation définit le cadre d’action de la communauté internationale en matière de soutien au maintien de la paix et au développement. Dans ce contexte, un pays est jugé stabilisé lorsque la violence est cantonnée à un niveau jugé acceptable pour la communauté internationale et les élites locales, qui permet la relance de l’activité économique nationale, garantie finale de la stabilité nationale », explique Guillaume Soto-Mayor. Cette idée repose sur le présupposé que « si les promoteurs de conflit sont engagés dans le business (légal ou pas) et ont intérêt à la poursuite de leurs activités économiques, ils éviteront la guerre. »

Une économie de la violence encouragée

Le chercheur met en cause le mode opératoire des élections en Afrique qui sont souvent présentées à Paris ou à Bruxelles.  comme la meilleure porte de sortie aux situations de crise. Or il ne s’agit souvent que de démocraties d’opérette qui renforcent les situations acquises.  « L’indicateur de cette stabilité supposée, écrit le chercheur,  est la tenue d’élections, qu’elles portent ou non des démocrates au pouvoir. Or, avec le soutien plus ou moins public et direct de la communauté internationale, des hommes forts, souvent anciens chefs de guerre et criminels, ont accédé à des postes de pouvoir au niveau local et national, en échange de leur engagement à ‘stabiliser’ des territoires clé. » Cette dynamique a conduit à l’institutionnalisation de l’économie de la violence. (Car) « des comportements criminels en matière de gestion publique, la création de rentes institutionnelles, le dévoiement des ressources sont tolérés et perpétués, en particulier lorsqu’ils résultent de politiques anti-migratoires. »

Vidéo, l’éxode des jeunes tunisiens vers l’Italie

Guillaume Soto-Mayor affirme que 266 940 migrants et réfugiés sont arrivés en 2023, dont 97% par la mer, dans les pays du sud de l’Europe (Espagne, Italie, Grèce, Malte et Chypre). Ce chiffre représente une augmentation de 67% par rapport aux arrivées comptabilisées en 2022, dont une bonne partie à partir de la Tunisie. Selon le Centre des migrations mixtes, citant l’Organisation internationale pour les Migrations, « 1417 morts ou disparitions se sont produites en Méditerranée centrale en 2022, en majorité au large des côtes libyennes et tunisiennes. »

« L’échec de gouvernements corrompus et inefficaces nourrit la xénophobie contre ces migrants, devenus les boucs émissaires de théories conspirationnistes, comme, depuis juillet dernier, en Tunisie où le Président Kais Saied accuse les migrants sub-Sahariens de vouloir remplacer les Tunisiens », poursuit l’auteur. 

La traduction à partir de l’anglais est signée Mondafrique. 

Les menaces européennes contre le droit d’asile

 

 

 

Cet article La politique migratoire européenne a renforcé les réseaux criminels est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le libyen Saddam Haftar, l’héritier de son père https://mondafrique.com/a-la-une/libye-saddam-haftar-entre-corruption-et-abus/ Wed, 14 Feb 2024 05:44:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=105177 Khalifa Haftar, la figure puissante qui domine l’est de la Libye, a orchestré un régime où ses fils exercent une influence politique et militaire significative. Parmi eux, Saddam Haftar émerge comme une figure centrale, largement perçue comme l’héritier apparent de son père. Cependant, l’ascension de Saddam au pouvoir est entachée par une série de controverses, […]

Cet article Le libyen Saddam Haftar, l’héritier de son père est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>

Khalifa Haftar, la figure puissante qui domine l’est de la Libye, a orchestré un régime où ses fils exercent une influence politique et militaire significative. Parmi eux, Saddam Haftar émerge comme une figure centrale, largement perçue comme l’héritier apparent de son père. Cependant, l’ascension de Saddam au pouvoir est entachée par une série de controverses, mettant en lumière un schéma de corruption, d’abus des droits de l’homme et de manipulation des ressources à des fins personnelles.

Un article de notre partenaire  The North Africa Journal

Suite aux inondations catastrophiques à Derna, Saddam Haftar s’est rapidement positionné comme chef de la gestion des secours en cas de catastrophe. Malgré la façade des efforts humanitaires, beaucoup d’observateurs suggèrent un agenda plus sombre. En utilisant la crise pour renforcer son image, Saddam Haftar est plus motivé par la consolidation de son influence que par un véritable souci pour la population touchée.

Entre abus et impunité

Le leadership militaire de Saddam Haftar, notamment à travers son commandement de la Brigade Tariq Ben Zeyad, est entaché d’accusations d’abus flagrants des droits de l’homme. La brigade a été impliquée dans des meurtres illégaux, la torture, les disparitions forcées et d’autres atrocités, l’impunité semblant garantie sous la protection de Saddam. Des organisations internationales, dont Amnesty International, ont appelé à rendre des comptes pour ces violations, mais Saddam continue à opérer en toute impunité.

Son implication dans les affaires financières révèle un schéma préoccupant de corruption et de détournement de fonds. Son rôle dans l’orchestration d’un important braquage de banque après la reconquête de Benghazi, associé à des tentatives de prendre le contrôle des institutions bancaires, souligne sa volonté d’exploiter les systèmes financiers à des fins d’enrichissement personnel. De telles actions non seulement sapent la stabilité économique de la région, mais perpétuent également un cycle de corruption qui renforce davantage son emprise sur le pouvoir.

Tractations avec le Mossad

Les médias libyens, tels que le Libya Observer, ont rapporté l’implication présumée de Saddam Haftar dans la fermeture du champ pétrolier de Sharara, soulignant sa volonté de faire usage de leviers économiques pour des gains personnels et politiques. Les rapports révèlent son orchestration d’événements ayant conduit à la fermeture du champ pétrolier, impactant négativement les intérêts internationaux et exacerbant les tensions dans la région. Sa manipulation des routes commerciales  démontre également une exploitation des ressources économiques à son propre avantage.

Saddam Haftar cultive aussi ses liens avec les Israéliens. Le jeune Haftar a atterri en 2020 à l’aéroport Ben Gurion à bord d’un jet privé Dassault Falcon de fabrication française, qui a fait une brève escale en Israël sur la route de Dubaï à la Libye, avait rapporté lundi le quotidien Haaretz.

Le journal israélien avait précisé qu’il avait déjà été en contact avec le département « Tevel » de l’agence d’espionnage Mossad, qui s’occupe des pays avec lesquels Israël n’entretient pas de relations. Selon le rapport, Haftar était porteur d’un message de son père demandant une « assistance militaire et diplomatique » israélienne en échange d’une promesse d’établir un processus de normalisation entre la Libye et Israël. Soit une version libyenne des accords d’Abraham, pour l’instant inopérants, qui avaient établi des relations entre l’État juif et les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc.

Papa Haftar, au service déja d’Israël 

Lors de son retour triomphal organisé à Benghazi en 2011, le maréchal Haftar, père de Saddam, avait tenté lors de son retour en 2014 de s’imposer comme chef de la branche militaire du gouvernement de l’est du pays qui siège à Tobrouk.

Restait à conquérir la Tripolitaine et les provinces du sud libyen. La coalition étrangère et la secte salafiste madkhaliste d’obédience saoudienne qui le soutiennent ne suffisant pas, Haftar s’est tourné vers Israël. Suite à des pourparlers avec des agents du Mossad en Jordanie en 2015, l’aviation israélienne l’a déjà aidé en bombardant Syrte. Il ne faut donc pas s’étonner si Abdul Salam al-Badri, son n°2, a pu déclarer, voci quelques années,  à un journal israélien qu’Haftar ne serait jamais l’ennemi de l’Etat juif et qu’ils ont un ennemi commun : Recep Tayyip Erdogan… 

Les incursions diplomatiques de Saddam Haftar sur les traces de son père ne sauraient masquer son implication dans la répression des opposants politiques. Successeur probable de son père, le fiston lance des défis inquiétants en termes de paix, de stabilité et de démocratie en Libye.

 
 
 

Cet article Le libyen Saddam Haftar, l’héritier de son père est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Emeutes en Libye après une rencontre israélo-libyenne https://mondafrique.com/confidentiels/emeutes-en-libye-apres-une-rencontre-israelo-libyenne/ Mon, 28 Aug 2023 22:03:02 +0000 https://mondafrique.com/?p=95406 La ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, a été limogée, lundi, au lendemain de l’annonce d’une rencontre entre cette dernière et son homologue israélien à Rome la semaine dernière. Craignant pour sa sécurité, elle s’est enfuie en Turquie après une rencontre avec son homologue israélien à Rome la semaine dernière. La révélation d’une rencontre […]

Cet article Emeutes en Libye après une rencontre israélo-libyenne est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
La ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, a été limogée, lundi, au lendemain de l’annonce d’une rencontre entre cette dernière et son homologue israélien à Rome la semaine dernière. Craignant pour sa sécurité, elle s’est enfuie en Turquie après une rencontre avec son homologue israélien à Rome la semaine dernière.

La révélation d’une rencontre à Rome (Italie) entre, Najla el-Mangoush, ministre des Affaires étrangères libyenne et son homologue israélien a été perçue comme une avancée diplomatique en Israel et un désastre politique en Lybie. Instantanément, des troubles ont éclaté à plusieurs endroits du territoire libyen. La colère des manifestants qui ont défilé dans les rues de plusieurs villes libyennes a été telle que le Premier ministre lybien à suspendu sa ministre des Affaires étrangères, Najla el-Mangoush.

La ministre libyenne des Affaires étrangères craignant pour sa sécurité a pris le parti de s’enfuir en Turquie. L’agence de sécurité intérieure libyenne a confirmé lundi que Mme el-Mangoush avait quitté le pays, affirmant dans un communiqué sur Facebook qu’elle n’avait joué aucun rôle dans ce départ.

La rage qui a éclaté en Lybie rappelle que, malgré les accords de normalisation négociés par les États-Unis entre Israël et trois pays arabes au cours des dernières années, une grande partie du monde arabe reste profondément hostile à Israël. Israël n’a pas de relations diplomatiques avec la Libye, l’un des nombreux pays arabes ayant une longue histoire d’hostilité envers Israël.

Le ministère libyen des Affaires étrangères a d’abord tenté d’apaiser la situation en affirmant que la réunion de Rome avec le ministre israélien était « informelle et non planifiée » et que Mme el-Mangoush avait réaffirmé le soutien libyen aux Palestiniens. Mais les manifestants libyens ne s’en sont pas laissé compter.

En Israël, cette même réunion organisée à Rome par le ministre italien des Affaires étrangères, a d’abord été saluée comme une percée diplomatique. Un communiqué du ministère israélien des Affaires étrangères dimanche a même qualifié la rencontre d’« historique ».

Cohen, ministre des Affaires étrangères israélien, a expliqué que des liens entre Israël et la Libye revêtaient une importance considérable pour les deux pays. « La grande taille et l’emplacement stratégique de la Libye confèrent une importance énorme aux contacts avec elle et représentent un énorme potentiel pour Israël ». Il a dit qu’il avait parlé à Mme el-Mangoush de la possibilité d’une aide humanitaire israélienne et d’une coopération dans les domaines de l’agriculture et de la gestion de l’eau. M Cohen a évoqué aussi l’importance de préserver le patrimoine juif en Libye, y compris la rénovation des synagogues et des cimetières juifs.

Les responsables israéliens ont déclaré que la réunion avait été planifiée plusieurs mois à l’avance et au plus haut niveau. Ils ont aussi ajouté qu’il était prévu que la rencontre soit rendue publique et cela, d’un commun accord.

En réalité, la rencontre de Rome a été éventée par un journaliste qui a eu vent de la réunion et a interrogé le ministère à ce sujet. Plutôt que d’éluder, le ministre israélien a alors semble-t-il précipité les choses.

L’opposition israélienne ne s’est pas privée de fustiger M. Cohen. « Superviser la politique étrangère d’un pays comme Israël est complexe et souvent explosif et doit être fait avec prudence et judicieusement », a déclaré Yair Lapid, le chef centriste de l’opposition et ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, dans un communiqué lundi.

Cet article Emeutes en Libye après une rencontre israélo-libyenne est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Libye, un espoir de rapprochement entre Tripoli et Tobrouk https://mondafrique.com/politique/libye-un-espoir-de-rapprochement-entre-tripoli-et-tobrouk/ Mon, 22 May 2023 06:19:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=90569 L’administration libyenne basée à Tobrouk dans l’est du pays a voté mardi la suspension de son premier ministre, Fathi Bachagha, soutien constant la politique agressive du Maréchal Haftar à l’égard du gouvernement de Tripoli. Or l’heure est aujourd’hui à la négociation Déchirée  depuis 2011, la Libye est divisée entre deux gouvernements rivaux, chacun soutenu par […]

Cet article Libye, un espoir de rapprochement entre Tripoli et Tobrouk est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
L’administration libyenne basée à Tobrouk dans l’est du pays a voté mardi la suspension de son premier ministre, Fathi Bachagha, soutien constant la politique agressive du Maréchal Haftar à l’égard du gouvernement de Tripoli. Or l’heure est aujourd’hui à la négociation

Déchirée  depuis 2011, la Libye est divisée entre deux gouvernements rivaux, chacun soutenu par des mécènes internationaux et de nombreuses milices armées. On distingue un premier gouvernement libyen basé à Tripoli dirigé par le Premier ministre Abdul Hamid Dbeibah. et un second installé à Tobrouk, animé par son Premier ministre aujourd’hui démis, Fathi Bachaga 

Dans une déclaration enregistrée envoyée à l’Associated Press, Abdullah Belhaiq, le porte-parole du Parlement de Tobrouk, a critiqué M. Bachagha pour ne pas avoir tenu la promesse du gouvernement d’entrer dans la capitale, Tripoli, siège de l’administration rivale.

M. Bachagha, qui a été élu premier ministre en février 2022, a tenté d’installer son gouvernement dans la capitale en mai dernier, arrivant à Tripoli avec un certain nombre de ses ministres. Des affrontements avaient rapidement éclaté entre milices rivales, forçant l’ancien pilote de l’armée de l’air à se retirer dans la ville de Syrte, la ville légendaire du clan Khadafi.

Vidéo, la Libye coupée en trois

Changement de pied du Maréchal Haftar

Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye et chercheur associé au Royal United Services Institute, estime que le premier ministre suspendu a peut-être trop servi la politique agressive Khalifa Hafter, commandant de l’autoproclamée armée nationale libyenne qui reste la force armée dominante dans l’est et le sud du pays.

Le vent international est entrain de tourner. Les Émiratis et les Russes ont d’autres dossiers à traiter que l’imbroglio libyen. Les Turcs avancent leurs pions et confirment leur présence en Tripolitaine. Hafter et sa famille, qui ont compris que les rapports de force internationaux avaient changé, ont engagé des pourparlers réguliers avec le neveu de Abdul Hamid Dbeibah ainsi qu’avec des chefs de milices de l’ouest du pays.

Le représentant spécial de l’ONU pour la Libye, Abdoulaye Bathily, a dévoilé fin février une nouvelle initiative visant à conduire le pays divisé aux urnes avant la fin de l’année 2023. Les deux parlements se sont mis d’accord sur la création d’un comité conjoint chargé de rédiger une loi électorale en vue du scrutin, mais les progrès se sont ralentis depuis.

Un précédent processus sous l’égide de l’ONU a mis en place un gouvernement intérimaire – avec Dbeibah à sa tête – au début de l’année 2021, dans le but de guider le pays vers des élections plus tard dans l’année. Les élections n’ont jamais eu lieu à la suite de désaccords sur plusieurs questions clés, y compris l’éligibilité des candidats à la présidence.

*Source : Africanews

Cet article Libye, un espoir de rapprochement entre Tripoli et Tobrouk est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
La chasse aux 120 milliards de dollars de Kadhafi https://mondafrique.com/a-la-une/la-chasse-aux-120-milliards-de-dollars-de-kadhafi/ https://mondafrique.com/a-la-une/la-chasse-aux-120-milliards-de-dollars-de-kadhafi/#comments Mon, 24 Apr 2023 15:57:49 +0000 https://mondafrique.com/?p=89575 Des membres de la famille et des responsables proches du dictateur assassiné auraient caché 120 milliards de dollars dans le monde entier. La chasse au trésor a commencé. Le gouvernement libyen a demandé l’aide de Washington pour récupérer environ 120 milliards de dollars volés par l’ancien dictateur Mouammar Kadhafi et ses amis et qui ont été […]

Cet article La chasse aux 120 milliards de dollars de Kadhafi est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Des membres de la famille et des responsables proches du dictateur assassiné auraient caché 120 milliards de dollars dans le monde entier. La chasse au trésor a commencé.

Le gouvernement libyen a demandé l’aide de Washington pour récupérer environ 120 milliards de dollars volés par l’ancien dictateur Mouammar Kadhafi et ses amis et qui ont été cachés dans le monde entier.

La Libye est un gros producteur de pétrole et Mouammar Kadhafi a été assis sur le magot pendant 42 ans.. Une étude réalisée en 2016 par Transparency International, une ONG basée à Berlin, estime que 120 milliards de dollars ont été « privatisés ».

L’aide de l’ONU

Le gouvernement libyen s’est tout d’abord adressé à l’ONU. Une agence des Nations Unies a aidé la Libye à retracer et à identifier environ 54 milliards de dollars d’actifs, sous forme de dépôts dans des banques, d’or, de diamants, d’avions et de navires, dont certains se trouvent aux États-Unis et dans d’autres pays occidentaux

Mohamed Ramadan Mensli

.Ce mois-ci, Mohamed Ramadan Mensli, responsable libyen chargé de récupérer les avoirs libyens volés, a déclaré avoir rencontré des responsables américains à Washington. « Nous avons demandé leur soutien », a-t-il déclaré. Mais sans révéler de détails.

Le département d’État a déclaré qu’il soutenait les efforts visant à restituer les avoirs appartenant au peuple libyen, mais les Etats Unis demeurent perplexes sur la situation politiques libyenne. Deux gouvernements rivaux prétendent représenter la Libye. L’un incarné par Abdul Hamid Dbeibeh et soutenu par l’ONU dirige une administration basée à Tripoli, tandis que son rival politique contrôle l’est du pays. L’un des fils du dictateur assassiné, Saif al-Islam, affirme incarner lui aussi une succession légitime et a même lancé une campagne présidentielle en 2021 pour tenter de reprendre le contrôle du pays.

L’ONU, les États-Unis et d’autres États occidentaux poussent les factions libyennes à organiser des élections présidentielles et législative, mais sans résultat.

Les Américains trainent des pieds

La Libye est l’un des rares pays de la région à disposer d’un organisme officiel de recouvrement des avoirs. Le Bureau libyen de recouvrement et de gestion des avoirs basé à Tripoli, connu sous le nom de LARMO, et créé en 2017 avec l’aide de l’ONU. 

Les tentatives précédentes de récupération des en raison des luttes de pouvoir entre les agences gouvernementales libyennes concurrentes. Mensli qui a pris la direction du LARMO en 2021, s’est déplacé à Washington pour rencontrer des membres du département d’Etat, du Federal Bureau of Investigation, du ministère de la Justice, de la Sécurité intérieure et de la Banque mondiale. Il espèrait leur coopération. notamment pour évoquer le cas de huit avions cargo C-130, payés par le régime de Kadhafi mais jamais livrés à la Libye en raison des relations détériorées entre les deux pays. L’US Air Force n’a pas immédiatement répondu.

Le bilan de la Libye en matière de récupération des avoirs de l’État est maigre. Une propriété de 12 millions de dollars appartenant au fils de Kadhafi, Saif al-Islam, a été récupérée à Londres en 2012. L’année dernière, un tribunal a également ordonné à la Banque centrale de Malte  à La Valette de restituer à la Libye environ 95 millions d’euros, soit environ 100 millions de dollars, déposés par un autre des fils du dictateur, Mutassim-Billah. Pour encourager la coopération occidentale, M. Mensli du LARMO affirme que les actifs récupérés pourraient être investis dans le pays hôte des capitaux disparus.

Le khadafiste qui règna entre Paris et Tripoli

Cet article La chasse aux 120 milliards de dollars de Kadhafi est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/a-la-une/la-chasse-aux-120-milliards-de-dollars-de-kadhafi/feed/ 1
Le premier flic libyen interpellé à Paris avec 500000 euros https://mondafrique.com/limage-du-jour/le-premier-flic-de-libye-interpelle-a-paris-avec-500000-euros/ https://mondafrique.com/limage-du-jour/le-premier-flic-de-libye-interpelle-a-paris-avec-500000-euros/#comments Sat, 11 Mar 2023 09:59:55 +0000 https://mondafrique.com/?p=86922 Le ministre libyen de l’Intérieur, Imad al Trabelsi, a été arrêté à l’aéroport Charles De Gaulle à Paris et selon certaines sources, il transportait 500 000 euros en liquide. De l’argent pour les vacances, a expliqué son entourage. La nouvelle a immédiatement rebondi sur les réseaux sociaux libyens. Des sources à Tripoli nient qu’il disposait […]

Cet article Le premier flic libyen interpellé à Paris avec 500000 euros est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le ministre libyen de l’Intérieur, Imad al Trabelsi, a été arrêté à l’aéroport Charles De Gaulle à Paris et selon certaines sources, il transportait 500 000 euros en liquide. De l’argent pour les vacances, a expliqué son entourage.

Dbeibah nomme Imad Trabelsi, chef d’une milice armée, ministre de l’Intérieur

La nouvelle a immédiatement rebondi sur les réseaux sociaux libyens. Des sources à Tripoli nient qu’il disposait d’un demi-million d’euros, mais confirment la détention momentanée, expliquant que le nom a été enregistré dans les systèmes d’alerte informatisés pour les liens avec le trafic illicite et la contrebande.La sécurité française, après l’avoir interrogé, a laissé partir Trabelsi, mais il semble que le ministre devra justifier la possession et l’origine de l’argent devant un juge. Le chiffre d’un demi-million a été divulgué sur la télévision par satellite d’Al Arabya. Le ministre s’était envolé pour Paris après la réunion des dirigeants du Conseil arabe de l’intérieur à Tunis

À la tète d’un groupe armé

Trabelsi était un chef de la milice de Zintan, à l’ouest de Tripoli. Le chef du gouvernement d’union nationale, Abdel Hamid al-Dbeibah, l’a nommé le 6 novembre 2022 ministre de l’Intérieur. Une “récompense” pour l’avoir sauvé des milices hostiles lors des affrontements à Tripoli un an auparavant. «Avant la révolte contre Kadhafi, il était chauffeur routier, en fait avec une petite camionnette. Il n’avait pas d’argent. Puis il est devenu chef des miliciens de Zintan et s’est enrichi », explique un  site italien.

La nouvelle causera un certain embarras en Italie. Le 21 février, Trabelsi était l’invité du Viminale pour la première réunion opérationnelle après la relance de la collaboration avec la Libye, après la visite du Premier ministre Giorgia Meloni à Tripoli. A Rome, avec le ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, “la question de la lutte contre le trafic de migrants a été abordée et un focus a été consacré à la coopération entre les polices italiennes et libyennes dans la lutte contre le crime organisé”.

 

La.

Cet article Le premier flic libyen interpellé à Paris avec 500000 euros est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/limage-du-jour/le-premier-flic-de-libye-interpelle-a-paris-avec-500000-euros/feed/ 1